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Bruneau Laurette: «Y aurait-il eu du «planting» chez moi si les élections étaient dans deux ans ?»
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Bruneau Laurette: «Y aurait-il eu du «planting» chez moi si les élections étaient dans deux ans ?»
Quelques heures après sa libération, dans un entretien que nous a accordé Bruneau Laurette au domicile de sa compagne, Dominique Raya, à Calodyne, tard lundi soir tard et que nous n’avons pu publier dans notre édition d’hier en raison de nos délais d’impression, l’activiste se dit conscient qu’un gros travail l’attend. Outre le volet trafic de drogue, lien avec le pouvoir, l’activiste voudrait améliorer le milieu carcéral : problème d’accès à l’information, manque de personnel, santé mentale et physique des prisonniers à revoir…
Quelles sont vos impressions de la vie carcérale ?
J’étais dans la Segregated Penitentiary Unit et j’étais seul. J’ai promis aux détenus de faire quelque chose pour eux. Il y a un problème d’accès à l’information. C’est un droit mais les détenus ont juste la radio. À la prison, il n’y a pas de journaux. Il y a aussi un manque de staff. Quand j’étais à la prison, il y a eu une tentative de suicide car un prisonnier avait été transféré. Tout l’aspect de santé mentale des détenus est à revoir. Il y a des prisonniers qui ont plus de 65 ans et dont les conditions de santé sont précaires. La qualité de la nourriture doit aussi être revue en termes de variété et des heures auxquelles les repas sont servis. Le dîner est servi à 15 heures.
Quelques heures après votre libération, vous avez échappé de justesse à une violation des conditions de votre libération. Avez-vous déjà des appréhensions quant à votre liberté ?
C’est à partir du 29 août que tout a commencé. Si je n’avais pas parlé des 40 kg de drogue sur le Wakashio, de la Special Striking Team (SST) qui récupère de l’argent, tout cela ne me serait pas arrivé. Je m’attendais à tout. J’ai choisi de mener ce combat et j’en étais conscient. Si on ne m’avait pas arrêté, personne n’aurait rien su pour Franklin. Mon arrestation a mené à beaucoup de révélations.
Avez vous peur d’être piégé de nouveau ?
Là où j’en suis, je n’ai pas peur de parler. Je fais tout avec conviction et je vais faire ce qu’il faut.
«Je vais aller chercher tout ce que la police n’a pu trouver jusqu’à présent et il y aura encore d’autres révélations. Je vais creuser encore et révéler d’autres vérités au grand jour…»
Durant votre séjour à la prison, avezvous eu d’autres éléments qui pourraient vous aider dans votre procès ?
La population ne connaissait pas Franklin avant mais beaucoup de détenus le connaissent. J’ai eu beaucoup d’informations qui seront d’une grande aide. En temps et lieu, on verra.
Aujourd’hui, nous savons de qui vous parlez quand vous évoquez un certain «M. G. P.» dans votre affidavit. Qu’avezvous à dire sur lui ?
Il faut que la police aille enquêter sur le bateau qui avait pris feu à Sainte-Rose, à La Réunion, et quelle est l’implication de M. G.* dans cette affaire. Quel est son rôle à Rivière-Noire ? Le dénominateur commun est M. G. Pourquoi la police ne l’a toujours pas arrêté ? D’après mes renseignements, il y a toujours un bateau dans sa cour. La police de Camp-de-Masque a aussi un grand rôle à jouer dans ses agissements.
Pourquoi est-il aussi important ?
Il est la main droite de plusieurs personnes importantes. L’ICAC sait bien où il se trouve. Il y a eu un travail de Field Intelligence dans la police et là non plus il n’a toujours pas été arrêté. Il faut se poser la question. Est-ce que la police doit protéger Franklin et M. G. à cause de Bruneau Laurette ?
