Ce sera la quatrième année consécutive que le Champ-de-Mars n’accueillera pas les traditionnelles célébrations du 12 mars. Ainsi, dans le cadre des 55 ans de l’Indépendance et du 31e anniversaire de la République, la cérémonie du lever de drapeau se tiendra à la State House, au Réduit, en ce dimanche. Pourquoi ?

Si en 2020, Pravind Jugnauth avait justifié cette décision en évoquant le mauvais temps (NdlR, il y avait des risques que la perturbation tropicale évoluant dans notre région s’intensifie en une dépression tropicale), en 2021 et 2022, il était question de crise sanitaire. Cette année, on n’a pas eu droit à une raison directe. Si certains évoquent le prétexte de «ser sintir», le gouvernement, notamment par le biais du ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a parlé néanmoins, en conférence de presse, d’activités qui se tiendront sur toute l’année dans diverses régions du pays. Ces activités ne coûteront-elles pas plus d’argent alors, se demandent des sceptiques, nostalgiques d’un Champ-de-Mars haut en couleurs…

Pour l’historien Jocelyn Chan Low, il est très triste de voir que l’historique Champ-de-Mars sera une nouvelle fois délaissé. «Surtout quand on sait par quelles circonstances difficiles nous sommes passés en 1968 pour arriver à changer les choses. C’est une fête très importante pour les Mauriciens.» Pour lui, même si le gouvernement parle de cut cost, on pouvait toujours faire quelque chose de symbolique et de sobre en ce lieu où tout a commencé. «Je ne dis pas qu’il y a une raison politique derrière mais c’est en tout cas la perception que l’on a. On a l’impression qu’ils veulent effacer cette personne emblématique qu’était sir Seewoosagur Ramgoolam de nos mémoires. Si c’est le cas; on ne peut pas faire cela. C’est extrêmement triste...»

D’aucuns évoquent en outre la «bataille» à distance entre le gouvernement Jugnauth et le Mauritius Turf Club (MTC). «Ils ont asphyxié le MTC qui n’organisera pas de courses cette année. Comment voulez-vous après cela qu’ils aillent occuper les tribunes du club pour les célébrations ? Pa ti pou kapav montré figir…» ironise-t-on