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Constructions côtières: des actions maintenant ou jamais
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Constructions côtières: des actions maintenant ou jamais
L’activité humaine et les aléas climatiques changent les paysages. Ailleurs, tout comme à Maurice, les plages sont réduites, rongées par l’érosion, les récifs endommagés et touchés par la montée des eaux. Cette vulnérabilité de la zone côtière met en péril l’attrait touristique de l’île. Un secteur important pour le Produit intérieur brut (PIB).
Lors du passage du cyclone Freddy, les terrasses et paillotes des établissements hôteliers ont été touchées par une élévation temporaire du niveau de la mer sur le littoral nord et est. Avec le réchauffement climatique, les cyclones seront de plus en plus puissants. Au vu de cet avant-goût, des actions s’imposent pour la protection des plages, la sécurité et les constructions en bord de mer. L’inaction, malgré la sonnette d’alarme tirée et les mesures préconisées depuis des années, est déplorée par les environnementalistes.
À Maurice, l’élévation du niveau de la mer atteint presque deux fois la moyenne mondiale, soit 5,6mm par an, selon United Nations International Strategy for Disaster. Une révision de l’aménagement du territoire au niveau des côtes et un plan d’évacuation sont remis sur la table. D’ailleurs, une hausse de deux mètres du niveau de la mer n’est pas à exclure d’ici 2100, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Pour Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, il faut prendre des actions urgentes. «Maurice a perdu environ 15 km de plages. Avec les effets du changement climatique et la montée des eaux, il est encore plus urgent, aujourd’hui, de revoir le système de protection des plages. Le coastal management system doit être revu complètement. Il y a des technologies nouvelles, les experts et nous n’avons pas à réinventer la roue. Il faut voir ailleurs les mesures qui marchent et privilégier les solutions naturelles.»
Sunil Dowarkasing observe que beaucoup de constructions n’ont pas respecté la distance appropriée avec la plage, soit le high water mark qui est le lieu où l’eau s’arrête lorsque la marée est haute. «Une action hautement négligente et irresponsable qui est aux risques et périls de ces constructeurs. Elle est à 70% responsable de l’érosion causée par les vagues. Une vague arrivée sur la plage doit être inerte. Alors que les structures en dur aident les vagues à retenir leur force et reprendre du sable. Par ces actions irresponsables, aujourd’hui nous perdons nos plages et les constructeurs en subiront les pertes. Aussi en raison de l’inaction des gouvernements.»
Construction au détriment de l’environnement
Après cet avant-goût du pire signé Freddy, Sunil Dowarkasing propose que les constructeurs ainsi que les hôtels reculent leurs services de 50 m après le high water mark et aussi éliminent les constructions en dur qui provoquent l’érosion. Pour l’environnement, la sécurité et éviter des pertes aux opérateurs. Dans les régions qui observent une tendance d’érosion forte, l’installation des wave breakers pour réduire la force des vagues est estimée nécessaire. Il faudra aussi songer à mettre sur la plage des plantes endémiques car les filaos contribuent aussi à l’érosion des plages. Il ajoute qu’élargir la passe pour les pêcheurs cause aussi l’érosion car celle-ci laisse passer des vagues ayant une plus grande énergie. En outre, le consultant en environnement est d’avis que la Climate Change Act doit avoir un effet rétroactif.
Pour Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourist Operators, chaque hôtel passe par une phase de refurbishment dans le temps et le cyclone a donné une indication de leur statut par rapport aux dégâts subis. Afin qu’ils ne se répètent pas, pour l’environnement et la sécurité, il faut prendre toutes les mesures nécessaires. Notamment revoir les constructions. «Certains hôtels ont leurs restaurants carrément sur la plage. Même si au moment précis du cyclone les clients ne seront pas dans le restaurant, il faut prendre en considération ce qui s’est passé. Il y a eu quelques dégâts mais pas beaucoup. Prenons cela comme exemple. Si bizin kasé, bizin kasé. Car à l’avenir, les dégâts pourraient être pires. Faisons ce qu’il faut dès maintenant.»
Par rapport aux mesures à prendre, Bissoon Mungroo, le président de l’Association des hôtels de charme, est catégorique : «Les hôtels ne peuvent pas prendre des mesures séparément.Il faut un comité, au niveau du ministère de l’Environnement, réunissant toutes les parties prenantes. Organiser une table ronde. Les hôteliers seuls ne peuvent rien faire. Si c’est nécessaire de reculer, l’État doit subsidier. Le réchauffement climatique est aujourd’hui au-dessus des opérateurs. Reculer, comment et où ? Est-ce qu’il y a de la place ? Ce n’est pas une décision qu’on peut prendre à la hâte. C’est difficile car c’est coûteux. C’est à l’État de voir avec les consultants internationaux pour des propositions concrètes.»
Sollicité concernant cette situation, le ministère de l’Environnement indique qu’après le passage du cyclone Freddy, les hôtels effectueront un assessment de leur situation et pourront se diriger vers le ministère de l’Environnement pour faire une demande de permis sous l’intitulé urgent rehabilitation work. Le ministère prévoit de considérer les cas de façon distincte. Les cadres feront des site visits. Une décision sera prise en conséquence.
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