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22 ans après: l’affaire Vanessa Lagesse hante toujours les esprits
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22 ans après: l’affaire Vanessa Lagesse hante toujours les esprits
Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, faits divers ou crimes perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, années… Des drames qui ont marqué les esprits et qui ont bouleversé des vies à tout jamais…
Le corps sans vie de la styliste Vanessa Lagesse, 36 ans, est retrouvé le 10 mars 2001dans la baignoire de son bungalow à Grand-Baie. L’autopsie pratiquée par le Dr Satish Boolell, médecin légiste de la police, attribue alors son décès à une dislocation et une fracture de la colonne vertébrale. Ce qui indique que la victime a été sauvagement agressée. C’est d’ailleurs un des faits divers qui avaient le plus marqué les années 2000.
Les journaux, dont l’express, décrivaient la scène du crime dans leurs éditions de mars 2001 : «Sa dernière nuit sera celle de la violence. Aveugle. Incandescente. Meurtrière. Sur la petite table du salon, deux verres de vin vides, deux tasses de thé, un numéro d’Expresso. Sur le sofa, un exemplaire du Mauricien. Sur une autre table, un dossier est encore ouvert. Il parle de Warden, son cheval préféré, sa passion. Par terre, son téléphone. Une longue et large traînée de sang, comme un voile rouge délavé, serpente jusqu’à la salle de bains. La météo de ce 9 mars 2001 annonce vent modéré, mer agitée. Température normale pour la saison. Marée haute à 1 h 20 du matin. À quelques mètres du lagon tranquille, dans une maison au toit bleu, Vanessa est déjà, à cette heure précise où la mer s’enfle, rentrée dans son océan noir, tête baissée et bourdonnante de coups qui s’estompent graduellement jusqu’au grand silence. Son silence…»
Premier suspect...
La police s’intéresse après le drame à un premier suspect, Vikram Goodye. Un habitant de GrandGaube, Clifford Vivien, vient affirmer dans un affidavit qu’il n’était pas avec Vikram Goodye le soir du meurtre. Ce dernier est un ami d’Elisabeth Henesch, une Autrichienne proche de Vanessa Lagesse, avec qui elle a dîné le soir du meurtre. Le mystère plane autour du rôle de Vikram Goodye dans cette affaire. Ainsi dès le début de l’enquête, dans les milieux mauriciens d’origine française, c’est vers lui que se portent les soupçons. Il modifiera plusieurs fois d’ailleurs son alibi. D’abord, il dira que le jour du crime, il a rencontré Aubdool Latiff Amambee, plus connu sous le nom de Dool. Mais ce dernier dit ne le connaître que de vue. Ensuite, il affirmera s’être rendu chez sa mère Kreswantee et son frère Bisham, un policier, et n’avoir pu les rencontrer. Une troisième fois, ce skipper affirme qu’il était avec Clifford Vivien sur une plage publique à Grand-Gaube le soir du crime.
L’amant avoue, puis se rétracte
L’homme d’affaires Bernard Maigrot qui, disait-on, entretenait une relation avec la défunte, retient plus l’attention dans cette affaire. Il est même arrêté. L’enquête est menée par feu l’inspecteur Hurrydeo Radhooa, réputé pour ses méthodes musclées. Il avouera avec moults détails le soir du drame avant de revenir sur ses propos, invoquant au tribunal de Mapou, une confession forcée après des brutalités policières (voir plus loin). Maigrot sera quand même accusé de meurtre mais le procès est abandonné, en juin 2008, à la demande du Directeur des poursuites publiques (DPP), Gerard Angoh. L’accusé est défendu par Me Ivan Collendaveloo. Il est une nouvelle fois arrêté, en mai 2011, et déféré aux assises un an plus tard. En 2018, les débats continuaient devant le juge Fekna sur l’admissibilité de nouvelles preuves scientifiques relatives au décès de la victime.
«Ayo ! Ayo !»
«Vanessa m’a ouvert et on est allés dans le salon, et là, tout de suite, je lui ai demandé d’arrêter cette histoire, ça veut dire notre relation. Là, elle a commencé à être agressive. Je dois dire que je l’ai attrapée et je l’ai poussée et que Vanessa est tombée par terre en arrière. Elle s’est relevée et est venue vers moi et elle a essayé de lutter avec moi. Je l’ai poussée dans la chambre et je l’ai rouée de coups à la figure, dans les côtes avec mes chaussures de chasse de couleur marron que je peux produire à la police. (...) Pendant que je la frappais, elle criait Ayo ! Ayo ! (...) Pour traîner Vanessa, je l’ai mise sur une couverture de lit. Arrivant près de la baignoire, j’ai utilisé une couverture pour la soulever et la mettre dans la baignoire et elle était recroquevillée. Là, j’ai ouvert le robinet de la baignoire et j’ai mis un châle sur elle et le châle était toujours sur elle. J’ai essuyé un peu partout avec le couvre-lit pour essuyer les empreintes. (...) Vanessa était en tenue légère. Elle portait un top, un soutien-gorge de couleur noire et une culotte string de couleur dont je ne me souviens pas. Tout de suite en rentrant chez moi, j’ai mis mes vêtements dans la machine à laver, attention qu’il y avait des taches de sang. Je me suis senti un démon tout de suite après jusqu’à ce jour. Je peux emmener la police pour montrer tous ces endroits-là.»
Mais ensuite Bernand Maigrot laissera entendre, selon l’hebdomadaire Week-End, qu’il a raconté tout cela «pour sauver (sa) vie des choses pas trop bêtes en (se) fondant sur des choses (qu’il avait lues) dans les journaux». Le 4 juillet 2001, devant la Bail and Remand Court, il affirmait : «J’ai été kidnappé. J’ai été torturé (par la police). Je n’avais pas d’autre choix que de fabriquer une histoire pour me tirer de cette situation.»
Et aujourd’hui ?
Les avocats de l’homme d’affaires demandent, 22 ans après, l’arrêt d’un nouveau procès qui a débuté le 21 février 2022, sur une décision du Directeur des poursuites publiques. Les débats ont démarré le 1er mars dernier en cour d’assises. Ses hommes de loi, évoquant l’abus de procédures et les droits constitutionnels bafoués de Bernard Maigrot, réclament que l’affaire soit rayée
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