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Journée mondiale du rein: moi, Astrid, dialysée et enceinte

9 mars 2023, 12:00

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Journée mondiale du rein: moi, Astrid, dialysée et enceinte

Elle a vu sa vie complètement chamboulée. Pour cause, cette patiente dialysée est enceinte. Entre surprise et attente, elle se livre en cette Journée mondiale du rein.

On l’appellera Astrid. Cette trentenaire est une patiente dialysée de l’hôpital de Souillac. Mariée depuis quelques années déjà, elle n’envisageait pas de devenir mère. «On n’avait pas planifié d’avoir un enfant.» Pourtant, en début d’année, elle constate qu’elle est enceinte. «C’est la surprise ! Avec les sessions de dialyse, le corps est complètement débalancé. Donc, je n’avais pas mes règles chaque mois. Je ne me cassais pas la tête quand cela n’arrivait pas.» En fait, elle est aujourd’hui enceinte de cinq mois.

Une fois que la nouvelle est tombée, son quotidien s’est retrouvé tout bouleversé. «Mon mode de vie a de nouveau changé. Je suis passée à la dialyse six fois par semaine. Donc, tous les jours, sauf le dimanche. Avant, je ne faisais que trois sessions par semaine. Il me faut maintenir mon niveau de créatinine et mon urée afin que cela n’ait aucun impact sur le fœtus.»

Mais de façon générale, Astrid confie qu’elle vit sa grossesse comme n’importe quelle autre femme «normale». «Je me lève même en pleine nuit pour aller manger. J’ai des nuits blanches car le bébé bouge beaucoup.» Concernant son alimentation, elle confie qu’elle n’y apporte aucun changement.

«Cela fait environ dix ans que je suis sous dialyse, alors je suis déjà habituée à un rythme de vie et d’alimentation. Je ne consomme pas de sel, ni de produits avec de la sauce de soja. Les fruits, je n’en mange pas. Mais je prends des suppléments qui ont des vitamines pour que le bébé puisse en avoir.» Atteindre les neuf mois de grossesse, utopie ou quête réelle ? «Ce sont des questions que je me suis posées. Mais, fort heureusement, tout va bien, par la grâce de Dieu.»

Il faut dire que le personnel soignant de l’hôpital de Souillac est aussi aux petits soins avec elle. Les cas de femmes enceintes, souffrant d’insuffisance rénale, ne sont pas commodes. Toutefois, c’est la chaleur qui la fatigue le plus. «Dans la grande salle de l’unité, il n’y a que trois ventilateurs pour dix personnes. Ce n’est pas suffisant. Il faut compter avec la chaleur des machines, celle du corps et celle de l’extérieur. Alors, il est très inconfortable de faire une dialyse. Le personnel fait de son mieux pour m’aider, mais ce n’est guère facile…»

Notre future maman figure parmi celles qui ont vécu la tragédie du Covid-19 au sein de l’hôpital de Souillac. «Il faut savoir qu’il reste peu de personnes encore en vie après cet épisode.» Selon elle, il faudrait que le ministère de la Santé envoie des psychologues régulièrement au sein des hôpitaux pour s’entretenir avec les patients.

«On sent qu’il y a certaines personnes qui ont encore du mal avec ce qui s’est passé ici. Le fait de ne plus revoir leurs amis, c’est dur. Tourner la page n’est pas facile à faire. Et l’on voit que ces personnes recherchent une oreille qui saura les écouter.» Elle demande aussi s’il serait possible d’avoir la présence d’un diététicien. «On ne sait pas réellement ce qu’il faut manger…»

Autre requête adressée au ministère de tutelle, c’est l’installation d’un poste de télévision dans la salle de dialyse. «On avait une télévision, mais depuis le cyclone Batsirai, elle ne fonctionne plus. Aussi, ce serait bien si l’on pouvait avoir accès au wifi car plusieurs viennent avec leur téléphone, pour passer le temps. On a aussi le climatiseur, mais il ne s’allume plus depuis 2021.»

En cette journée, quel est le message que la jeune femme veut passer ? «Je veux dire à tous ceux qui doivent faire la dialyse que la vie ne s’arrête pas. On doit s’adapter à cette nouvelle vie. Il ne faut pas se morfondre car c’est une deuxième chance que l’on nous donne. L’on peut vivre assez longtemps, si l’on suit le régime imposé.» Elle prend les exemples qu’elle côtoie au quotidien. «Des patients font la dialyse depuis 13 ou même 17 ans et se portent bien. N’oublions pas que nous recevons ce service gratuitement à l’hôpital. Donc, positivons. Acceptons notre maladie et allons de l’avant.»