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Le Neurostimulateur: un dispositif médical pour bloquer les douleurs chroniques et neurologiques

15 avril 2023, 22:00

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Le Neurostimulateur: un dispositif médical pour bloquer les douleurs chroniques et neurologiques

Et réduire drastiquement la prise d’antidouleurs

Il y a une lueur d’espoir pour les personnes qui souffrent d’atroces douleurs chroniques au dos et de douleurs neurologiques, au point de ne pouvoir se mouvoir ou d’un traumatisme sévère à la moelle épinière, qui les a rendus paraplégiques. Il s’agit d’un neurostimulateur, dispositif médical placé sur la colonne vertébrale et qui grâce à des impulsions électriques, bloque la transmission de la douleur de la zone affectée au cerveau, réduisant drastiquement la prise d’antidouleurs et d’autres médicaments. Importé par Health Focus Ltd, ce dispositif médical est mis en place par le Dr Khoosund Ramlugon, «Orthopedic Spine Surgeon». Une jeune femme rendue paraplégique après un accident de Quad Bike l’a essayé et dit avoir éprouvé un certain répit.

Health Focus Ltd, qui représente les nouvelles technologies médicales, est dirigée par Ravish Parepiah. Cette entreprise importe ce dispositif médical, fabriqué par l’américain Medtronic, leader mondial des dispositifs médicaux. Jusqu’ici, l’Orthopedic Spine surgeon Khoosund Ramlugon, a posé six dispositifs de ce type sur des patients dont deux à Maurice.

Ce dispositif médical, explique le Dr Ramlugon, s’adresse à deux types de malades. Il est pour les personnes qui ont subi une rupture incomplète de la moelle épinière lors d’un accident et qui sont rendues paraplégiques, tout en ayant encore une certaine sensation dans les extrémités, et pour celles qui ont des douleurs neuropathiques chroniques graves. Dans les deux cas de figure, ces personnes doivent ingurgiter quotidiennement 20 à 30 antidouleurs, des psychotropes et parfois des antidépresseurs car leur état d’immobilité finit par affecter leur mental.

Deux parties

Ce neurostimulateur se présente en deux parties et est posé en deux temps. Ce dispositif médical, entièrement en titane, comprend une plaque renfermant 16 électrodes que le chirurgien va introduire, sous anesthésie générale, dans le canal entre la moelle épinière et les vertèbres. Cette plaque sera maintenue en place par des sutures spéciales. Trois fils conducteurs, liés à ladite plaque, sont ramenés du dos à l’abdomen et sortent par une petite cavité. Ces fils sont reliés à un boîtier posé avec une ceinture velcro sur l’abdomen et programmable à travers un mini-ordinateur. Des signaux informatiques sont données au boîtier pour qu’il envoie des impulsions électriques variant entre un à trois volts au patient dès qu’il commence à éprouver de la douleur. Ces impulsions électriques bloquent alors la transmission du message au cerveau. «Le patient va instantanément ressentir une accalmie importante de la douleur allant de 80 à 90 %», précise le Dr Ramlugon. Les 16 électrodes qui correspondent à des zones précises du corps ne seront pas activées simultanément. Seules ceux contrôlant la zone affectée le seront. Cette première étape est la phase d’essai et d’ajustement et elle varie entre une à deux semaines. Tous les trois à quatre jours, le neurostimulateur est rechargé à l’aide d’une batterie externe, posée sur l’abdomen, là où se trouve le boîtier temporaire.

La deuxième phase consiste à insérer au niveau sous-cutané et toujours dans l’abdomen le dispositif permanent, qui sera relié aux trois fils conducteurs. Le neurostimulateur, qui est totalement compatible avec l’Imagerie à Résonance Magnétique, précisent Ravish Parepiah et le Dr Ramlugon, obéira au programme informatique initial mais le patient pourra moduler le voltage des impulsions électriques en fonction de sa douleur. Dépendant des cas, il est possible pour le chirurgien de brûler la première étape et de poser directement le neurostimulateur permanent. Cette intervention dure généralement entre une heure et une heure et demie. La partie purement chirurgicale, qui consiste à poser le dispositif et à le retenir en place, relève du Dr Ramlugon, qui revoit le patient deux semaines après l’intervention et ensuite deux mois plus tard alors que la partie programmation informatique repose sur les épaules de Ravish Parepiah de Health Focus Ltd.

Temps d’adaptation

À la longue, précise le Dr Ramlugon, «toutes les douleurs neuropathiques vont disparaître, le temps pour la moelle épinière de s’adapter aux impulsions électriques.» Le temps d’adaptation dépend de l’importance du traumatisme, ajoute-t-il.

