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«Monkey business»: le vétérinaire de Shafeek Jhummun n’avait rien remarqué d’anormal

27 mars 2023, 10:00

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«Monkey business»: le vétérinaire de Shafeek Jhummun n’avait rien remarqué d’anormal

Lors de la descente de la police à Jin Fei le 17 mars, où 440 singes ont été retrouvés dans des cages, nous avions fait mention de médicaments découverts dans une chambre. Les vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie qui accompagnaient la police ont affirmé que ces médicaments ne peuvent être achetés et utilisés que par un vétérinaire dûment enregistré auprès des autorités concernées. Selon nos informations, ces drogues sont utilisées notamment pour endormir les singes lors du transport ou autres manipulations pour qu’ils n’attaquent pas le personnel. Il y aurait aussi des antibiotiques.

En fait, Hammer Head Ltd a bien eu recours aux services d’un vétérinaire retraité du ministère de l’Agroindustrie, qui exerce dorénavant dans le privé, le Dr Amantoolah Jahangeer. Contacté, ce dernier nous dit qu’il n’était pas employé par Hammer Head Ltd mais qu’il ne se rendait à la «ferme» de Jin Fei que lorsque Shafeek Jhummun faisait appel à lui. Et qu’il n’a jamais mis les pieds à Le Val, le terrain agricole qui allait être accordé à Jhummun par le ministère de l’Agro-industrie mais qu’il a déjà commencé à occuper.

Pas de questions

Ne savait-il pas que cet «élevage» était illégal ? «Non, je ne faisais que m’occuper des animaux sans me poser de questions. Lorsque quelqu’un m’apporte son chien pour des soins, dois-je lui demander si l’animal lui appartient ?» A-t-il de l’expérience au niveau des primates ? Nous attendons sa réponse à ce sujet, de même qu’à propos du bien-être de ces singes qui, selon les fonctionnaires du ministère de l’Agroindustrie, n’était pas respecté, pour dire le moins. Le Dr Jahangeer ne nous a pas non plus dit si c’était lui qui administrait les médicaments aux singes ou s’il les prescrivait seulement.

Un connaisseur nous signale qu’une ferme d’élevage de singes destinés à l’exportation doit obligatoirement employer un vétérinaire à plein temps. «Il est essentiel de suivre leur bien-être d’une façon continuelle. On a pris ces pauvres macaques d’un endroit frais à Le Val pour les parquer dans la chaleur dantesque de Jin Fei depuis septembre 2022. Combien sont morts ?» Un témoin nous affirme avoir vu un singe avec un bras amputé… «Sa osi zot pa kite!»

Défense d’entrer

À voir les constructions sommaires à Le Val, Rose-Belle, où Shafeek Jhummun allait installer sa future ferme, il est clair que les singes n’allaient pas mieux s’y porter qu’à Jin Fei, mis à part la température. «Je me demande comment les autorités pourraient octroyer un permis à un tel entrepreneur», nous dit le témoin.

Pour sa part, notre interlocuteur vétérinaire nous explique que pour pouvoir exporter des singes, il faut détenir un certificat de l’Association for Assessment and Accreditation of Laboratory Animal Care International des États-Unis. «Et les Américains sont très à cheval sur le bien-être des singes…» Il se demande également pour quelles raisons Shafeek Jhummun n’a pas été poursuivi pour avoir capturé et gardé des singes sans permis.

De plus, on apprend que la police et les fonctionnaires du ministère de l’Agroindustrie n’ont pas pu pénétrer sur le site de Le Val les 17 et 18 mars. Ce n’est que trois ou quatre jours après qu’ils n’ont pu le faire. «Entre-temps, des singes ont pu être libérés», nous dit un fonctionnaire. Interrogé, un policier nous dit, découragé : «On ne peut rien faire de plus. Bann gran misié ena dan sa case la.»

Par ailleurs, Philippe Ho, de Happy Family Ltd, ne nous répond pas. Nous voulions lui demander pourquoi c’est sa compagnie qui a signé le contrat de location avec Jin Fei pour garder les singes de Shafeek Jhummun. Philippe Ho nous avait promis de revenir vers nous mais il ne l’a jamais fait.