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Première journée de courses annulée: la pluie, nouvel handicap du turf

20 mars 2023, 12:03

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Première journée de courses annulée: la pluie, nouvel handicap du turf

Alors que People’s Turf PLC (PTP) s’apprêtait à démarrer la saison hippique 2023 samedi, elle se retrouve à la case départ. Si samedi matin, les commissaires de la Horse Racing Division (HRD) décidaient de reporter la journée à hier, les choses ne se sont guère améliorées ensuite, l’état de la piste passant de 7,6 unités samedi après-midi à 10 unités hier matin (58 mm de pluie ayant déferlé sur la capitale entre vendredi et samedi). Elle était déjà sous pression avant même la parution du programme officiel jeudi. La capitale avait été copieusement arrosée dans la semaine, forçant l’annulation des barrier trails en raison d’une piste lourde. L’avis de fortes pluies indiquait que l’organisation des courses samedi, voire dimanche, serait compliquée. Par mesure de sécurité, la décision a donc été prise d’annuler la 1ᵉ journée hippique.

Par ailleurs, la date du 18 mars avait été contestée par plusieurs entraîneurs. Ils avançaient que leurs pensionnaires ne seraient pas prêts et que la pluie pourrait jouer les troublefêtes. La HRD dit avoir pris en compte le fait qu’une majorité de trainers était favorable aux courses du 18 mars. Reste que ceux qui étaient contre ont eu raison. La HRD n’a peut-être pas pris la meilleure décision mais elle pourrait se rattraper avec le nombre de breaks dans le calendrier pour immiscer cette journée abandonnée. Si les organisateurs n’avaient pas eu ce souci en 2020, 2021 et 2022, c’est que les courses avaient démarré tardivement. Si en 2020 et 2021, le pays était confiné en raison du Covid19, l’année dernière fut ponctuée par un bras de fer MTC-GRA.

Est-ce qu’avec le changement climatique, la piste du Champ-deMars commence à montrer ses limites ? Cette question revient sur les lèvres depuis l’annulation des courses du week-end. À ce titre, c’est un fait indéniable que notre petite île ressent depuis quelque temps les effets du réchauffement planétaire. Les récentes flash floods, pluies torrentielles et le «monstre» Freddy en sont des preuves tangibles.

Vincent Florens, Associate Professor à l’université de Maurice, évoque ce phénomène mondial. «C’est un fait qu’à Maurice, au fil des décennies, la pluviométrie baisse. Des changements importants s’opèrent dans la répartition des pluies et leur intensité. Plusieurs régions en hauteur reçoivent moins de pluie alors que des régions basses en reçoivent plus qu’avant. En ce qui concerne le Champ-de-Mars, il faut rappeler que Port-Louis est situé au creux d’un bassin, où converge l’eau déferlant des montagnes vers la capitale. La déforestation au fil des siècles et le bétonnage empirent la situation. Les montagnes ne retiennent plus autant d’eau avec la déforestation passée et l’érosion des sols, d’où un ruissellement plus important. De plus, il est plutôt normal que la piste du Champ-de-Mars soit plus souvent saturée, comme ce week-end, puisqu’elle a reçu de fortes averses et que c’est difficile d’absorber autant d’eau.»

La situation va-t-elle empirer avec le temps ? À cette question, l’écologue dira que les phénomènes météorologiques extrêmes deviendront plus fréquents avec la crise climatique, avec des averses plus intenses dans les prochaines décennies. «Faut-il fuir du Champ-de-Mars ? Je ne le pense pas. Il vaudrait mieux gérer les facteurs qui exacerbent le trop-plein d’eau, moins bétonner la région, mieux végétaliser les pentes aux alentours ainsi et adapter les activités sur l’hippodrome à cette nouvelle réalité.»

Osman Mahomed, député de la circonscription, dans un article paru dans l’express la semaine dernière, s’élevait contre l’impact des travaux effectués par PTP. Selon lui, on doit s’attendre «à un impact sur l’écoulement des eaux car la superficie plantée en gazon au milieu du Champ-deMars sera recouverte de bitume et ne pourra donc plus absorber l’eau de pluie. Imaginez la quantité d’eau qui ne sera plus absorbée par la terre recouverte de bitume». Quoi qu’il en soit, rien ne semble perdu pour PTP en tant qu’organisateur et pour les turfistes en ce qui concerne les fixtures des courses avec le nombre de breaks sur le calendrier hippique.