Je vais aller chercher tout ce que la police n’a pu trouver jusqu’à présent et il y aura encore d’autres révélations. Je vais creuser encore et révéler d’autres vérités au grand jour. La population le saura en premier. Je sais qu’il y a un lien entre Franklin, M. G., la Special Striking Team et la drogue découverte dans le coffre de ma voiture.
«La police a les équipements pour tracer les mouvements à travers le GPS.…»
Outre «M. G. P.», vous évoquez deux autres initiales dans votre affidavit…
J’ai enquêté sur certains jeunes qui se réunissaient à Rivière-Noire dans certaines fêtes sous l’influence de la drogue. Je parle de deux personnes. T. G et S. J. Il y a un réseau de jeunes consommateurs de drogue dans l’Ouest dans des fêtes privées et un jeu qui s’appelle «ligne blanche». Ces deux jeunes parient jusqu’à Rs 100 000 sur ces jeux. L’entrée est à Rs 50 000 et la boisson et la drogue sont à gogo. Je cite ces deux jeunes car ce sont deux personnes très proches du pouvoir. La révélation de leur identité va choquer plus d’un et ils en sont conscients.
Vous saviez que quelque chose allait vous arriver. Vous en avez parlé plusieurs fois lors de vos rassemblements.
J’avais déjà préparé mes enfants. Ce jour-là, Ryan était malade et il est rentré à la maison plus tôt. Si je n’étais pas chez moi, il aurait porté le chapeau pour tout. Mo kontan mo ti la sa zour-la parski mo zanfan li inosan. Ils ont attaqué ma famille et mes enfants. Je ne vais pas rester tranquille.
N’étiez-vous pas plus en sécurité à l’intérieur de la prison ?
Il faut bien comprendre tout le schéma dans cette affaire. Si la police ne m’avait pas arrêté, Franklin aurait toujours été un inconnu. Le Bon Dieu sait ce qu’il fait. Il a une mission pour chaque personne et moi je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur d’affronter ce qui m’attend car j’ai été choisi pour une mission.
Quels sont vos projets immédiats ?
Quand j’étais en prison, j’ai eu l’idée de faire un récit de mon parcours à partir des squatters jusqu’à Melrose. The untold story. Je vais essayer de me consacrer à cela et ce sera peut-être pour le 29 août. Comme je l’ai dit, je suis un employé du peuple. Donc, j’ai encore beaucoup de travail à faire afin que le peuple puisse comprendre ce qui se passe dans le pays, dans les institutions. Je vais continuer mon combat contre la pourriture dans les institutions. Mon combat contre la drogue, c’est depuis le Wakashio.
Avez-vous l’intention de vous joindre à Sherry Singh ?
En détention, je ne savais pas ce qui se passait en dehors. À partir de demain (NdlR, hier), je vais en prendre connaissance. J’ai beaucoup d’estime pour Sherry Singh. Mais un gros travail m’attend ; c’est Franklin et M. G. Et je vais me concentrer sur les deux pour l’instant. Est-ce qu’il y aurait eu du planting chez moi si les élections étaient dans deux ans ? Réfléchissez. Le gouvernement se demande si Bruneau Laurette marche avec X Y Z, qu’est-ce qui va se passer ? Bruneau Laurette rassemble le quadricolore. Si li dimann dimounn désann, dimounn pou désann.
Et sur votre téléphone portable, le GPS est bien installé ?
La police a pris plus de deux heures pour le faire. Je pense que le téléphone appartient désormais à la police et elle trace mes moindres mouvements. Cependant, je n’ai aucune idée de ce que les policiers ont fait avec le téléphone car ils l’ont pris et ont fait la programmation. Quand deux policiers prennent le téléphone et vont dans un coin pour parler, ça en dit long. Ce qui est sûr, c’est que la police a les équipements pour tracer les mouvements à travers le GPS. Mais je n’ai aucune crainte car je n’ai rien à cacher.
*Nous taisons volontairement le nom donné en attendant d’avoir sa version.
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