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Nouvelle carte d’identité: plus de Rs 600 M pour une puce en plus

5 mars 2023, 19:00

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Nouvelle carte d’identité: plus de Rs 600 M pour une puce en plus

Il se passe rarement un jour ces derniers temps sans qu’un scandale ne soit révélé au grand jour. Parmi les derniers en date : celui de la carte d’identité, dont le coût a gonflé tel un ballon de baudruche. Sans compter l’affaire de pot-de-vin allégué mise au jour par Roshi Bhadain.

Le peuple se serre la ceinture au point d’étouffer. Le gouvernement lui s’apprête à dépenser plus de Rs 600 millions pour la nouvelle carte d’identité. La carte biométrique introduite en 2013 – il y a à peine dix ans donc – avait coûté au trésor public la bagatelle de Rs 1,1 milliard et devait avoir les mêmes caractéristiques que promet sa «descendante». Qui comprendra une… puce en plus, pour davantage de sécurité, dit-on. N’est-ce pas là un véritable gaspillage des fonds publics ? 

En comparaison, citons le cas de l’Angleterre, qui est le troisième pays le plus surveillé au monde après la Chine et l’Inde, en termes de caméras. Pourtant, les Anglais ne possèdent pas de carte d’identité. Pour attester de leur citoyenneté et pour leurs démarches administratives, ils présentent leur passeport ou leur permis de conduire. La raison : le prix d’une telle carte, un rapport datant de 2005 de la London School Of Economics ayant estimé son coût entre 12 et 18 milliards de livres sterling. L’autre raison expliquant l’absence d’une carte d’identité britannique concerne le fichier national, the national register. La quantité d’informations qui doivent être collectées est importante et le droit d’accès à celles-ci devrait être contrôlé ; se pose alors la question de la protection de la vie privée. 

Sans puce 
Retour chez nous. En 2013, le gouvernement annonce l’introduction d’une nouvelle carte biométrique «révolutionnaire», offrant aux chanceux citoyens que nous sommes un système d’identification et d’authentification plus efficace et sécurisé ; ce qui empêcherait la modification ou l’utilisation de la carte par d’autres personnes en cas de vol. 

La carte «dernier-cri» devait permettre en outre d’avoir accès aux services gouvernementaux en ligne en se connectant de chez soi ou à travers des lecteurs de carte d’identité, sans avoir à se rendre en personne dans les bureaux ou avoir affaire à des fonctionnaires sans doute débordés... 

Au final, la carte de 2013 n’aura été que celle que l’on connaît, fabriquée en en polycarbonate, un matériau durable, avec les empreintes digitales, mais sans puce. Il est bon de souligner à ce stade que le Premier ministre, en réponse à une question parlementaire, a lui-même indiqué qu’entre mai 2017 et juillet 2022, six cas d’usurpation d’identité ou de présentation de fausse carte ont été rapportés à la police. 

Rien de neuf 
Dix ans après, qu’est-ce qui va changer avec la nouvelle carte biométrique dont le coût est passé de Rs 230 millions à Rs 600 millions ? (voir plus loin) Le Premier ministre, dans une réponse au Parlement, est revenu avec les mêmes arguments pour vendre son produit. «La nouvelle carte contiendra une puce et un code- barres qui permettra sa validation avec un lecteur ou une application mobile et elle sera plus sécurisée.» Les caractéristiques de la nouvelle carte, notamment l’accès à des services en ligne avec un code personnel, la sécurité ou encore une base de données n’ont rien de nouveau, comparativement à ce qu’on nous avait promis il y a une décennie. 

«Gaspiyaz» 
Pourquoi ces caractéristiques déjà annoncées en 2013 n’ontelles pas été introduites il y a dix ans ? D’autant plus que les autorités ont dépensé des milliards pour leurs services d’e-government, qui n’arrivent toujours pas à faire leurs preuves, des platesformes de connexion étant toujours hors-service ou inaccessibles, provoquant la colère des utilisateurs. À quoi bon dans ce cas introduire une carte à puce ? 

Des spécialistes en technologie expliquent que ce sont les hardwares et le système informatique du gouvernement qui doivent changer. «Enn gaspiyaz sa. Nul besoin de changer toute la carte. Il faut juste ajouter de nouveaux features et cela peut se faire sans avoir à introduire une nouvelle carte. On devrait réorganiser le serveur du gouvernement qui veut tout contrôler mais qui n’y n’arrive pas au bout du compte. Le système informatique du gouvernement est saturé», disent-ils. Sollicité à ce propos, le ministre de la Technologie, de la communication et de l’innovation, Deepak Balgobin, qui avait présidé la première réunion du steering committee responsable de gérer et de revoir le projet de carte d’identité nationale, est resté injoignable. 

Révélations explosives 
Roshi Badhain a fait des révélations explosives durant la semaine écoulée. Selon lui, un courtier, deux cadres d’une compagnie privée ainsi qu’un ministre s’apprêtaient à toucher un pot-de-vin de Rs 27 millions, dans ce projet de la nouvelle carte d’identité. Rappelons une nouvelle fois que le coût, qui était de Rs 230 M initialement, est passé à Rs 600 M – ce qui représente une augmentation de 160 % en 19 mois – et l’accord aurait été signé en catimini le 15 février dans le dos des Mauriciens. 

Le leader du Reform Party allègue, qui plus est, que le montant du bribe devait être reversé sur un compte singapourien. S’il n’a pas divulgué le nom du ministre, c’est parce que, dit-il, «laptop, tablet, portab tou pou éklaté si mo al dir sa»… (https://lexpress.mu/article/419661/nouvelle-carte-didentite-pmo-et-tic-impliques-dans-projet)