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Ashok Chundunsing: «L’hippisme meurt comme notre football»
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Ashok Chundunsing: «L’hippisme meurt comme notre football»
Ashok Chundunsing est de ceux qui ont été à la fois témoins et acteurs des beaux jours du foot à Maurice. Il en parle avec passion, tout comme des courses hippiques, espérant ne pas voir mourir le Champs-de-Mars, comme le foot d’antan.
Vous étiez un des grands footballeurs, le coach de la sélection mauricienne de foot et vous êtes aussi passionné de courses hippiques. Avant que vous parliez de ces sports qui attiraient de nombreux Mauriciens, parlez- nous de votre parcours.
Je suis natif de Morcellement St-André et je suis venu habiter à Port-Louis en 1969. J’ai joué au sein des Hindu Cadets et j’ai été capitaine de cette équipe quand, pour la première fois de son histoire, elle a été sacrée championne en 1975. Ensuite, j’ai été coach de la sélection mauricienne aussi bien que de quelques équipes, notamment du Sunrise FC, l’équipe mauricienne qui a le plus brillé sur le continent africain dans les années 80. Oui, étant Portlouisien, j’ai une grande passion pour les chevaux et je vais aux courses régulièrement ; j’assiste même aux entraînements presque chaque matin. Il y a des constructions çà et là au Champ-de-Mars qui rendent cet hippodrome laid.
Allez-vous toujours aux courses ?
Oui. Comme je vous ai dit, j’ai une grande admiration pour les chevaux et, bien sûr, je mise quelques centaines de roupies sur les coursiers. Mais, aujourd’hui, je suis triste quand je vais au Champ-de-Mars. Il est méconnaissable, avec des infrastructures qui dégradent ce lieu très populaire. Je suis triste, surtout avec la disparition du terrain de foot du YMFA, là où ont été construits des boxes pour les chevaux. Savez-vous que, comme moi, de nombreux jeunes ont joué au foot sur ce terrain et qu’ils ont évolué dans des équipes d’élite ? J’étais à l’slamic College de Port-Louis et, souvent, il y avait des tournois inter-collèges au Champ-de-Mars.
À qui la faute si on est arrivé à une telle situation ?
La faute revient aux politiciens. Les autorités tolèrent ce qui se passe au Champ-de-Mars. L’organisateur fait comme bon lui semble sans être inquiété. De mémoire, je n’ai jamais vu une interruption des courses pendant trois semaines. La piste est méconnaissable. Les courses hippiques, à mon avis, vont connaître le même sort que le football.
Avant de parler du football, que pensez-vous des courses qui pourraient être organisées à Petit-Gamin ?
Je ne connais pas cet endroit, même si je sais que c’est à environ deux kilomètres du village d’Arsenal. Je me demande si le grand public pourra y faire le déplacement. Comment un sudiste pourrait y aller ? Et j’ai appris que le chemin vers ce centre d’entraînement, qui pourrait être utilisé comme un hippodrome, est étroit. Je le redis : les courses hippiques connaîtront une triste fin s’il n’y a pas de réaction des autorités par rapport au Champ-de-Mars.
Parlons du foot. Comment en est-on arrivé là ?
D’abord, il y a eu cette politique de «décommunaliser» le football. J’ai, moi-même, joué pour les Hindu Cadets. Pourtant, j’étais ami avec les joueurs des autres équipes. Dans mon village natal, il y avait plusieurs joueurs des Muslim Scouts et on se côtoyait tous les jours. Ensuite, il y a eu un début de football professionnel, notamment avec le Sunrise.
Mais, au fil des ans, les jeunes ne se sont plus intéressés à jouer au foot. C’est un sport qui n’attire plus. Ces jeunes ne connaissent pas le nom des équipes de foot de chez nous. Ils peuvent vous donner tous les noms des joueurs de Liverpool, de Manchester United, d’Arsenal et de Manchester City sans pouvoir vous citer deux joueurs de l’équipe sacrée championne à Maurice récemment. Et ils ne connaissent même pas le nom de cette équipe !
Malgré tout, vous vous rendez quand même au Champ-de-Mars…
J’habite non loin de cet hippodrome. J’aime jouer, rencontrer des gens et j’aime jouer au piquet. Dès l’enfance, je suspendais des boîtes de conserve vides (lamok) sur les arbres, et je visais. Donc, je continue cette passion avec le jeu de piquet. C’est comme cela que j’ai développé ma dextérité et cela m’a aidé au football, car ceux qui me connaissent savent à quel point j’étais précis dans les passes et aussi dans les tirs.
Mais, je regrette pour ces jeunes. Ils n’ont ni les courses et encore moins le foot pour se distraire. Et on ose parler de la prise de drogue chez de nombreux jeunes ! Alors, Messieurs des autorités, agissez. Il est déjà tard. N’attendez pas le point de non-retour ; il sera alors trop tard.
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