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Enquête Judiciaire | Affaire Kistnen: plus d’un an après, l’enquête policière toujours au point mort
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Enquête Judiciaire | Affaire Kistnen: plus d’un an après, l’enquête policière toujours au point mort
En dépit de plusieurs correspondances envoyées par le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) au commissaire de police (CP), il dit toujours attendre une réponse sur les développements de l’enquête policière dans l’affaire de feu Soopramanien Kistnen. Le dossier Kistnen serait-il déjà devenu un «cold case» ? Ce crime non élucidé mériterait une fois de plus l’intérêt de la justice.
Cela fait plus d’un an que le bureau du DPP, après avoir pris connaissance des conclusions du tribunal de Moka sur l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur la mort de Kistnen, a fait une demande pour une «in-depth inquiry» de la police. À ce jour, aucune indication sur les progrès de l’enquête. Le bureau du DPP a envoyé maintes correspondances au CP pour prendre connaissance des développements dans cette affaire, la dernière en date du 7 avril 2023, un énième reminder pour savoir où en est l’enquête. Mais, aucune réponse à ce jour.
Dès la réception des conclusions de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, du tribunal de Moka, le DPP d’alors, Me Satyajit Boolell, avait, le 26 janvier 2022, avisé le CP de procéder à une enquête approfondie. Son successeur Me Rashid Ahmine reste, lui aussi, concentré sur l’urgence de boucler l’enquête policière afin d’identifier, une fois pour toutes, les responsables du décès de Soopramanien Kistnen, survenu entre le 16, jour de sa disparition, et le 18 octobre 2020, jour de la découverte de son cadavre.
Or, les retombées de l’enquête de la police sont primordiales. Alors que la police n’avait mis que quelques jours pour conclure que la mort de Kistnen était un «suicide», pourquoi prend-elle autant de temps avec l’enquête cette fois ci ? Nous avons tenté de trouver des explications auprès du CP, mais ce dernier ne communique pas. Sa cellule de communication n’a pas répondu à nos questions non plus.
«D’autres cas urgents»
Des officiers proches du dossier indiquent, cependant, que l’enquête est toujours en cours, mais qu’il y a d’autres dossiers plus anciens et plus urgents sur lesquels ils travaillent. «C’est un cas compliqué, mais il ne faut pas oublier qu’il y a aussi plusieurs autres anciens dossiers, tels que Michaela Harte et Nadine Dantier ,sur lesquels nous travaillons toujours», disent-ils. Et d’ajouter : «Nous avons déjà interrogé plusieurs personnes et d’autres suspects potentiels seront interrogés. Cela va prendre le temps qu’il faut jusqu’à ce qu’on mette la main sur le ou les coupables.» Après les troublantes conclusions de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, ne devrait-il pas y avoir une égalité parfaite dans les moyens matériels et humains déployés pour traiter l’affaire Kistnen ? La police veut-elle dire que cela prendra une dizaine d’années avant que l’enquête soit bouclée ? Ou le dossier est-il déjà considéré comme un cold case, rangé dans un tiroir ?
Des enquêteurs externes
Il y a divers scénarios pour expliquer les raisons pour lesquelles cette enquête piétine, d’autant plus qu’elle a une portée politique. Des membres de la force policière qui reconnaissent qu’il y a urgence sont d’avis qu’un critère important, quand on reprend une telle affaire, est d’avoir un service d’enquêteurs externes à ceux qui en avaient la responsabilité avant. «Le travail consiste à étudier de nouvelles pistes ainsi que de reprendre les pistes déjà étudiées. D’où l’importance de ne pas être pollués par rien du tout», indique-t-on. Mais pour une telle démarche il faut avoir la compétence, la volonté et le courage nécessaires.
Au bureau du DPP, l’on est catégorique : la balle est dans le camp du CP qui doit faire avancer l’enquête à son niveau afin que la poursuite puisse prendre une décision. Il serait aussi souhaitable que la police communique sur le progrès du dossier. Dans ce genre d’enquête, les policiers pourraient se retrouver face à des difficultés procédurales. Si tel est le cas, pourquoi le CP ne cherche-t-il pas de l’aide dans l’intérêt de la justice?
Droit d’accès au dossier
Il existe une Victim and Witness Support Unit au bureau du DPP où les familles de victimes et de témoins peuvent obtenir des informations liées à leur cas. Bien que la police ne veuille pas communiquer, la veuve de Soopramanien Kistnen, Simla Kistnen, a, elle, un droit d’accès au dossier. Elle n’accepte toujours pas que l’enquête n’aboutisse pas après tout ce temps. «Dépi tou sa létan la, pan tan nayen. Mo byen ankoler. La polis pa pé fer so travay. Zamé zot inn apel mwasi. Mo pou get mo ban avoka pou geté ki bizin fer», a-t-elle confié à l’express. Il n’y a aucune raison de ne pas associer Simla Kistnen aux informations dans ce dossier et elle compte bien adresser une correspondance à cette unité pour faire valoir ses droits. Il serait peut-être temps d’avoir un pôle cold case, comme dans certains pays, dédié aux affaires qui n’ont pas encore livré de coupables et dans lesquelles la justice n’a pas été rendue jusqu’à présent. De quoi redonner espoir aux familles concernées par d’autres cas non résolus.
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