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Interdit de se marier à Maurice: les tribulations d’un couple dont l’époux est un fils du sol

25 février 2023, 19:00

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Interdit de se marier à Maurice: les tribulations d’un couple dont l’époux est un fils du sol

Jogendra Kalicharan, un Mauricien établi en Angleterre depuis une trentaine d’années, et son épouse Daxsha, citoyenne britannique de parents d’origine indienne, ne sont pas prêts d’oublier des tracasseries que le bureau de l’état civil mauricien leur a fait subir. Les deux divorcés ont voulu refaire leur vie et décidé de convoler en justes noces à Maurice, qui pourtant accueille de nombreux mariages souvent étrangers dans des hôtels.

Jogendra et Daxsha se sont connus en Angleterre depuis 13 ans. Ils vivent ensemble depuis une dizaine d’années. Décidant de se marier, le couple choisit Maurice. En juillet dernier, en vacances à Maurice, ils se rendent au bureau de l’état-civil à Port-Louis pour se renseigner sur les procédures du mariage à Maurice. Jogendra a la double citoyenneté mauricienne et britannique. Il fait comprendre à l’officier d’étatcivil que, si besoin est, il choisira celle de Maurice pour éviter les tracasseries. «Aucun problème, vous pouvez vous marier sous la citoyenneté britannique car il faut afficher la date du mariage 30 jours avant si vous choisissez la citoyenneté mauricienne», répond la fonctionnaire. 

Évidemment, le couple reçoit une liste de documents à être vérifiés par l’état-civil. Une fois rentré en Angleterre, le couple, surtout Daxsha, fait le nécessaire. Comme c’est souvent le cas, il y a des demandes supplémentaires de documents. La dame répond toujours en expédiant au plus vite les documents manquants. Elle a encore toutes les copies envoyées à l’état-civil et des échanges de mèls jusqu’à novembre. Daxsha, pour être sûre qu’il ne manque rien, n’hésite pas à téléphoner à la fonctionnaire qui répond toujours par un «no worry». En décembre, tout est ok. 

Le mariage est fixé au 17 février et elle a une correspondance indiquant que le mariage sera célébré à au bureau de l’état-civil de Pamplemousses, puisque le couple sera à l’hôtel Le Méridien, à Pointe-aux-Piments. Une fois rassuré que le mariage aura lieu, le couple lance les invitations à des proches. Sur la quarantaine d’invités, plus de la moitié viendra de l’étranger, surtout les proches de la mariée. Des réservations sont faites à l’hôtel Le Méridien et le couple paie une somme avoisinant Rs 1,5 million pour le mariage religieux et une réception. 

Au début de janvier, Daxsha, toujours soucieuse, appelle l’officier avec lequel le couple est en contact. Malheureusement, comme on est en début d’année, la dame ne répond pas. Elle est en congé. D’autres appels suivent et souvent, le couple apprend que la dame n’est pas disponible. Le couple devait venir à Maurice au début de février. Or, avant leur arrivée, surprise ! Le couple est informé par mèl le 3 février que le mariage ne peut avoir lieu, car il y a eu des amendements à l’Immigration Act. Il faut qu’il soit affiché 30 jours avant. 

Ils reconnaissent tous deux, qu’il y a eu des amendements à l’Immigration Act. «Oui, cela est intervenu à la fin du mois de juillet. L’état-civil avait tout le temps de nous signaler cela, mais pas quelques jours avant notre mariage.» À un moment, le couple allait tout annuler demandant ainsi à leurs invités qui ont déjà fait des réservations d’avion et d’hébergement chez nous de ne pas venir à Maurice. Le couple n’a eu d’autre choix que de se tourner vers l’état-civil d’Aylesbury, où il habite pour expliquer leur situation. Heureusement qu’il y a une exception. «Normalement, ce n’est pas possible d’effectuer un mariage civil en si peu de temps, sauf dans des cas où une personne est sévèrement souffrante. Mais après avoir écouté, les Britanniques ont eu de la compassion pour nous. Car là-bas aussi il faut afficher la date du mariage 28 jours avant. Mais ils ont découvert que nous avions été leurrés par l’état-civil de Maurice.» 

Après leur mariage civil en Angleterre, le couple est arrivé à Maurice la semaine dernière et a pu célébrer leur union religieuse en la présence de leurs invités. Jogendra soutient que s’il a choisi de venir se marier sur le sol mauricien, c’est pour montrer à ses amis britanniques que Maurice est un pays d’accueil pour la célébration de mariages somptueux. «Mais maintenant qu’est-ce que je vais leur dire ?» Daxsha ajoute qu’elle est venue à Maurice plusieurs fois mais elle n’imaginait jamais ce mauvais tour que son mari et elle ont subi. «C’est une mauvaise publicité pour le pays et si nous avons décidé de raconter nos tribulations, c’est pour mettre en garde ceux qui pensent venir se marier ici.»
 

L’État civil refuse de communiquer 
Malgré nos multiples tentatives pour obtenir la version de l’État civil, personne n’a répondu à nos appels. S’il est vrai qu’une fonctionnaire nous a demandé l’identité du couple pour informer son chef hiérarchique et qu’elle nous a laissé entendre qu’elle reviendra vers nous, nous n’avons reçu hélas aucun appel et personne non plus a répondu sur le numéro que nous a donné la fonctionnaire hier matin.