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Ramesh Caussy sur le développement durable: «Stop à l’éco-blanchiment… Imposez le ‘net zero greenwashing’»
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Ramesh Caussy sur le développement durable: «Stop à l’éco-blanchiment… Imposez le ‘net zero greenwashing’»
Ce Français d’origine mauricienne fait penser à l’expression «loin des yeux près du cœur». Le succès remporté en France avec le premier robot écologique de la planète doté d’une IA neuroinspirée, présenté à la COP21 lors de la signature de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique, n’a nullement éloigné Ramesh Caussy de son pays natal. Il ne rate pas une occasion de donner son avis pour enrichir le débat sur des sujets qui touchent l’humanité. Ses deux dernières initiatives en sont la prevue.
Yuga, les derniers pas de l’Homme moderne, le dernier livre publié de Ramesh Caussy, traite de l’évolution technologique et de l’avenir de l’humanité. Stratégie du climat, accélération de la décarbonation des produits et services, ainsi qu’innovation durable n’ont pas de secrets pour lui. Pour aider les entreprises à devenir de vrais agents de développement durable, il vient aussi de fonder Yuga Green (www.yugagreen.com), une société de consulting accréditée dans la mesure carbone et les investissements durables. Un des ses principaux objectifs consiste à accompagner de bout en bout les entreprises à se conformer aux obligations du développement durable. Dans sa réflexion, il dénonce en termes sévères une stratégie frauduleuse de marketing et communication pour promouvoir l’image d’une entreprise totalement engagée dans le développement durable alors qu’en réalité, c’est exactement le contraire. «Du mensonge écologique, quoi.» C’est ainsi que Ramesh Caussy définit l’écoblanchiment ou blanchiment écologique (greenwashing) et explique pourquoi celui-ci doit être combattu et pourquoi l’adoption d’une stratégie visant son élimination est plus que souhaitable.
«Lorsque des scientifiques du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIECIPCC) ou des experts et technologistes indépendants s’expriment – comme j’ai pu le faire dans différents papiers – sur la situation désastreuse à laquelle la planète, l’environnement, les écosystèmes, les pays, les économies et les gens sont exposés si rien n’est fait, l’écoute est faible. Dans les faits, ces messages non considérés confortent les acteurs économiques dans leur position de greenwashing scénarisées. Espérons que les recommandations du rapport publié le 13 février, Climate Corporate Responsibility Monitor 2023, sous l’égide du NewClimate Institute (NCI) et de Carbon Market Watch (CMW), ainsi que les réglementations que préparent les gouvernements sensibilisés, contraindront les parties prenantes à s’activer.»
En effet, ce rapport sans ambiguïté révèle de l’écoblanchiment dans les plans climatiques des grandes entreprises internationales. La contrainte, légale ou financière, semble la seule solution pour ces acteurs de la pensée capitaliste pure, d’autant plus que d’autres menaces carbones se précisent. Les acteurs et leaders de ces organisations doivent se faire aider pour rapidement intégrer les comportements adaptés, faire pivoter leurs équipes pour changer ou payer le prix fort de leurs tromperies bien intentionnées.
Chasse à l’inaction dans le développement durable
«Au-delà des alertes exprimées dans Yuga, les derniers pas de l’Homme moderne sur les complexités de notre époque de transition, ma position sur le comportement de la majorité des entreprises et organisations dans différents journaux a toujours été claire : nous en avons assez du greenwashing ; nous voulons du concret.» Ce message vient d’être récemment appuyé par le rapport du NCI/CMW qui montre que de grandes entreprises «prétendument actives en matière d’action climatique» cachent en réalité leur inaction sous la couverture de «plans verts» ou de slogans «net zéro», grâce à leur participation «sélective» aux objectifs de développement durable des Nations unies.
Cependant, dans les faits, ces organisations ne réalisent pas les promesses et engagements pris. La réalité est que les entreprises continuent à verdir leurs marques, tout en préservant un immobilisme pour ne pas aborder les transformations de fond, à vendre le futur pour ne pas approcher les sujets de transformation immédiate à réaliser. Un signal inquiétant est qu’aucune des entreprises étudiées n’a reçu une note «d’intégrité élevée», ce qui en dit long sur la prise en compte sincère des décideurs. Par ailleurs, les déclarations de mesure carbone, lorsqu’elles sont opérées, ne couvrent pas un champ de mesure pertinent et les stratégies utilisées pour montrer des chiffres de «premier de la classe» sont en réalité des actes de contournement des mesures d’impacts significatifs qui seraient utiles. Il est donc urgent que l’écoblanchiment soit contré et sanctionné.
