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Honee Heerah : «Il y a encore beaucoup à faire dans la manière d’enseigner et de percevoir l’éducation physique»

11 avril 2023, 20:00

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Honee Heerah : «Il y a encore beaucoup à faire dans la manière d’enseigner et de percevoir l’éducation physique»

Enseignante d’éducation physique depuis 2009, Honee Heerah a publié «Success in Physical Education» en 2012. Destiné aux élèves qui ont choisi l’éducation physique comme sujet principal au «School Certificate» (SC), ce manuel en est à sa troisième édition cette année. Mais bien qu’heureuse que son livre aide encore les élèves à se préparer pour l’examen, elle pense que des efforts doivent être aussi faits du côté des enseignants pour enseigner l’éducation physique, laquelle n’est pas une matière aussi facile que l’on croit.

Parlez-nous de votre livre…

Success in Physical Education a d’abord été publié en 2012 aux Éditions de l’océan Indien. Il a été réédité et réactualisé une première fois en 2017. Il est revenu sur les étagères des librairies cette année avec quelques petits changements. Il aborde des questions théoriques pour 50 % et pratiques pour 50 %.La théorie est traitée en quatre sections. Pour la pratique, le manuel propose une longue liste de disciplines d’après le syllabus de Cambridge. L’élève doit obligatoirement en choisir quatre pour lesquelles il obtiendra une note à l’examen. Ce manuel n’est pas imposé dans les collèges mais c’est le Head of Department qui décide si les élèves vont l’acquérir ou pas en vue de l’examen. Grosso modo, une centaine d’établissements scolaires utilisent ce livre.

Qu’est-ce qui vous a motivée à concevoir votre manuel ?

Ce n’est qu’en 2012 que l’éducation physique a figuré comme matière à part entière à l’examen de SC. C’était un projet pilote. C’est cette année-là que les élèves y ont pris part. La publication de mon livre a aidé nombre d’entre eux dans leur préparation au point où certains ont eu des distinctions. En fait, la manière d’aborder l’éducation physique, dès 2012, a changé radicalement avec le style d’autrefois.

Expliquez-nous ce qui a changé entre l’enseignement de l’éducation physique avant et maintenant…

Avant 2012, aucun examen national ne sanctionnait l’éducation physique au collège. Auparavant, la classe d’éducation physique consistait à apprendre ce qui se faisait dans la pratique et participer aux intercollèges. L’aspect théorique n’était nullement abordé. Il n’y avait pas d’examens. En fait, auparavant, il n’y avait pas beaucoup d’enseignants qui voulaient mettre l’éducation physique comme sujet «examinable» en SC. Aujourd’hui, il y a encore beaucoup à faire dans la manière d’enseigner l’éducation physique. C’est très différent de ce que c’était autrefois. La mentalité de certains professeurs doit changer.

Qu’est-ce qui doit être fait pour mieux enseigner l’éducation physique ?

Les enseignants, aujourd’hui, doivent être patients et apprendre davantage la théorie. Autrefois, ils n’avaient pas l’habitude d’être en classe pour expliquer ce qui est théorique. Beaucoup d’enseignants évitaient d’aborder l’aspect scientifique, par exemple, l’anatomie du corps humain. Les mentalités doivent changer. Or, annuellement, ce sont en moyenne 1 500 à 2 000 élèves, garçons et filles confondus, qui prennent part à cet examen au niveau national. Il y a bien un papier d’examen qui vient de Cambridge pour la partie théorique. Pour la partie pratique, cela vient de nous, mais selon le syllabus de Cambridge.

Étant un sujet assez facile, ne pensez-vous pas que l’éducation physique devrait être comprise sans difficulté par les élèves, même sans enseignant ?

Détrompez-vous. Au départ, en choisissant le sport comme matière, les élèves pensaient que cela allait être très facile d’avoir de bons résultats à l’examen. Il y avait aussi des directeurs d’école qui poussaient les enfants vers l’éducation physique quand ils ne savaient pas quelles matières choisir pour l’examen; l’éducation physique était devenue un dumping subject.

En tant qu’enseignante, vous savez que les élèves sont réticents à lire aujourd’hui. Selon vous, un livre n’est-il pas une mauvaise approche pour enseigner l’éducation physique ?

Vous avez raison, aujourd’hui, les enfants n’aiment pas lire. C’est pour cela que j’ai pensé à mettre les résumés des thèmes abordés à la fin de chaque chapitre. Les enfants n’ont pas besoin de lire le manuel complètement. En passant par les résumés, ils peuvent réviser. En outre, dans sa version révisée de 2023, Success in Physical Education contient des QR (Quick Response) codes à l’intention des élèves qui ne voudraient pas lire. En se tournant vers les QR codes inscrits dans le livre, ils accéderaient directement à des vidéos sur Internet.

Fiche signalétique

Nom : Honee Heerah
Age : 39 ans
Profession : Chef du département d’éducation physique à la MG SS de Moka.
Etudes : Détentrice d’un bachelor in Physical Education obtenu à Gwalior, Inde (quatre années d’études) après le HSC en 2003. Honee Heerah a ensuite obtenu un Post Graduate Certificate in Education au MIE, pour la pédagogie et l’enseignement. Plus récemment, elle a eu un Master of Education in Educational Leadership and Management.
Autres compétences : Coach depuis 2009 à la Royal Life Saving Society of Mauritius, coach au club de natation Pamplemousses Dolphin SC, Senior Coordinator pour la natation scolaire, programme conduit par le MSC.

Ce que contient le livre

Success in Physical Education pour les Grades 10 et 11 aborde des questions d’ordre théorique pour 50 % et d’ordre pratique pour 50 %. La partie théorique touche quatre sections. La première traite de l’anatomie du corps humain et de biomécanique. La deuxième touche les divers types d’entraînement existants, les disciplines ainsi que la nutrition. La troisième aborde la question du sponsoring, de son apport pour l’athlète et pour le sponsor ainsi que le hosting d’une compétition (sans oublier les préparations individuelles). Enfin, la quatrième section traite les influences sociales, éthiques et culturelles. «Pour la pratique, il y a une liste d’activités physiques. L’élève doit en choisir quatre de son choix. À l’école, normalement, les enseignants peuvent choisir les activités selon les infrastructures de l’établissement scolaire. Mais ils ne peuvent pénaliser les athlètes de haut niveau dont le sport n’est pas pratiqué à l’école, par manque d’infrastructure (exemple, piscine)», fait remarquer Honee Heerah. Ce livre est utilisé à Maurice dans de nombreux collèges. L’édition de 2017 qui a été revue mettait plus d’accent sur des questions et des working examples. Des questions, des modèles d’examen et des model answers. «En fonction du livre, il y a un continuous assessment sur les parties théoriques et pratiques en fonction du livre», ajoute Honee Heerah.