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Yasin Hansye: «Notre relation était fusionnelle, on n’avait pas de secret l’un pour l’autre…»
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Yasin Hansye: «Notre relation était fusionnelle, on n’avait pas de secret l’un pour l’autre…»
Le corps en partie calciné de Shaïna Hansye, 15 ans au moment des faits, a été retrouvé dans un cabanon à Creil en octobre 2019. Née de parents mauriciens, elle avait été poignardée et brûlée vive par son petit copain qui ne pouvait accepter qu’elle soit enceinte de lui. Une fin tragique pour une jeune fille qui avait été agressée sexuellement par trois jeunes deux ans plus tôt. Leur procès en appel aura lieu les 6 et 9 avril, en attendant celui de son meurtrier, du 5 au 9 juin. Sa famille attend que justice soit rendue afin de pouvoir faire son deuil.
Le procès en appel des suspects qui ont agressé sexuellement votre sœur débute dans quelques jours (NdlR, les 6 et 7 avril). Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Nous sommes très impatients que ce procès en appel débute cette semaine. Cela fait maintenant un an depuis que la condamnation contre les suspects a été prononcée. (NdlR, trois jeunes ont été condamnés en mars 2022 à des peines allant de 8 à 12 mois de prison avec sursis par le tribunal pour enfants de Senlis. Mais le parquet avait fait appel.) Cette affaire est très dure pour nous, d’autant plus qu’elle dure depuis six ans (NdlR:le viol collectif remonte à 2017). Il est temps de lui rendre justice. Nous sommes confiants et impatients de démontrer que Shaïna était une victime, comme lors du premier procès, et on le prouvera une nouvelle fois.
Est-ce que les accusés ont déjà exprimé le moindre regret pour leur acte ?
Pas le moins du monde. Il faut savoir que depuis le début de cette affaire, ils nient les faits dont ils sont accusés. Raison pour laquelle ils ont fait appel. Ils ne démontrent aucun remords pour ma sœur, qui est décédée. w Aujourd’hui, qu’attendez-vous de la justice française ? Que ce soit pour le mois d’avril et aussi pour le procès en assises en juin, que justice soit faite, et à la hauteur de nos espérances. Donc, qu’elle soit sévère avec une peine d’emprisonnement. Afin que tout cela se termine et que nous puissions faire notre deuil tranquillement.
Au quotidien, comment faitesvous pour gérer ce traumatisme ?
C’est très dur. Même aujourd’hui, j’essaie toujours de faire en sorte qu’elle (Shaïna) ne tombe pas dans l’oubli. Je parle d’elle le plus souvent possible. De montrer quelle merveilleuse personne elle était. Mais je pense honnêtement que c’est très difficile de gérer un tel traumatisme. Quelquefois, je n’y arrive pas…
Parlez-nous de votre relation avec votre sœur. On sent à travers les diverses déclarations que vous étiez très proches…
Oui, nous étions très proches. Je peux même dire que notre relation était fusionnelle. Je n’ai pas beaucoup d’amis. Et pour moi, elle n’était pas seulement ma sœur, mais aussi mon amie. On partageait tous nos secrets. On était tout le temps ensemble et cela depuis que nous étions encore enfants. C’était la personne en laquelle j’avais le plus confiance en dehors de mes parents. Aujourd’hui, elle n’est plus là… C’est difficile de faire le deuil d’autant que les affaires judiciaires prennent énormément de temps. Cela nous fait nous replonger dans les mauvais souvenirs.
Beaucoup de personnes ont sali l’image de votre sœur, la traitant de «fille facile». Mais la victime, c’est elle. Que répondez-vous justement à toutes ces personnes qui se sont fait une fausse image d’elle ?
La réputation se fait sur les réseaux sociaux. Tout va même trop vite de nos jours. Une agression puis la diffusion des photos de ma sœur ont fait d’elle une fille facile auprès des autres. Je trouve que c’est dangereux la façon dont les jeunes utilisent ces réseaux sociaux. Ma sœur n’y est pour rien. Du coup, je n’ai pas de message particulier envers ceux qui ont jeté et donné une fausse image d’elle. Je ne sais pas si ces gens peuvent se regarder dans un miroir et penser que quelques années de cela, ils ont fait du mal et du tort à une fille qui n’a rien fait. J’espère qu’ils ont honte de ce qu’ils ont fait.
Ressentez-vous que ce combat pour Shaïna n’est pas uniquement celui de votre sœur mais aussi celui d’autres jeunes filles qui ont vécu des drames similaires ?
Malheureusement, on entend souvent aujourd’hui des cas tels que celui qu’a subi ma sœur. Des jeunes filles qui font face à des menaces de mort et qui sont aussi des victimes d’agression, de harcèlement, entre autres. J’aimerais dire aux femmes de prendre la parole car elles sont beaucoup plus libérées. Qu’elles en parlent et dénoncent ces cas dont elles sont victimes. Que ce soit à travers les plateformes mises en place par le gouvernement, ou même à l’école et face aux parents. Il faut faire un dépôt de plainte. Il ne faut pas que cela passe inaperçu. Le dialogue permet aussi que cela se règle.
De mon côté, je continuerai à faire de la sensibilisation. Actuellement, je travaille sur un livre qui parlera de la lutte à mener contre toute sorte de violence envers les jeunes. Ces livres seront adressés aux collèges et lycées.
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