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Travaux à l’abandon à Mahébourg: une aubaine pour les marchands de rue
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Travaux à l’abandon à Mahébourg: une aubaine pour les marchands de rue
Le rapport de l’Audit publié la semaine dernière le dit noir sur blanc… Seulement 50 % des travaux du projet de construction d’un nouveau marché et d’un Traffic centre à Mahébourg ont été complétés. Au coût initial de Rs 83,7 millions, le projet a été abandonné par le contracteur en juin 2022. Une perte financière, certes, mais pour les commerçants de la «foire», c’est la providence…
Quid du nouveau projet de marché et du Traffic centre à Mahébourg ? Les herbes folles se sont déjà installées sur le site. Le panneau portant le nom du contracteur et l’entête du projet s’est retrouvé sous les branches. Quelques chiens errants sont les seuls occupants du site. Le ferraillage a été coulé dans des colonnes de béton. Un bout de structure en béton peut même être aperçu sur le chantier. Rien d’autre.
Revenons sur ce projet. Dans un premier temps, il était convenu, à la signature du contrat avec l’entrepreneur, le 12 septembre 2019, que les travaux devaient être terminés au 18 décembre 2021. Or, en octobre 2020 et en janvier 2021, des changements ont été apportés à la conception du bâtiment et à son emplacement, avance le rapport de l’Audit publié la semaine dernière. Le contracteur a demandé à revoir le coût des opérations, qui est passé à Rs 104 millions. Avec le confinement du Covid-19, les travaux ont été repoussés et la date de livraison est passée d’avril 2022 à novembre 2022. L’entrepreneur a même soumis une réclamation en février pour une hausse de Rs 6,3 millions, qui a été refusée par le conseil de district.
Le 9 juin 2022, le contracteur a informé qu’il avait suspendu ses travaux depuis le 2 juin. Le 24 juin, le conseil lui a remis un chèque de Rs 2 millions, qu’il a refusé d’empocher. Le 17 août, il a avisé le conseil qu’il mettrait un terme à son contrat, le 22 août. En septembre 2022, 50 % des travaux ont été complétés et le site a été abandonné. Il nous revient que le ministère des Collectivités locales a demandé au conseil de district de rechercher un conseil juridique dans cette affaire. Le 27 décembre 2022, une lettre a été envoyée en ce sens au contracteur et le terrain lui a été repris le 10 janvier 2023.
Loin de ce méli-mélo de paperasse, les marchands opérant au marché hebdomadaire du village sont heureux. Ce n’est pas Manoj Bahadoor, porte-parole des commerçants, qui dira le contraire. L’emplacement de ce projet posait problème dès le départ. «Pendant dix ans, nous avons opéré non loin de ce site, et les affaires n’étaient pas florissantes. Là-bas, nous étions comme à l’abattoir car il y avait des semaines où nous ne travaillions pas du tout.» Il ajoute que les marchands avaient demandé au conseil de district de développer l’emplacement où ils se trouvent actuellement, non loin du Mahebourg Waterfront. «Nous étions ici depuis longtemps, mais on nous avait fait comprendre qu’un projet allait voir le jour ici et que nous devions partir. Des années plus tard, rien n’a changé…»
Le seul bémol qu’il constate est le nombre grandissant de marchands illégaux. «Le lundi, Mahébourg est le seul endroit où une foire est tenue. Du coup, tous les marchands veulent venir y travailler. Mais ces derniers, en sus d’être dans l’illégalité, prennent plusieurs emplacements au détriment des commerçants qui paient pour occuper les lieux.» Ce problème a été, à de nombreuses reprises, mis en avant devant les inspecteurs. Il est même remonté jusqu’au conseil de district. Pourtant, aucune solution n’a été apportée. «On s’interroge sur le travail des inspecteurs. Ou est-ce qu’il y a une ingérence politique dans cette affaire ?» Pour l’heure, il est heureux que les touristes soient à nouveau de retour car ils apportent un air de fraîcheur.
Cette situation est aussi décrite par Dharamduth Mohith. «Nous n’étions pas d’accord d’aller travailler près du stade. C’est loin du terminus, loin des emplacements qui attirent les clients. Les jours de pluie, personne ne voudrait y faire une escale.» Donc, que le projet se retrouve mis aux oubliettes ne l’inquiète pas. «On aurait pu investir cet argent sur un projet ici, près du Waterfront. Non loin du Food court, du bazar et des magasins.» Comme lui, d’autres marchands ne comprennent pas l’utilité d’investir autant d’argent dans un projet qui aurait accueilli des commerçants uniquement un jour par semaine.
Dharamduth Mohith ajoute que les affaires ont certes repris mais qu’en contrepartie, avec la dépréciation de la roupie, ce n’est plus aussi simple de faire avancer l’entreprise. «Un billet pour la Chine coûte pas moins de Rs 52 000. Il faut également penser à l’hôtel dans lequel on va séjourner pour une semaine. Sans oublier, le prix du transport pour aller voir les commerçants. Le business est devenu difficile pour les petits marchands.» Néanmoins, ils ne comptent pas abandonner leur combat…
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