La vidéo fait toujours l’actualité. Postée il y a une semaine, on y voit plusieurs élèves du Collège Royal de Curepipe (RCC) interpréter une chanson avec des paroles jugées racistes. Bien que la direction du collège ait présenté ses excuses à travers une lettre, cela après la plainte de la députée Aurore Perraud hier, c’est au tour du mouvement catholique Zezi Vre Zom (ZVZ) de monter au créneau. C’était lors d’une conférence de presse tenue au centre social Marie Reine de la Paix à Port-Louis.

«C’est déplorable qu’au moment où nous célébrons la Journée de la femme de voir des jeunes dénigrer les femmes, les filles de cette manière. Ce n’est juste pas possible d’entendre de tels propos vulgaires qui rabaissent la dignité humaine surtout en présence du recteur du collège», s’indigne Patrick Kong. Il s’interroge sur ce qui est réellement enseigné dans cette institution, allant plus loin en se demandant si ce sont les élèves qui y font la loi.

Hormis la vidéo tournée au RCC, Patrick Kong a aussi dénoncé une autre vidéo, cette fois tournée au collège John Kennedy, dans laquelle les élèves du collège Lorette de Curepipe sont dénigrées. «Le 1^er février, pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le message du Cardinal était porté sur le Code Noir. Malheureusement, c’est triste à dire mais il y a un code noir non écrit qui perdure dans le pays et qui est imposé sur une certaine partie de la communauté. On n’a pas tous le même droit. Chacun doit prendre ses responsabilités. La police doit agir selon le cadre légal, la ministre de l’Education doit venir de l’avant. Maintenant si la ministre tarde, c’est au Premier ministre de se prononcer pour dénoncer ces actes qui peuvent avoir des conséquences irréversibles sur la société», déplore Patrick Kong qui regrette aussi qu’il y ait trop de clichés dans la société. «Kan dir mizilman zot dir teroris, kreol zot dir pares, sinwa zot dir ena laboutik pou kokin ti dimounn. 55 an lindepandans la. Mantalite denigre komans lao mem kan ou tann minis pe kritike ek denigre so adverser alor ki li ti dan lalians ar sa mem dimounn la. Nou bizin nou osi donn bon lekzanp», a-t-il ajouté.

Patrick Kong, qui animait la conférence de presse, s’attend à ce que les élèves fautifs soient soient sanctionnés pour que cette situation ne se reproduise plus. A une question de la presse, le père Gérard Mongelard a expliqué que, quotidiennement, il reçoit des doléances faisant état de racisme et s’inquiète de la dégradation de la situation. «Pli ale, pei la pe fini. Rasism pe pran enn mari proporsion dan pei», a-t-il declaré.

Réaction de l’Evêché : le Vicaire général décline l’invitation du Collège Royal de Curepipe pour la levée du drapeau

Le Diocèse de Port Louis s’est aussi exprimé sur cette situation à travers un communiqué paru sur sa page Facebook. Le Vicaire général Jean-Maurice Labour s’est dit indigné de la situation et s’attend à une prise de position ferme et des sanctions de la part des autorités.

Le communiqué :

<p>&laquo;J&rsquo;ai été approché pour être présent à la cérémonie du drapeau au Collège Royal de Curepipe ce vendredi 10 mars.</p>

<p>J&rsquo;ai décidé de ne pas y aller.</p>

<p>Mon absence traduit mon indignation devant 3 choses&nbsp;:</p>

<p>- Les propos racistes qui émanent de ceux qui prétendent être l&rsquo;élite de notre jeunesse, dans une des meilleures institutions de l&rsquo;Etat.</p>

<p>- L&rsquo;absence de réactions proportionnées des autorités de tutelle, à savoir le ministère de l&rsquo;Education, qui conviennent à la gravité de ce qui touche à la fragilité de notre tissu social. Des excuses ne suffisent pas, des sanctions sont attendues pour montrer la volonté ferme qu&rsquo;une institution ne saurait tolérer en son sein des racistes.</p>

<p>- Nous attendons un signal clair des autorités supérieures du pays pour montrer que ce genre de racisme n&rsquo;est pas cultivé dans les institutions d&rsquo;un pays multiculturel. D&rsquo;aucuns pensent que les propos de ces jeunes ne sont que le reflet de leur terreau familial.</p>

<p>Les Old Royals de notre génération, du temps de notre scolarité, nous avions cultivé d&rsquo;autres rêves pour notre pays&hellip;</p>

<p>Jean Maurice Labour</p>

<p>Vicaire général</p>