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En détention provisoire depuis six ans: les proches de Navind Kistnah de plus en plus incrédules
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En détention provisoire depuis six ans: les proches de Navind Kistnah de plus en plus incrédules
Tout individu arrêté ou détenu devrait être traduit dans le plus court délai devant les tribunaux. Comment garantir le respect de ses droits constitutionnels quand un suspect fait face à des charges provisoires depuis six ans et que les enquêteurs n’ont toujours pas bouclé l’enquête, que la famille ne peut même pas en parler, craignant pour sa sécurité ?
Navind Kistnah, arrêté en avril 2017 dans le cadre de la saisie de 135 kg d’héroïne, est détenu en cellule policière sous haute surveillance depuis six ans. Le courtier maritime a donné pas moins de 200 dépositions pour éclairer les enquêteurs et il y a même eu des arrestations, mais ces derniers n’arrivent toujours pas à voir la lumière au bout du tunnel. Entre-temps, le suspect croupit en cellule et cette situation pourrait être un cas de violation des droits humains et constitutionnels. De plus, la famille de Navind Kistnah ne peut même pas en parler, craignant pour sa sécurité.
Depuis six ans, Navind Kistnah est détenu au quartier général de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU). Une caméra est braquée en permanence sur lui et des éléments de la Special Support Unitsurveillent sa cellule 24/7, à tour de rôle, mais ils n’ont pas le droit de lui parler. Sa nourriture est même contrôlée par peur qu’il ne soit empoisonné. Chaque fois qu’il se rend au tribunal à bord d’un blindé de la Special Mobile Force (SMF), il se présente, muni d’un casque, sous forte escorte policière, notamment du GIPM et de l’ADSU. À son arrestation, Navind Kistnah avait été détenu incommunicado pendant 36 heures, démarche remettant déjà en cause la constitutionnalité de l’article 31 de la Dangerous Drugs Act qui stipule qu’un surintendant de police peut demander qu’un suspect reste en détention pour une période n’excédant pas 36 heures. Cette clause est-elle en conformité avec l’article 5 de la Constitution, qui dit qu’un suspect doit comparaître devant un magistrat without undue delay ?
Durant ces six années, Navind Kistnah aura donné pas moins de 200 dépositions balançant le nom de plusieurs personnes, dont certaines ont été arrêtées, libérées sous caution et dont les charges provisoires ont été ensuite rayées. Pourtant, l’enquête n’a toujours pas été bouclée et les enquêteurs n’arrivent toujours pas à situer son rôle dans toute cette affaire. Navind Kistnah ne serait-il qu’un pion sur l’échiquier ? En tout cas, c’est ce qu’il n’a cessé de clamer depuis son arrestation.
Situation inadmissible
Les proches de Navind Kistnah qui croient toujours en son innocence concèdent que c’est une situation inadmissible. Mais ils ont peur d’en parler car ils disent craindre pour leur sécurité. «Ces choses incroyables se sont passées pendant ces années et nous sommes de plus en plus convaincus qu’il est une victime», disent-ils. Un an après son arrestation, en avril 2018, ses proches avaient reçu «la visite» de faux policiers à leur domicile à Petite-Rivière. Ces faux policiers avaient fouillé la maison de fond en comble, ne laissant guère le temps à la mère de Navind Kistnah de vérifier leurs dires, voire leur identité. Ils avaient même emporté de l’argent et des bijoux. La mère du suspect n’a cessé de clamer haut et fort l’innocence de son fils. Sa famille dit toujours craindre le pire pour lui car ils reçoivent toujours des menaces.
Persécution
Les proches de Navind Kistnah disent devoir faire face à l’hostilité de leurs proches et des voisins. «Ce n’est pas facile de vivre ainsi. Une personne est détenue depuis six ans. On ne sait même pas pour quelles véritables raisons. Notre vie a été bouleversée et nous demandons tout simplement que la justice soit faite», dit un proche. Ce dernier estime que la justice doit mettre un terme à la persécution dont fait l’objet Navind Kistnah et sa famille. «D’autres personnes ont été arrêtées dans cette affaire et ont été libérées. Pourquoi pas lui alors que les avocats disent que depuis le début il a toujours coopéré avec la police. À un moment donné, il était question qu’il bénéficie de l’immunité afin d’être un star witness mais là aussi il n’y a pas eu de suite. Non seulement Navind endure une détention prolongée mais sa sécurité est aussi menacée», dit le proche.
Finalement, ce dernier déclare : «Les autorités doivent également mener une enquête approfondie, indépendante et transparente sur tout ce qu’il a dit, en vue de traduire en justice dans le cadre de procès équitables ceux qui ont bafoué ses droits depuis son arrestation. Navind n’aurait jamais dû passer un seul jour derrière les barreaux, et pourtant il y croupit depuis six ans. La justice doit lui rendre sa liberté et lui rendre justice après un tel calvaire.»
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