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L’express 60 ans│1971: l’année de l’état d’urgence, des grèves et des attentats politiques
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L’express 60 ans│1971: l’année de l’état d’urgence, des grèves et des attentats politiques
1971, une année qualifiée de sombre pour le pays. Quatre ans après l’accession de Maurice à l’indépendance, le pays connaît des soubresauts politiques, en particulier avec le Mouvement militant mauricien (MMM), dirigé par le jeune Paul Bérenger. Après un succès retentissant lors de l’élection partielle dans la circonscription de Pamplemousses-Triolet (n°5) avec la victoire de Dev Virahsawmy en 1970, le MMM a donné du fil à retordre au gouvernement de coalition dirigé par Seewoosagur Ramgoolam avec l’aide de Gaëtan Duval. C’est Maurice Lesage, de l’Union démocratique mauricienne (UDM), créée après une scission du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), qui est le leader de l’opposition. Cette année-là se termine avec l’instauration de l’état d’urgence dans le pays.
Il convient de noter qu’Anerood Jugnauth démissionne du Parquet le 30 septembre et devient par la suite président du MMM.
En août, plus précisément le jeudi 12, l’Union des travailleurs de l’industrie des transports (UBIW), syndicat affilié au MMM, déclenche la première grève. Le transport public est paralysé, et 75 000 passagers éprouvent des difficultés à circuler dans le pays. Suite à cette grève, des arrestations sont effectuées, dont celle de Paul Bérenger. Il est libéré quelques jours plus tard, le 25 août.
Face à l’ampleur du mécontentement des travailleurs des transports, le gouvernement nomme un arbitre en la personne du juge Droopnath Ramphul. Dans son rapport, le juge blâme sévèrement le ministre du Travail, Bhergoonath Ghurburrun, qui aurait pu régler le litige. Le juge-arbitre recommande une augmentation de 15% des salaires des travailleurs de l’industrie des transports.
La grève prend alors une tout autre ampleur. Elle s’étend à d’autres secteurs, notamment l’industrie sucrière, le port, les municipalités et chez Blendax, une entreprise produisant du papier. On évoque un blocage et l’on se demande si la récolte sucrière de cette année-là sera compromise. L’industrie sucrière est très affectée par la grève, et de nombreux champs de canne à sucre sont incendiés. Le MMM multiplie ses actions sur le terrain, et un grand rassemblement est organisé à la Place du Quai, où plus de 15 000 personnes sont présentes.
Le jeudi 6 octobre, Fareed Muttur, membre de l’exécutif du MMM, est grièvement blessé dans un accident de la route et décède le lendemain. Cet accident précède de quelques mois un attentat contre Azor Adélaïde, un autre militant du MMM.
D’autres événements marquants
En janvier, le MMM prépare une manifestation contre le président Banda du Malawi pour protester symboliquement contre son gouvernement dictatorial et le sort qu’il réserve aux progressistes du Malawi. On annonce également le lancement de la Development Works Corporation sous la direction de Michael Leal, ancien ministre d’État des Travaux. Pendant ces mois, trois fonctionnaires, dont le chef pathologiste du ministère de l’Agriculture, Zeel Peerun, sont suspendus. Ce fonctionnaire rejoindra plus tard le MMM.
En février, le Fonds des Nations unies accorde une aide alimentaire aux familles vulnérables, soit 40 grammes de lait en poudre et 100 grammes de farine.
En mars, Sir Abdool Razack Mohamed annonce son retrait de la politique. René Noël quitte le Joint Economic Council et prend la direction d’une sucrerie en Côte d’Ivoire. Suresh Moorba du MMM est condamné à une amende de Rs 25 pour avoir organisé une réunion illégale au Champ-de-Mars. Le Premier ministre Seewoosagur Ramgoolam annonce la construction d’un hôtel d’une valeur de Rs 10 millions à Colline Monneron, qui ne verra jamais le jour.
En avril, 300 personnes manifestent à l’hôpital de Montagne-Longue pour protester contre sa fermeture. Des élections municipales sont également organisées dans deux districts de Curepipe et l’UDM les remporte face au PMSD. Le même mois, Seewoosagur Ramgoolam est accueilli par 8 000 personnes à Port-Mathurin à Rodrigues. Il s’y est rendu sur le bateau HMS Llandaff. Monseigneur Jean Margéot se prononce contre l’avortement.
En mai, Gaëtan Duval se rend au Swaziland, ce qui gêne le gouvernement, et Veerasamy Ringadoo précise qu’il ne s’y est pas rendu au nom de l’État mauricien. Le même mois, le gouvernement emprunte une somme de Rs 350 millions de la Banque mondiale. Le CEB annonce une augmentation du tarif de l’électricité.
Le 2 juin, le gouvernement annonce un plan quinquennal qui coûtera Rs 1 098 millions. Le 6 juin, le MMM remporte haut la main les élections organisées à Beau-Bassin-Rose-Hill. Six jours plus tard, deux députés de l’UDM rejoignent le PMSD. Sur le plan culturel, l’actrice indienne Viyanthimala, très populaire dans le pays, est accueillie à Maurice par Sharmila Ringadoo, fille de Veerasamy Ringadoo. Son arrivée fait l’objet d’un reportage signé Jean Claude de l’Estrac. Elle donne notamment un concert au Plaza et les prix des billets sont les suivants : première Rs 15, seconde Rs 10 et troisième Rs 5 !
Suite à la manifestation contre le président Banda en janvier, il y a un premier procès sous la Public Order Act.
En juillet, six membres exécutifs du MMM démissionnent. Il s’agit de Chafick Jeerooburkhan, R. Shreekissoon, K. Goburdhun, B. Gokool, G. Meetoo et A. Ramzun. Le 12 juillet, Suresh Moorba est expulsé du MMM. Le 27 juillet, l’annonce est faite que les élections municipales sont reportées. Dans le carnet mondain, on apprend que Deepak Heeramun, fils adoptif de Seewoosagur Ramgoolam, se marie avec Rani Gopaul. Le 23 juillet, Sir Kher Jagatisingh fête ses 40 ans.
Sur le plan sportif, Jean-Claude (Nano) Sauzier, considéré comme l’un des meilleurs gardiens de but que Maurice ait connus, annonce qu’il abandonne le football, rapporte l’express dans son édition du 30 juillet. Il a été le premier sportif à être nommé membre de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE) et pratiquait également le tennis.
Au début du mois d’août, le fils de Gaëtan Duval, Xavier-Luc, âgé de 12 ans, visite Maurice incognito. Il est aujourd’hui le leader de l’opposition.
Le 12 septembre, des élections villageoises sont organisées. Le MMM enregistre ses premières défaites. Présent officiellement dans 27 villages avec son symbole «Cœur», il remporte 16 victoires contre 11 défaites. Le parti soutient d’autres groupes dans 17 autres villages et revendique 13 victoires contre quatre défaites.
En décembre, l’industrie sucrière annonce des gratifications de fin d’année d’un montant de Rs 11 millions pour quelque 70 000 travailleurs.
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