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Dix ans après, pourquoi le problème d’inondations perdure ?
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Dix ans après, pourquoi le problème d’inondations perdure ?
Une décennie après les inondations «éclair» de mars 2013, la capitale est toujours confrontée à de graves problèmes d’accumulation d’eau en quelque minutes après des averses, malgré la construction de drains et l’allocation de fonds importants dans le budget pour s’attaquer au problème dans les zones inondables à travers le pays.
Bien que la ville de Port-Louis ait une longue histoire de plusieurs siècles, ce n’est que ces dernières années que nous avons constaté une augmentation des inondations. Pourquoi le problème persiste-t-il ? «Cela peut être attribué en grande partie au changement climatique qui a mis sous pression les paramètres initialement pris en compte lors de la conception de la ville. Par conséquent, il est nécessaire de moderniser les infrastructures de la ville afin d’améliorer sa résilience face aux futurs phénomènes météorologiques extrêmes», explique le Dr Zaheer Allam, Urban Strategist & Senior Adjunct Fellow de Curtin University.
Pour le député Osman Mahomed, il s’agit de l’effet cumulatif de nombreux facteurs, qui s’ajoutent au problème mondial déjà existant du réchauffement climatique. «En premier lieu, les développements en cours ne sont pas conformes à notre engagement en faveur du développement durable. La ville de Port-Louis commence au pied des montagnes et se termine au bord de la mer. Ce que nous voyons aujourd’hui, en particulier au Champ-de-Mars, est principalement dû à la mise en œuvre du Parking Project, pour lequel les terrains, qui auparavant agissaient comme zone de captage pour absorber l’eau, ont été recouverts d’asphalte. Par conséquent, outre les impacts environnementaux (trafic, visuel, loisirs et social), il y a eu un impact certain sur l’écoulement des eaux de surface, étant donné que les terrains asphaltés au milieu du Champ-de-Mars ne peuvent plus absorber l’eau.»
Selon le député des Rouges, cela aura également eu pour conséquence que les principaux canaux à Port-Louis, tels que le Ruisseau du Pouce et le canal Anglais, déjà sous-dimensionnés et donc incapables de contenir la capacité de l’eau, voient maintenant de l’eau supplémentaire détournée vers eux, ce qui aggrave le problème d’accumulation d’eau dans la région. Osman Mahomed avait déjà soulevé cette problématique au Parlement en avril 2017, dans le cadre du Land Drainage Authority Bill. Six ans plus tard, on constate les résultats désastreux de ce projet, au détriment des habitants de Port-Louis.
En novembre 2022, lors de la Conférence des nations unies sur le changement climatique (COP 27) en Égypte, a été livrée une COP de «mise en œuvre» qui annonce au monde, en termes de coût climatique, un fonds nommé «pertes et dommages», pour aider certains pays à mieux financer, s’adapter et faire face au problème du changement climatique. À la COP 26 à Glasgow en 2021, l’île Maurice avait officiellement soumis un document qui préconise un besoin de USD 6,5 milliards, dont USD 2,5 milliards pour l’atténuation et USD 4 milliards pour l’adaptation, soit un total d’environ Rs 280 milliards sur dix ans. Pour Maurice, Rs 180 milliards de ce montant proviendraient des pays dits donateurs et Rs 100 milliards de sources locales. Les fonds attendus pourront être déboursés pour le financement de projets crédibles, convaincants et bien ficelés selon les normes internationales.
Compte tenu du fait que les initiatives de développement du gouvernement actuel vont, en fait, à l’encontre du principe de durabilité, la question de savoir si cette somme sera allouée en premier lieu est une question à laquelle nous devons réfléchir. Mais la disponibilité de fonds serait-elle vraiment la solution au problème ? Il semble que celui-ci est plus profond. «Les drains construits récemment aggravent le problème parce qu’ils sont mal construits», confie Osman Mahomed. «C’est aussi en partie le manque de responsabilité de la mairie, car, après la saison des pluies, aucun travail n’est entrepris pour nettoyer et entretenir les drains tout au long de l’année. Donc, en fin de compte, c’est un effet cumulatif de manque de responsabilité, d’engagement et de compétence», avance-t-il.
Pour Zaheer Allam, bien que nous ayons tendance à nous concentrer sur la construction de drains, car ils ont un impact sur nos déplacements quotidiens et donc sur notre mode de vie immédiat, il y a plusieurs objectifs en jeu, car les drains ne sont qu’une partie de la solution. «L’amélioration des infrastructures de drainage existantes est essentielle, mais elle nécessite également un entretien et un nettoyage réguliers. Pour cela, nous devons souligner qu’il est essentiel de sensibiliser la population à l’élimination correcte des déchets, car nous voyons souvent des objets tels que machines à laver, réfrigérateurs, pneus et vêtements usagés dans les drains, les rivières, etc. Nous devons également aborder la question de l’empiètement illégal sur les zones des rivières et agir en conséquence.»
Le stratège urbain ajoute que «le développement urbain est souvent motivé par la demande immobilière, mais dans ce cas, nous devons réorienter notre approche pour tenir compte de l’habitabilité. Nous devons également mettre à jour certaines politiques aujourd’hui dépassées, compte tenu de l’évolution du climat. Certaines politiques datent de 20 à 30 ans. Il est temps de s’atteler à cette tâche difficile et monumentale. À cet égard, il ne s’agit pas d’une question politique, mais d’une question technique ; nous avons besoin du soutien d’administrateurs gouvernementaux plus que de dirigeants, car ils sont souvent les principaux intermédiaires entre les orientations politiques et les actions».
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