La gestion de la transition énergétique
Le constat de la dégradation d’une vraie implication de la diminution des gaz à effet de serre est d’autant plus alarmant que nous sommes, par ailleurs, dans un contexte de précipitation sur la gestion de la transition énergétique. Le manque d’une réflexion globale face aux problématiques de sobriété numérique, de systèmes numériques durables, d’intégration de nouvelles infrastructures technologiques et énergétiques, de mixte énergétique flexible, de conception d’innovation durable avec des analyses de cycle de vie complets, de mobilité durable, de bâtiments à énergie positive, de villes durables, entre autres, est alors très préoccupant. «Tous ces sujets sont critiques. Ils ont un impact carbone lourd à considérer de façon dynamique. Imaginez que je ne veuille pas être alarmiste et que nous n’examinions que le sujet du numérique et des nouvelles technologies (par exemple, montée de l’utilisation de l’IA, des blockchains, de la virtualisation, etc.), que pourrions-nous dire alors ?».
Chacun de nous, en 2023, a plus ou moins conscience que ces domaines se développent et font partie de l’avenir. Plus que des métaphores, les chiffres permettent de comprendre pourquoi les mobilisations dans les pays modernes sont si virulentes : les systèmes numériques, responsables de 4 % des émissions globales des gaz à effet de serre en 2018, devraient doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 %, et sont projetés à plus de 35 % d’ici 2050 ! Ces seuls chiffres présentent une progression «virale».
Cela vous rappellera peut-être le type de courbe anxiogène montrée lors de la pandémie de Covid-19. Comment ne pas trouver cela très alarmant ? Cela ne nécessite-t-il pas des réactions immédiates des entreprises et des organisations, notamment lorsqu’on connaît les rythmes de sénateur de certains comités de direction ou de décision ? Si les entreprises ne le font pas pour l’intérêt de la planète et des gens, il est urgent que les conseils de surveillance et comités de direction les poussent à le faire pour protéger leur business model, leur position financière et leur position concurrentielle.
Non au marketing du «net zéro»
Dès lors vient la question de la mise en œuvre. Pourquoi les acteurs bougeraient-ils, si comme le dit le rapport NCI/CMW, leur rapport à l’intégrité sur de tels sujets n’est pas fort ? Si depuis des années elles ont développé ou se sont entourées d’expertises en greenwashing ? La pression sur les organisations s’amplifie. Des demandes officielles ont été formulées pour interdire le marketing du net zéro, imposer des modes de calculs plus complets et fins, fournir des rapports financiers transparents en calculs carbone et impact global, extraire les modalités de compensation carbone, condamner les distorsions de la réalité en matière de communication, durcir les sanctions et la responsabilité des acteurs, entre autres. La pression de la législation, des institutions, de la société, des citoyens se polarise. Les organisations ne pourront pas les ignorer plus longtemps.
L’envie de verdir sa marque
Il serait inapproprié de penser que toutes les organisations se sont volontairement entourées de profils inadéquats sur ces enjeux de taille. L’estimation de l’aspect stratégique du sujet et de sa technicité a probablement été sous-estimée devant l’opportunité de communication lapidaire non validée par des données scientifiques et l’envie de verdir sa marque. Le niveau d’expertise requis, le poids de la responsabilité engagée, la rareté des profils compétents ont aussi été sous évalués. La société, comme l’entreprise, évolue à mesure que sa culture se transforme et que le degré d’urgence s’impose. Cela passe par la prise de conscience, à différents niveaux, des leaders, des équipes et des citoyens. Il y a alors besoin de sensibiliser, de former, de définir un nouveau business model décarboné, de tracer un cap, de définir des objectifs, bref de construire la dynamique. Il appartient à chacun de se mettre en action et de proposer des initiatives mesurables.
Accélération en décarbonisation
Aucun pays, aucune entreprise ne pourra durablement échapper à ce phénomène si la volonté est de rester compétitif, de bénéficier des opportunités des marchés «verts», de rester attractif, pas seulement pour les touristes, mais aussi pour les jeunes talents qui sont l’avenir et qui sont très sensibles au sujet de la planète. Les arbres ne suffiront plus pour être «vert», les stratégies de décarbonation et d’innovation durable doivent être assimilées par tous. Oui, ce monde en transition carbone nous impose une nouvelle actua lisation de nos modes de vie, de notre modèle de développement, mais les possibilités de croissance maîtrisée sont bien réelles.
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