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Enfant abandonné: Oliver, artiste de talent
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Enfant abandonné: Oliver, artiste de talent
Oliver vient d’une famille brisée. Il en a eu la vie brisée également. Abris pour enfant, centre de correction. Puis liberté et réinsertion encadrées par l’association Kinouété.
À 19 ans, Oliver, dont l’histoire rappelle celle du héros de Charles Dickens, Oliver Twist, cherche à gagner sa vie en faisant le croquis des passants, au crayon. Travail qu’il exécute à merveille. Il dessine aussi des caricatures. Cela lui prend environ 45 minutes et il réclame entre Rs 1 500 et Rs 2 500 pour un portrait. Il a parfois un seul client pendant une semaine, dont beaucoup sont des touristes. Il s’est installé au Port-Louis Waterfront, sans déranger personne ni y laisser de détritus. Or, les agents de sécurité ont reçu l’ordre de chasser tout commerçant qui n’est pas enregistré. Oliver est-il un commerçant ou un artiste ? En tout cas, il essaie de gagner sa vie dignement après avoir été plutôt malchanceux.
Rishi Bhoobun, le responsable de l’unité psychologie et sociale à Kinouété, confirme les qualités artistiques d’Oliver. Il revient sur la vie de ce pauvre garçon. Abandonné à sa naissance, Oliver a migré de shelters en centres de correction. À sa libération, il s’est retrouvé seul et sans abri.
L’association Kinouété l’a pris sous son aile et le soutient depuis plusieurs années, grâce notamment au travail formidable du jeune accompagnateur Yannick Casquette, qui aide Oliver à trouver un abri et du travail pour qu’il soit indépendant. L’association a même pu inscrire Oliver à un programme d’apprentissage dans le domaine hôtelier avant sa sortie du centre. La santé physique et mentale d’Oliver est aussi suivie par Kinouété.
Yannick Casquette a épaulé Oliver dans ses démarches pour se procurer une carte d’identité et un acte de naissance qu’Oliver a pu obtenir l’année dernière pour la première fois de sa vie. Oliver n’a pu se faire embaucher, même dans un restaurant, car l’employeur ne voulait pas le payer en liquide. Le jeune homme n’a pu ouvrir un compte en banque en l’absence d’un… justificatif de domicile fixe. Oliver vit parfois chez un ancien ami de shelter qu’il appelle «mon frère», fidèle aux termes chers aux enfants abandonnés. Ainsi, il a trouvé plusieurs frères à défaut de connaître ses véritables frères ou soeurs. Les démarches pour ouvrir un compte bancaire sont sur le point d’aboutir. L’association Kinouété mène d’ailleurs un combat pour que tous ces jeunes sans nom et sans domicile fixe puissent ouvrir un compte et avoir un travail stable.
Concernant ses difficultés à travailler au Port-Louis Waterfront, l’express a contacté Naila Hanoomajee, la Chief Executive Officer (CEO) de Landscope. Elle nous a expliqué l’importance d’avoir un permis pour opérer sur le Waterfront. «Il faut comprendre les gardiens qui ne font que leur métier», dit-elle. «Si Oliver ou l’association nous en fait la demande, c’est avec plaisir que nous lui donnerons le permis, gratuitement.» Ce n’est pas tout. Naila Hanoomajee parle même de soutenir Oliver, «car nous avons besoin de prestataires talentueux comme lui lors des événements, surtout quelqu’un qui a besoin d’aide».
Nous avons transmis la bonne nouvelle à Rishi Bhoobun – Oliver n’a pas de téléphone – et le responsable nous a promis de faire la demande auprès de Landscope dès aujourd’hui. La nouvelle sera communiquée à Oliver. Ce dernier passe souvent au Drop-in centre à la rue Balfour à Beau-Bassin pour prendre un petit-déjeuner avec les autres enfants devenus ados abandonnés.
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