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Priscilla Chery: Une sportive accomplie

14 avril 2023, 21:00

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Priscilla Chery: Une sportive accomplie

Le parcours déjà magnifique de la judokate championne Priscilla Chery s’est enrichi avec son intégration comme commissaire au sein de la commission vétéran de la Fédération internationale de judo (FIJ). Rencontre.

Cooptée comme membre de la commission vétéran de la FIJ et nommée commissaire, Priscilla Chery devient la première Mauricienne à occuper une telle fonction. Elle écrit donc l’histoire. Une nouvelle fois, devrions-nous ajouter. Puisqu’elle l’a déjà fait, à plusieurs reprises, auparavant. Championne d’Afrique en 1994, première Mauricienne consacrée aux Jeux d’Afrique un an plus tard, première femme désignée Head Coach de la Fédération mauricienne de judo (FMJ). Sans compter ses multiples titres de championne nationale…

Alors, c’est quoi la recette derrière ses illustres accomplissements ? «L’humilité», répond posément la nouvelle commissaire. Elle ajoute : «Laisser le temps faire les choses. De nature, je suis patiente. Je travaille dans l’humilité et la discipline, sans attendre quoi que ce soit de particulier en retour. Encore moins, une récompense rapide. Je m’attèle toujours à mes tâches avec mon cœur. Et, quand c’est fait ainsi, on peut être sûr que quelque chose de bien en sortira.»

D’ailleurs, Priscilla Chery explique que l’institution de l’Association Masters African Judo, n’a pas été faite avec l’idée d’obtenir une nomination. «Mon unique objectif était de favoriser l’émergence du judo vétéran africain. Je voulais faire bouger les choses en ce sens en plaidant auprès de diverses fédérations du continent pour l’instauration de leur commission vétéran.»

Localement, il y en a déjà une, établie et active depuis l’année dernière à l’initiative de la Head Coach et d’une bande d’amis. Cette commission compte 44 membres à ce jour. Plusieurs rassemblements se sont déjà tenus. Et le dimanche 23 avril est prévue la toute première édition des championnats nationaux.

Maintenant, il s’agira pour Priscilla Chery d’étendre ces initiatives sur le continent africain. Avec le soutien de la FIJ. «Valeur du jour, il n’y a aucun tournoi continental pour les vétérans. Il faut pouvoir changer cela. Car, je peux vous dire qu’il y a une soif de compétitions chez les aînés. Il faut maintenant mettre en place les structures pour les accueillir.»

Un palmarès impressionnant

Elle pense déjà à l’élaboration d’un plan d’action qui promouvra l’organisation des Opens et de Masters. Connaissant la détermination qui l’anime, le courage qui l’a accompagnée tout au long de son parcours, elle réussira certainement dans sa nouvelle mission. Elle y parviendra aussi parce que, pour Priscilla Chery, le judo n’est pas simplement une passion. C’est une vocation.

Elle avait 12 ans quand elle a découvert cet art martial japonais, développé par le professeur Jigoro Kano. «Je suis allée assister à une séance d’entraînement à laquelle participait ma cousine, Monique Paul. En rentrant à la maison, j’ai dit à ma maman que je voulais faire du judo. Elle a ignoré mon intérêt dans un premier temps mais j’ai insisté, et mon obstination a fini par payer. Je lui ai arraché un oui. C’est ainsi que j’ai rejoint le Fraternel judo club.»

Priscilla Chery avait du talent. La preuve, deux ans après ses débuts, elle a participé, à 14 ans, à ses premiers championnats nationaux. Elle s’est alignée chez les seniors et a remporté la compétition. «Cette victoire a fait l’effet d’un déclic. Je me suis dit que j’ai du potentiel.» Un fait confirmé par Joseph Mounawah, ancien directeur technique national. «Après ma prestation, il m’a approchée et m’a dit que je deviendrai une championne si je poursuivais sur cette voie.» Et championne, elle est devenue…

Jetons un petit coup d’œil à son palmarès : championne d’Afrique chez les -66 kg en 1994 en Tunisie. Et cela, après avoir battu une Gabonaise, qui venait de s’imposer aux championnats du monde militaire. Championne des Jeux d’Afrique en 1995 au Cameroun dans les -61 kg. Des consécrations qui lui ont valu le titre de sportive de l’année lors de ces deux années respectives. Une participation aux Jeux olympiques de 1996 à Atlanta où elle n’a, hélas, disputé qu’un combat. Triple médaillée d’or en individuel aux Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) de 1993, 1998 et 2003. Lors de cette dernière année, elle a remporté l’or dans le tournoi par équipe également. Ses victoires lors de compétitions régionales tenues à La Réunion et à Madagascar se comptent par dizaines.

Entre la fin des JIOI de 1998 et le début des JIOI de 2003, elle a fait une petite pause. Dégoûtée, dit-elle, de l’ambiance qui prévalait dans le giron. «Je suis forte, certes, mais très sensible aussi. Il y a des choses qui ont été dites et qui m’avaient profondément blessée.» Heureusement, sa passion lui a donné la force de mettre tout cela de côté pour revenir en force.

Aujourd’hui, Priscilla a 51 ans, deux enfants, Amélie, bientôt 24 ans et Nicholas, 22 ans, et sa flamme pour le judo est intacte, comme à ses débuts. Celle-ci s’alimente des valeurs véhiculées par la discipline et qu’elle essaie d’appliquer dans chaque situation que la vie lui offre. Mais il faut dire que ses nombreux succès l’ont aussi entretenue.

De Paris, où elle a été résidente six mois durant (entre 1995 et 1996), à l’Institut national de sport, de l’expertise et de la performance au Japon, où elle a bien évidemment eu l’occasion de visiter le Kodokan, le Temple du judo, en passant par les grandes villes africaines, Priscilla Chery a visité, au moins, une vingtaine de pays, grâce aux nombreux tournois et stages auxquels elle a participé. «Les seules parties du monde où je ne me suis pas encore rendues, sont l’Amérique latine et l’Océanie.»

Elle aime voyager car, dit-elle, outre le fait que ces déplacements aient contribué à son évolution sportive, ils ont aussi servi à son épanouissement en tant qu’être humain car ils ont élargi sa vision du monde et son champ de rencontres.

Outre les dossiers vétéran et élite, Priscilla Chery initie les jeunes de la région de Vacoas au judo et aux valeurs de cette discipline. Elle anime deux séances hebdomadaires à leur intention au gymnase de Phoenix. Mais que fait-elle quand elle est hors du tatami, hors du dojo ? «Je cuisine; je fais de la zumba, et je regarde la télé. En ce moment, ce sont les séries coréennes que je savoure.»