Un habitant de Baie-du-Tombeau, âgé de 17 ans, serait retenu en otage en Iran. Mais la Mauritius Revenue Authority (MRA) a saisi la somme de Rs 4,7 millions qu’avait réunie son père et des proches pour payer sa rançon. L’adolescent s’était rendu dans un premier temps en «vacances» à Dubaï en septembre 2022. Il s’est retrouvé en Iran, par la suite. Il aurait été kidnappé et agressé. Ses ravisseurs ont pris contact avec ses parents. Ils demandaient au départ une rançon de 900 000 dollars pour relâcher le jeune homme sain et sauf, mais ont ramené la somme à 100 000 dollars, soit Rs 4,7 millions. La police mauricienne serait déjà en contact avec la police iranienne ainsi qu’Interpol.

Lundi, son père s’est rendu au bureau de la MRA pour tenter de récupérer l’argent saisi samedi. Ensuite, il compte se rendre à Dubaï où les ravisseurs lui ont donné une nouvelle fois rendez-vous pour payer la rançon. «Zordi mem (NdlR, lundi), mo pé bizin alé la. MRA bizin rétourn mwa sa larzan-la, zot dir mwa zot éna prosédir pou fer, kapav démin (NdlR, mardi) ki mo pu gagn sa, kouma mo pou al explik sa bann raviser-la. Zot pé dir mo pé roul zot», ne cesse de dire le père. Il explique que les ravisseurs de son fils ne cessent de l’appeler. «A sak fwa ki zot pé apel mwa ek zot pé montré mwa zot pé koup mo zanfan, enn zour zorey enn zour lédwa. Mo latet fatigé, eski zot pou avoy mwa enn vidéo kot zot pé koup latet mo zanfan.»

Les malheurs ont commencé le 22 février. Ce jour-là, il reçoit un appel et son interlocuteur l’informe que son fils est retenu en otage et qu’il devra payer la somme de 900 000 dollars pour sa libération. Depuis, il ne vit plus. Il mange et dort à peine. Il a aussi tenté à plusieurs reprises de prendre contact avec l’ami de son fils, en vain. «J’ai fait toutes les démarches possibles. Personne n’a pu me venir en aide, ni le ministère, ni la police, ni Interpol, qui m’a expliqué que c’est un pays dangereux. Et qu’il ne pourra m’aider», soutient ce Port-Louisien. Il soupçonne fortement que parmi les ravisseurs se trouve un Mauricien.

Les parents se sont rendus au Central Criminal Investigation Department la semaine dernière pour solliciter l’aide de la police afin de retrouver leur benjamin. Ils ont montré aux enquêteurs les échanges qu’ils ont eus avec les kidnappeurs. Mais samedi, le père du jeune homme, un pêcheur, devait décider de prendre les choses en main et de se rendre à Dubaï pour payer les ravisseurs de son fils, accompagné de quatre proches, dont une femme, fichée à la police. Ils avaient divisé la somme en quatre. Mais ils devaient tous être interpellés pour blanchiment d’argent par la Custom Anti Narcotics Section de la MRA car ils avaient sur eux au total la somme de Rs 4,7 millions en devises étrangères. Les officiers ont aussi alerté la brigade antidrogue de l’aéroport.

Après avoir relaté le drame que vit son fils, l’habitant de Baie-du-Tombeau et ses proches ont été relâchés sur parole, mais les Rs 4,7 millions ont été saisies car ils n’ont pu justifier la provenance de cette somme d’argent. Cette affaire est prise très au sérieux au niveau de la police. D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’un proche du pêcheur se fait enlever. Durant le mois d’août de l’année dernière, alors qu’il se trouvait en compagnie de ses deux fils, près d’une auberge, ils se sont fait attaquer par un groupe de personnes. Ces derniers auraient forcé son fils aîné, un ado de 17 ans, à prendre place à bord du speed-boat lui appartenant, avant de prendre le large. Affolé, le père devait demander l’aide de ses proches et amis pour retrouver son fils.

Ce n’est que plus tard qu’il informera la police. Plusieurs unités, dont la police criminelle de Port-Louis Nord, celle de Grand-Baie ainsi que les limiers de la MARCOS, ont alors monté une opération chapeautée par le Detective Inspector Seelochun et le Sergent Gujadhur. Mais ce n’est qu’après plus de dix heures d’inquiétude que le jeune homme est retrouvé par un ami de son père, marchant le long de la route Vingt-Pieds, à Grand-Baie. Traumatisé, il ne parvenait pas à dire un mot. La police invite les proches à porter plainte mais le père finira par refuser de rapporter le cas. La police soupçonnait alors un règlement de compte.

Nous avons sollicité le chargé d’affaires de la République islamique d’Iran basé à Madagascar, Hassan Ali Bakshi. Il dit avoir a appris l’information à travers les médias et que ni l’ambassade ni les autorités iraniennes n’ont été informées de cet incident. «Il faut préciser que nous avons immédiatement pris contact avec les autorités compétentes mauriciennes afin de recevoir les informations officielles et crédibles après la révélation de l’affaire», relate l’ambassade. Elle souhaite que la véracité de ces informations soit confirmée dans un premier temps entre les parties concernées afin d’éviter une diffamation à l’encontre d’un pays étranger.

De source policière, on explique que le jeune homme aurait été capturé par des Iraniens qui le soupçonnent d’avoir fait main basse sur un colis de drogue. Et la police n’écarte aucune piste car dans le milieu des trafiquants, il est aussi coutumier de faire croire à son propre enlèvement. C’est un moyen de bénéficier de l’argent. Nous avons aussi sollicité la version du ministre des Affaires étrangères Alan Ganoo, mais il n’avait pas réagi encore à l’heure où nous mettions sous presse