Les avantages du neurostimulateur sont que le malade n’a plus besoin de prendre autant d’antidouleurs et autres médicaments. De plus, psychologiquement, il se sent mieux et peut gagner en mobilité. «Le premier patient que j’ai opéré à Maurice avait fait une chute de sa maison et avait eu la moelle épinière écrasée mais pas complètement rompue. Après que je lui ai placé le neurostimulateur, il a pu gérer sa douleur et il arrive même à conduire sa voiture, qui a été spécialement aménagée pour son état, à aller déposer ses enfants à l’école et à aller travailler. La seule chose qu’il ne peut faire seul c’est se tenir debout car ses pieds sont atrophiés et ne peuvent soutenir le poids de son corps.»

Le deuxième patient sur qui le Dr Ramlugon a posé un neurostimulateur est en fait une jeune femme de 28 ans, anciennement employée de laboratoire, qui vit à la périphérie de Port-Louis. Elle a bien voulu se raconter anonymement. Elle avait 23 ans lorsqu’elle a fait une sortie en Quad bike. «Mon Quad s’est bloqué dans la forêt où je me trouvais et je n’avais pas conscience du danger qui m’entourait.» En essayant de débloquer le Quad bike pour le faire repartir, l’engin a redémarré brusquement et s’est emballé, plongeant 12 mètres plus bas dans un ravin. «Quand j’ai repris connaissance, j’étais dans une rivière au fond du ravin. Mais après cela, mes souvenirs sont vagues car j’étais gravement blessée. Et je souffrais beaucoup.»

Et quand elle est revenue à elle, la vérité brutale et implacable lui est apparue. «J’étais devenue paraplégique. J’étais une personne tellement indépendante et du jour au lendemain, je me suis retrouvée clouée à un lit. Il m’était impossible de marcher et j’avais une absence de sensibilité et de motricité dans la moitié inférieure de mon corps. C’est la pire des choses qui puisse arriver à quelqu’un. Je n’aurais pas assez de mots pour exprimer le sentiment d’impuissance que l’on éprouve quand on prend conscience de son état.»

Cette immobilité s’est accompagnée de terribles douleurs neurologiques, l’obligeant à prendre plus d’une vingtaine de médicaments par jour - des antidouleurs et des antidépresseurs. Quand elle a entendu parler du neurostimulateur, elle a voulu l’essayer. L’intervention a eu lieu le 28 octobre dernier. Depuis, ce dispositif médical atténue grandement ses douleurs et lui a permis de réduire sa prise de médicaments. «J’ai même recommencé à pouvoir m’asseoir sur mon fauteuil roulant. Sans compter que je n’ai plus la migraine sévère que j’avais si fréquemment auparavant. J’ai même un soulagement parfois dans la douleur chronique qui me prend au bas du dos.» Mais de temps en temps, la douleur la reprend et elle doit augmenter le voltage des impulsions électriques du neurostimulateur. «Je suis toujours dans une phase d’adaptation avec ce dispositif médical. Le directeur de Health Focus Ltd est très sympathique et est toujours présent pour tenter de trouver la meilleure programmation pour que je puisse avoir un bon répit.» Le Dr Ramlugon indique que son cas était plus grave que le premier patient sur qui il a posé le neurostimulateur mais ce qui n’aide pas à Maurice, c’est que le système de santé ne dispose pas d’une équipe de professionnels travaillant en simultané à la rééducation des nerfs et des muscles.

«Cela va prendre du temps mais je garde toujours l’espoir que le Tout-Puissant m’aidera à aller mieux et à me faire retrouver l’usage de mes jambes et de mes pieds», déclare la jeune femme.

Comme toute technologie nouvelle, le neurostimulateur a un coût important. «Ce dispositif médical coûte entre Rs 700 000 et Rs 900 000. Pour l’intervention, il faut compter jusqu’à Rs 200 000 à Rs 300 000. Donc, autant dire qu’il faut dépenser entre Rs 1.2 à Rs 1.3 million pour pouvoir se faire poser ce dispositif médical et ne plus souffrir.»

Bien qu’elle ne soit pas fortunée, notre paraplégique estime que le neurostimulateur est un bon investissement pour les douleurs neuropathiques. «Ce dispositif médical soulage vraiment la douleur et ne procure aucun effet secondaire.»

Comme seule contre-indication, le Dr Ramlugon évoque la possibilité de rejet. «Généralement, le corps ne détecte pas et tolère bien ce dispositif médical entièrement en titane. Mais une personne sur 100 millions d’autres peut faire une réaction allergique et un rejet du neurostimulateur. Ce qui, dans l’absolu, n’est pas énorme.»