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Arrêté en 2021 I Nitesh Gurroby: «Je n’ai jamais eu besoin de politiciens pour mon business»

25 mars 2023, 21:00

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Arrêté en 2021 I Nitesh Gurroby: «Je n’ai jamais eu besoin de politiciens pour mon business»

Niresh, Nitesh et Ritesh Gurroby ont été arrêtés par les autorités après la saisie record, en 2021, de Rs 3,6 milliards de drogue sur un terrain à Pointe-aux-Canonniers qu’ils utilisaient pour leurs bateaux. Selon l’activiste Bruneau Laurette, ces habitants du Nord auraient contribué au financement de la campagne électorale du ministre Soodesh Callychurn. Presque deux ans après son arrestation par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), Nitesh Gurroby, qui est en liberté provisoire et qui fait toujours face à une accusation de blanchiment d’argent, a accepté de se confier et revient sur les évènements précédant son arrestation. Ses frères ont été arrêtés par les policiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU). Il se dit convaincu que sa famille a été victime de ses tentatives d’empêcher l’importation de poisson en 2021. Il considère «fausses» les allégations de Bruneau Laurette et explique pourquoi, selon lui, les Gurroby sont ciblés.

Nitesh Gurroby a accepté de se livrer car, souligne-t-il, «la vérité doit sortir». Niresh, Nitesh et Ritesh Gurroby avaient été arrêtés par les autorités après la saisie record, en mai 2021, de 243 kilos d’héroïne et 27 kilos de haschich, dissimulés sur un terrain en friche à Pointe-aux-Canonniers. Le terrain appartient à la famille Ramjuttun. «On se servait de ce terrain pour la construction de nos bateaux. Mais après 2017, le propriétaire nous a demandé de partir car il comptait vendre le terrain. Nous y avons laissé notre conteneur d’outils en attendant de trouver un endroit pour nos affaires. Mais depuis 2017, on avait cessé nos activités sur ce terrain», souligne Nitesh Gurroby.

Pour le directeur de Northern Seafood, il a payé le prix fort pour son engagement aux cotés des pêcheurs. Il revient sur les évènements qui ont suivi son arrestation et fait ressortir qu’un mois avant, soit en avril 2021, son frère Ritesh était alors le porte-parole de l’Association of Industrial and Semi-industrial Fishing Operators, qui s’était élevée contre la décision du gouvernement d’importer 400 tonnes de poisson La Perle et Capitaine. Il était la voix des propriétaires de bateaux industriels et semi-industriels, ainsi que des banians, et il faisait part de leur mécontentement.«Mon frère Ritesh, directeur de Babul and Sons Fishing Co. Ltd était, avec plusieurs autres parties prenantes, sur le plateau d’une radio privée et nous avons fait pression sur le ministère de la Pêche jusqu’au bout. Cette lutte nous a coûté cher», dit-il.

Son usine Northern Seafood à Triolet
où il ne reste que quelques employés.

Mis devant les faits accomplis

Nitesh Gurroby souligne que quand l’ADSU a découvert de la drogue sur le terrain en 2021, cela faisait déjà trois ans que ses frères et lui n’y travaillaient plus. «La drogue n’a pas été découverte en notre présence. Quand nous sommes arrivés sur place, nous avons été mis devant les faits. Si Bruneau Laurette maintient qu’il n’est pas mêlé au trafic de drogue et qu’il a été victime de Planting, pourquoi l’aurait-on fait à lui seul ? Si la drogue a été découverte sur un terrain qui ne nous appartient pas, nous sommes des trafiquants de drogue? Bruneau Laurette est bien placé pour savoir que c’est faux. Comment peut-il faire de telles allégations», s’insurge Nitesh Gurroby.

Il ajoute que depuis 30 ans, son père est dans le business de la pêche. «Nous n’avons jamais eu des démêlés avec la justice. La théorie de Planting ne s’applique pas uniquement à Bruneau Laurette», lance Nitesh Gurroby. Il fait aussi ressortir que depuis son arrestation, une accusation provisoire pèse toujours sur ses épaules alors que les enquêteurs n’ont rien trouvé d’incriminant jusqu’à présent contre lui et que l’enquête n’a toujours pas été bouclée. Ses deux frères, Ritesh et Niresh Gurroby, sont toujours en détention alors que depuis novembre dernier, l’un deux attend un Ruling relativement à sa motion de remise en liberté conditionnelle. «La drogue a été trouvée sur un terrain qu’on utilisait autrefois pour la construction de nos bateaux mais jusqu’ici, il n’y a aucune preuve pour démontrer que cette drogue nous appartient. Au moment où la drogue a été découverte, la famille Ramjuttun louait ce terrain à la firme Rehm Grinaker, qui y conservait ses machines. Il y avait à cette époque des travaux de rénovation au Club Med. La famille Ramjuttun a aussi été entendue par les enquêteurs», dit-il.

