Le marché de la seconde main est une économie en plein boom. Rencontre avec Double Life Ltd, une entreprise familiale située à St-Pierre et aussi en ligne, fondée en avril 2021 par les jumelles Diane et Lena Lautenberg, et leur amie d’enfance Julie Philogène.

Acquérir des articles neufs serait-il en voie de passer de mode ? Pendant de longues années, le marché de l’occasion est resté très timide. Faute d’une image glamour, on privilégiait l’achat d’un objet neuf à celui d’un article déjà utilisé. Depuis quelque temps, la tendance semble s’inverser. Le marché de la seconde main semble gagner des parts de marché. Qui le déplore, alors que la production de nouveaux objets nécessite de nouvelles matières premières qui auront un impact négatif sur l’empreinte carbone ? Aujourd’hui, les mentalités évoluent. Si les jeunes ont souvent tendance à être les précurseurs des changements dans notre société, toutes les tranches d’âge sont concernées. Avec l’utilisation des technologies et un budget réduit, les jeunes générations sont plus enclines à avoir recours aux plateformes pour trouver des articles de luxe ou du quotidien à bas prix. Les seniors apprécient également d’acheter d’occasion pour des raisons environnementales ou financières.

Double Life Ltd a été créée il y a deux ans par une volonté de proposer une solution d’achat écoresponsable et abordable aux mauriciens tout en contribuant à la réduction des déchets textiles. En effet, à chaque seconde dans le monde, l’équivalent d’un camion de déchets textiles est jeté ou brûlé. «compte tenu de l’impact environnemental sans précédent de l’industrie de la mode, créer une entreprise qui fait partie de la solution, et non du problème, était une évidence. En nous positionnant dans la seconde main et dans le secteur social, nous avons voulu que notre business nous permette d’être indépendantes tant financièrement que dans l’approvisionnement de notre stock», précise Diane Lautenberg.

De plus, la jeune femme dit vouloir briser les croyances liées au fait que le social équivaut forcément aux ONG. «Nous voulons montrer que servir la société tout en respectant l’environnement est rentable. C’est pourquoi nous nous sommes dirigées au dépôt de vente en constituant notre stock à partir de vêtements consignés déjà existants et en parfait état.» Double Life Ltd est donc un magasin de consignation, vendant des articles de mode et de qualité pour les femmes. L’objectif est de remettre en circulation leurs vêtements et leur offrir une seconde vie grâce à la vente en consignation.

Le principe est simple. Une personne souhaitant revendre ses vêtements d’occasion en parfait état dépose ses vêtements en magasin. Double Life Ltd est responsable de la sélection et du prix de chaque article. Un accord est ainsi conclu entre Double Life Ltd et le client-vendeur. Si le vêtement est vendu, Double Life Ltd et le client-vendeur se partagent les bénéfices. «L’essence de Double Life Ltd est de démocratiser le mode de vie de la seconde main. En valorisant son image, nous voulons encourager et faciliter l’adoption de la seconde main, que ce soit pour notre garde-robe, nos décorations intérieures ou encore les jouets de nos enfants. Nous voulons que le pourcentage d’articles usagés dans nos maisons rivalise avec les nouveaux articles et, pourquoi pas, prendre le dessus», explique Diane Lautenberg.

Le magasin, qui donne une seconde vie aux vêtements et autres, a connu un énorme succès en seulement deux ans d’ouverture. Double Life Ltd est une entreprise familiale, fondée par les jumelles Diane et Lena Lautenberg, et leur amie d’enfance Julie Philogène. «Nous nous connaissons depuis toujours, nous avons grandi et étudié ensemble et nous sommes aujourd’hui associées en affaires.» Pour y parvenir, Diane et sa jumelle Lena ont d’abord commencé par lancer un mouvement, appelé D&L, pour éduquer et sensibiliser les Mauriciens à l’impact écologique de l’industrie de la mode. En organisant des confé- rences et ateliers à travers l’île, et en publiant leurs recherches sur les réseaux sociaux, elles ont mené sans le savoir des études de marché approfondies. De son côté, Julie terminait son mastère en Australie. Pays où la mode durable et la seconde main sont monnaie courante. Fortes de leur expérience respective, au retour de Julie, les trois amies d’enfance s’associent pour lancer Double Life Ltd. Quid des finances ? «Notre entreprise s’autofinance. Dès le départ, nous voulions être indépendantes financièrement pour nous lancer. Cependant, compte tenu de notre croissance rapide et de nos plans d’avenir ambitieux, nous envisageons de faire appel à des investisseurs.».

«Il y a un boom à l’étranger alors qu’à Maurice, le marché ne fait que démarrer mais il est en forte croissance. Nous avons des atouts en tant que pionnières de la seconde main», confie Diane. «L’objectif est de réduire au maximum les déchets textiles. Plus nous serons nombreux à nous unir autour de cette mission, plus le problème pourra être résolu. Il n’a jamais été question de survivre. Il s’agit de rester concentrées sur nos objectifs tout en s’entraidant.» Depuis la création de Double Life Ltd, les trois entrepreneures ont permis de remettre en circulation plus de 50 000 articles de mode, soit en les revendant, soit en faisant des dons à des associations. Leur communauté compte désormais plus de 20 000 personnes et plus de 1 000 revendeurs. Pour 2023, les jeunes femmes ont plein d’idées en tête. «Nous prévoyons de renforcer notre équipe, de digitaliser et d’optimiser au maximum nos opé- rations et de consolider notre position de référence de la seconde main à Maurice», conclut Diane.