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Manière de voir: le jaque, le steak de demain

21 avril 2023, 18:00

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Manière de voir: le jaque, le steak de demain

Depuis la fin du siècle dernier, nous savons déjà que la Terre ne peut plus produire suffisamment pour nourrir toute la population mondiale. C’est la rançon de son appauvrissement au nom de la productivité. En outre, l’homme a bétonné à tout-va. D’autre part, nous consommons trop de viande rouge et d’ici deux décennies, elle doit presque disparaître. La recherche s’active déjà pour trouver en laboratoire un ersatz, un succédané au steak dont nous ne pouvons plus nous passer. Mais la nature est là…

Des essais de steak synthétique ont déjà eu lieu. Pas très convaincants au niveau du goût malgré une apparence… trompeuse. Mais pourquoi se passer de bonne viande de bœuf, d’agneau, de mouton, de porc ou de veau, cela, pour des raisons écologiques incontestables ? Imaginez ces énormes cheptels de bœufs en Australie, en Argentine, aux États-Unis. Leur pet est une véritable bombe de méthane, un gaz dangereux pour l’effet de serre, d’autant qu’il va s’attaquer à la fine couche d’ozone qui nous protège des rayons solaires.

Le plus gros fruit comestible

De nombreux nutritionnistes et diététiciens semblent avoir trouvé une solution pour l’avenir grâce à ce fruit tropical qu’est le jaque ou fruit du jacquier, le plus gros fruit comestible sur terre. Oui, il s’agit bien du jaque que nous connaissons bien et qui est cultivé à Madagascar, aux Comores et à La Réunion. Le jacquier est originaire du Sud de l’Inde, du Sri Lanka, de la Malaisie, de l’Indonésie et des Philippines. Nous le connaissons d’autant mieux qu’il a beaucoup servi durant le blocus de la Seconde Guerre mondiale. Privés d’importations, des habitants ont eu recours au manioc (sans se mettre en quatre), à la patate douce, au fruit à pain et au jaque, entre autres, pour se nourrir.

La consommation actuelle du jaque est minime puisqu’elle est considérée comme «le fruit du pauvre». Mais on le trouve toujours dans les grands marchés, comme celui de la capitale. Le jacquier est un arbre d’une quinzaine de mètres qui n’aime pas la sècheresse. Le fruit, le jaque donc, pousse à même le tronc ou sur les grosses branches. La première récolte ne survient qu’après trois ans. Sa peau épaisse est entièrement recouverte de picots. Le jaque est de forme ovoïde ou oblongue. Mûre, elle peut peser lourd.

Si chez nous, les jeunes générations le connaissent mal, il a gagné en popularité, notamment auprès des végans et végétariens. On constate cette remontée dans son utilisation au Royaume Uni, en Australie, en Argentine, au Brésil, en Afrique du Sud, aux États-Unis et au Canada. On retrouve ce fruit filandreux d’un jaune écarlate dans de nombreuses recettes comme le curry, les frites, en légume qui accompagne le porc ou le poulet. Aux États-Unis, ils ont même lancé le chicken jackfruit burger.

Attention aux graines à l’intérieur de la gousse jaune du jaque. Crues, elles sont toxiques. Les Mauriciens le savent puisqu’ils les font griller ou bouillir avant de les déguster. Que de souvenirs pour les anciennes générations. Entre autres recettes, nous vous recommandons le «ti-jaque au lard fumé boucané», une spécialité de La Réunion. Pour les gourmands, c’est «un shot d’énergie».

Un manque de protéines

Le jaque est riche en vitamines et en minéraux mais il lui manque quelque chose d’essentiel sur le plan nutritif. D’une valeur nutritive de 95 calories, le jaque contient de la vitamine C mais elle est surtout très riche en vitamines B, notamment la B6, et en magnésium. Faible en gras et sans cholestérol, d’une haute teneur en fibres et en potassium (attention pour ceux qui souffrent de problèmes rénaux), il regorge de nutriments.

Sur le plan purement médical, le jaque contrôle la fréquence cardiaque et la pression artérielle ; sa richesse en fibres facilite la digestion ; c’est un antioxydant qui prévient l’ostéoporose tout comme l’ulcère d’estomac. Certains cancérologues considèrent même qu’à longue échéance, il peut être efficace contre le cancer du côlon, un des plus répandus. Toutes ces données sont certifiées par des spécialistes de différentes nationalités.

Hélas, il y a un hic. Contrairement à la viande, le jaque contient très peu de protéine (rien que 3 %) vitale pour une bonne santé et un régime équilibré. Aussi, il est fortement conseillé aux adeptes du végan et du végétarien de combler cette lacune en y ajoutant des protéines sous forme de légumes, par exemple. Mais on peut sans risque consommer du jaque deux ou trois fois par semaine en y ajoutant des aliments protéagineux.

La protéine entre dans une forte proportion dans la constitution des êtres humains. Elle n’existe pas seulement dans la viande rouge. Profitons-en pour signaler quels sont les produits les plus riches en protéine pour compenser ce manque dans le jaque. Parmi les fruits, le pruneau, la pêche, le kiwi, la goyave, le pamplemousse, l’avocat, les raisins secs, le fruit de la passion (grenadine), la grenade. Parmi les aliments, les œufs, les noix et les grains (noix, noisette, amande). Pour compléter, il y a le poisson, surtout le saumon, les fruits de mer, les crevettes ; mais le numéro un dans cette catégorie reste la morue séchée. On en trouve aussi dans le tofu et le soja. N’oublions pas les légumes comme le brocoli, les épinards, les petits pois ; les céréales comme le riz ; les fruits secs et les légumineuses comme les lentilles ou les pois chiches.

Des petites surprises pour terminer que nous avons tendance à négliger. Ce petit fruit rouge qu’est la roussaille ne se récolte qu’une fois par an et contient dix fois plus de vitamine C que l’orange. Saviez-vous quel est l’aliment, selon certains spécialistes, le plus riche en nutriments et en vitamines, et qui ne coûte vraiment pas cher ? C’est le… cresson. Il renferme de multiples bienfaits.

Nous vous souhaitons donc un bon kari zak en famille ce week-end.