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MTC : tristesse et indignation
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MTC : tristesse et indignation
Un vendredi noir pour les courses hippiques mauriciennes après l’annonce de la MTCSL, subsidiaire du MTC, qu’elle ne sera pas de la course cette année au Champ de Mars car ses pertes de l’an passé sont insoutenables. Cette cessation d’activités est un véritable drame pour les employés aussi qui ne savent pas s’ils retrouveront facilement du travail.
The writings are on the wall, disait un membre du Mauritius Turf Club (MTC), la semaine dernière. Sa filiale, la MTC Sports & Leisure Ltd (MTCSL), «asphyxiée», avec des pertes de presque Rs 200 millions depuis son entrée en opération et prévoyant d’autres pertes colossales cette saison encore avec la possibilité de n’organiser qu’une quinzaine de réunions, a jeté l’éponge pour la saison 2023 vendredi suite à une assemblée générale extraordinaire.
Elle n’organisera pas de courses, dans la mesure où cela ne relèverait pas «du bon sens» et pour respecter la Companies Act explique-t-on. L’article 162 de ce texte de loi stipule que lorsqu’un directeur est d’avis que la compagnie ne pourra s’acquitter de ses dettes, il lui incombe de solliciter une rencontre pour considérer l’option de passer sous administration ou envisager la liquidation. Vendredi, la majorité des membres du MTC a voté pour la cessation des activités pour la saison 2023.
Une décision difficile mais nécessaire laisse-t-on entendre parmi les membres avec lesquels nous nous sommes entretenus. Gavin Glover a lui été catégorique : il ne voulait pas être le président qui arrêterait l’organisation des courses. Très ému, il a expliqué que le club n’avait d’autre choix, en attendant des jours meilleurs «Ce matin quand je me suis levé, j’ai pris conscience de la détresse qui animera aujourd’hui (NdlR, vendredi) tous les turfistes mauriciens… c’est un drame d’avoir à prendre une décision comme celle qu’on a dû prendre aujourd’hui… Les conséquences vont être évidemment importantes pour tout le monde. J’ai terminé mon allocution en disant que 2023 est un cauchemar et que nous espérons que quand nous nous réveillerons en 2024, l’année sera meilleure. Nos employés vont malheureusement subir des conséquences de ce qui va se passer. Je ne voudrais pas m’étendre dessus. Il y a des dispositions légales qui existent. Celles-ci seront appliquées. Je veux juste soutenir avec force qu’il y en a beaucoup qui ont été avec nous pendant des années et des années. Nous n’allons pas les laisser tomber», a-t-il tenu à préciser.
Tension et détresse
Edouard Nairac, qui était président du MTC en 1984, dit avoir assisté à la «misère qu’a subie le club ces dernières années». Pour celui qui a participé à la transition d’une petite juridiction hippique à un fullfledged racing center, ce qui arrive à la MTCSL actuellement, il l’avait vu venir. «Les choses ont commencé à se détériorer lorsque le MTC a commencé à perdre ses prérogatives. Les choses sont allées de mal en pis. Et aujourd’hui, sa filiale a été contrainte de ne pas s’aligner au départ de la saison. C’est incroyable. Ce que je ressens ? C’est comme si on a perdu une grande guerre. Nous ne serons pas là en 2023 mais cela ne veut pas dire qu’on a tout perdu. Je vis ce qui arrive à la MTCSL très mal car je ne pense pas qu’elle mérite un tel sort. On a fait tomber une institution qui a assuré la pérennité des courses pendant 200 ans !» se désole-t-il. Je pense à ces quelque 200 employés et à leurs familles qui ont tant donné. C’est tout simplement dramatique.
Avec la décision de la MTCSL de ne pas organiser les courses cette saison, il va sans dire qu’une bonne partie des employés devront être remerciés. Si certains ont pris l’option de la retraite alors que d’autres pourraient trouver de l’emploi chez le concurrent, People’s Turf PLC, nombre d’entre eux pourraient tout bonnement se retrouver sans travail. «Mo pa koné ki pou arivé démin apré sa nouvel yer-la. Mo ena responsabilité familial. Mo ena loan pou péyé ek nimport kan kapav dir mwa ki mo pé perdi travay. Li enn sitiasyon bien difisil», confie cet employé ayant un peu moins de 30 ans de métier.
La tension et la détresse sont palpables chez d’autres collègues, qui eux aussi ne savent plus quoi faire ou vers qui se tourner. Sans compter la tristesse immense qui les anime. «Zamé ti krwar ki pou kapav enn zafer parey. Pandan plis ki 20 an tou ti pe al bien. Mé bann dernyé lanéla ti trouvé zafer pa bon…»
Tout espoir n’est pas perdu pour autant. Ce n’est pas la fin du MTC ou de la MTCSL. «Elle pourra toujours organiser les courses si les conditions sont fair et si elle n’est pas engagée dans une course d’obstacles», conclut Edouard Nairac
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