Aucune relation Callichurn/Gurroby

Nitesh Gurroby revient sur les allégations de Bruneau Laurette à l’effet que sa famille et lui aient financé la campagne électorale du ministre Callichurn. «Bruneau Laurette n’est peut-être pas au courant mais depuis 2011, avant même que j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse, cette dernière louait un espace pour son spa et une boutique dans le bâtiment de Roopchand Callichurn», dit-il. Et d’ajouter: «Nous sommes des locataires et non des bailleurs de fonds. D’ailleurs, il n’est même pas dans ma circonscription et ni moi ni ma famille n’avons été actifs sur le terrain durant les campagnes électorales. Pour mon business, je n’ai jamais eu besoin de recourir aux politiciens.»

Pourquoi le nom Gurroby est-il cité comme un de ceux qui ont financé la campagne électorale du ministre du Travail ? Nitesh Gurroby est d’avis que certains veulent établir un lien entre les Callichurn et lui en raison d’une photo prise lors des courses hippiques. Il nous parle de cette photo de lui prise aux cotés de Roopchand Callichurn quand son cheval avait remporté une course. Roopchand Callichurn, précise-t-il, était, ce jour-là, l’invité de l’entraîneur Amar Sewdyal. «J’étais alors le copropriétaire du cheval Shadowing et ce jour-là, on avait pris une photo ensemble. Si Bruneau Laurette se base sur de tels éléments pour faire croire que j’ai financé la campagne électorale du ministre Callichurn, il fait fausse route. Les politiciens eux-mêmes disent que les photos prises en présence d’une quelconque personne ne signifient rien. Les journaux avaient rapporté que le père du ministre était le copropriétaire avec moi du cheval alors que c’est totalement faux», martèle notre interlocuteur. Nitesh Gurroby estime que l’activiste devrait plutôt enquêter pour savoir pourquoi il n’a toujours pas eu de permis pour opérer ses bateaux semi-industriels, malgré un ordre de la cour à cet effet. «Au lieu d’imaginer des trucs, il peut se renseigner à propos du prix du poisson, il y a deux ans. Al lager lor ban zafer kot popilasyon pou sorti gagnant plito», dit-il

Le bateau «Sunshine» de Nitesh Gurroby,
qui avait été saisi par l’ICAC et qu’il a ensuite
pu récupérer.

Dettes

En liberté provisoire, Nitesh Gurroby a été autorisé à opérer son commerce mais il ne peut toujours pas aller à la pêche car son permis n’a pas été renouvelé, bien que, dit-il, la Cour n’y a pas objecté. Quelques temps après la saisie de son bateau Sunshine, il avait pu le récupérer à l’ICAC et il l’utilise pour travailler avec des touristes. Dans son usine Northern Seafood, qui se trouve dans un bâtiment appartenant à la DBM à Triolet, son commerce a grandement chuté, affirme-t-il, car il doit dépendre des fournisseurs pour avoir du poisson qu’il revend à des supermarchés et à des boutiques. Nitesh Gurroby dit être endetté jusqu’au cou car ses comptes bancaires, ainsi que ceux de ses proches, sont toujours gelés et les banques ne l’autorisent pas à rembourser ses dettes avec l’argent généré par son commerce. «Tout ce que nous avons bâti jusqu’ici l’a été à travers des emprunts bancaires que nous n’avons toujours pas fini de rembourser», affirme Nitesh Gurroby.
 

Le bâtiment de Roopchand Callychurn
abritant son restaurant «Souvenir»
à Trou-aux-Biches

Roopchand Callychurn: «un tissu de faussetés»

<p>Le père du ministre Callychurn, Roopchand, qui gère son restaurant &laquo;Souvenir&raquo; depuis plus de 30 ans à Trou-aux-Biches connaît l&rsquo;épouse de Nitesh Gurroby depuis très longtemps. <em>&laquo;Kan ou onet ou pena nanyen pou per. Bann dimounn pe rod zet labou ek fer fos allegasyon. Li bon si zot al fer zot lanket bien&raquo;</em>, dit-il. Roopchand Callychurn explique qu&rsquo;il s&rsquo;était rendu volontairement à l&rsquo;ICAC pour donner sa déposition et que les enquêteurs sont déjà en présence de tout ce qu&rsquo;il avait à dire. <em>&laquo;Kifer pa finn aret mwa ? Pa zis Gurroby me mo korek avek tou sa bann peser lor la côte Nord la. Zot tou kapav temwagne ki kantité monn ed zot&raquo;</em>, dit-il.</p>