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Boulangerie: les Délices de la Cheminée s’éteignent
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Boulangerie: les Délices de la Cheminée s’éteignent
Les boulangeries traversent une mauvaise passe. Les temps sont durs et une dizaine de boulangeries ne savent plus à quel saint se vouer. Hausse incessante du coût des ingrédients et des carburants qui impacte les machines qui roulent au diesel et la livraison des pains, sans oublier la hausse du prix de l’électricité et d’autres facteurs, le profit des boulangeries est réduit. À la fin de mars, ce sera au tour de la boulangerie et pâtisserie La Cheminée Ltée, située à la rue Desforges, à Port-Louis, de tirer sa révérence après plus de 60 ans d’opération.
Beaucoup se tournent vers cette boulangerie pour s’approvisionner. Le propriétaire étant à l’étranger, nous n’avons pu le joindre au téléphone. Les employés comme les fidèles clients sont tristes de sa fermeture. Baguette, pain maison au blé, moule au blé, pâté, feuilleté, ce sont des délices qui vont manquer aux consommateurs. Reeza, cliente depuis plus de 40 ans de la boulangerie, est déçue de la nouvelle. «Il y a toute une vie autour de la boulangerie. Des petits marchands de fruits et de légumes. Il y avait toute une convivialité autour qui va disparaître avec. Je trouve cela très dommage. Le pain est tellement bon. Il y aura d’autres sources d’approvisionnement, mais ce ne sera pas pareil. Quand on est habitué à un fournisseur qui disparaît comme ça, ça fait mal. Cela fait au moins 40 ans que j’y achète mon pain…».
Ce n’est pas évident non plus pour ceux qui perdent leur emploi. Un boulanger qui exerce depuis 40 ans relate que ce travail est difficile dans tous les sens. «Il nous faut nous lever très tôt et travailler. Nous commençons à 3 heures du matin, jusqu’à 11 heures. Parfois 13 heures. (…) Le business est difficile à gérer et tout coûte plus cher aujourd’hui. C’est un travail très dur qui demande beaucoup d’investissements mais rapporte peu en retour. C’est décourageant.» D’autres dans le secteur estiment que la demande pour le pain est réduite.
Nasser Moraby, président de l’Association des propriétaires des boulangeries, relève que ne pouvant acheter des équipements neufs, des boulangers en profitent pour acheter du matériel de seconde-main à moins cher. «Revoir le prix du pain maison à la hausse aurait aidé. Une subvention additionnelle sur la farine ne suffit pas. D’autant plus que les grandes surfaces ont leur boulangerie et nous prennent les clients et elles ont la subvention sur la farine bien qu’elles ne produisent pas de scheduled breads. Ces boulangeries nous tuent. La demande n’est plus la même. Il est difficile de joindre les deux bouts avec des coûts qui prennent l’ascenseur. Il y a aussi le souci de rembourser 9 sous sur chaque unité que nous produisons.».
Nasser Moraby dit avoir demandé une rencontre avec le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, mais il est toujours en attente comme les consultations pré-budgétaires 2023-24 sont en cours. «Nous souhaitons aussi rencontrer le ministre du Commerce. Nous avons divers problèmes à régler.» En attendant, les boulangeries se disent laissées à leur sort.
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