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Education (Amendment) Regulations Act 2022: ce nouveau cadre légal qui met des enseignants au chômage

12 mai 2023, 15:32

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Education (Amendment) Regulations Act 2022: ce nouveau cadre légal qui met des enseignants au chômage

Une pagaille s’est installée depuis la mise en place de nouveaux règlements pour les enseignants du secondaire. Entre chômage technique et nouvel aménagement, la situation reste sans issue pour certains. Zoom sur ces changements.

Jusqu’à décembre 2020, il fallait une licence universitaire (degree) dans une matière pour l’enseigner dans les collèges d’État et privés. Une Teacher’s Licence émise par la Private Secondary Education Authority (PSEA) était aussi exigée pour enseigner jusqu’à un maximum de trois matières. Or, le conseil des ministres a, depuis, pris la décision qu’un enseignant doit détenir un Post Graduate Certificate in Education (PGCE) ou un BA in Education d’une institution reconnue. D’ailleurs, le Pay Research Bureau (PRB) encourage les enseignants à suivre le PGCE pour avoir une gratification financière et être aux normes de l’enseignement.

Cette décision unilatérale a été appliquée en janvier 2023 pour les aspirants enseignants, les supply teachers et les remplaçants dans les établissements privés. De ce fait, toutes les annonces de recrutement mentionnent le PGCE ou un BA in Education, rendant impossible aux établissements d’embaucher ou de garder des jeunes non-titulaires, employés temporairement ou en remplacement. Parmi ceux impactés par la nouvelle réglementation, certains venaient de quitter leur emploi pour embrasser le métier d’enseignant. Pourtant, au même moment, le Mauritius Institute of Education (MIE) recrutait uniquement des enseignants à temps complet pour le PGCE. Sauf pour certaines matières, il fallait un minimum d’inscrits pour que les cours aient lieu.

Cela a causé un manque accru d’enseignants sur le marché, vu que peu de candidats ont le PGCE. Ce constat est visible dans les établissements privés subventionnés par l’État et dans le secteur public avec un nombre restreint de candidats comme supply teachers. Ces derniers sont employés pour l’année scolaire pour pallier le manque d’enseignants dû à des congés de maternité, des départs à la retraite ou pour cause de maladie. Entre-temps, la PSEA avait annoncé qu’elle ne délivrerait pas de nouvelles licences aux demandeurs. Ce qui fait qu’il fallait absolument avoir son PGCE ou un BA in Education pour être recruté. Pour les enseignants déjà en poste et confirmés, cette règle ne s’applique pas. Mais s’ils souhaitent changer d’établissement scolaire sans demander un transfert, ils doivent alors être détenteurs d’un des deux diplômes exigés.

Aménagements du ministère de l’Éducation

De nombreux enseignants se sont trouvés au chômage technique. Face aux protestations des enseignants et des syndicats, dont l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), après un peu plus d’un mois, le ministère de l’Éducation a fléchi en autorisant les aspirants enseignants à être employés temporairement et à suivre les cours de PGCE pendant les trois prochaines années. Cependant, ils doivent continuer à s’enregistrer aux programmes de formation du MIE. Dans le programme à temps complet, les aspirants enseignants seront envoyés en stage. Alors qu’en part-time, ils doivent être déjà en poste. Mais, la PSEA a aussi émis des directives pour des matières techniques, comme ICT/Computer, Design and Communication/Technology, Home Economics et Travel & Tourism, où certaines licences étaient acceptées. Or, pour le PGCE, ces cours n’étaient jusqu’ici pas dispensés, faute de demandeurs.

C’est pour cela que le secteur public demande aux retraités de venir prêter main forte, pour que les aspirants puissent enseigner et terminer leurs années d’apprentissage. Toutefois, ce qui fait réagir les internautes, c’est que les supply teachers, qui se donnaient corps et âme dans la profession dans les collèges d’État, ne pouvaient être employées à temps complet. En effet, il fallait que la Public Service Commission (PSC) annonce des avis de recrutement avec une traditionnelle interview. Beaucoup d’entre eux sont là depuis de longues années, mais ils n’ont pas la perspective d’une meilleure offre.

Manque de personnel: un recrutement plus efficace réclamé

Le recrutement d’enseignants retraités fait polémique. En effet, pour pallier le manque, l’État propose d’embaucher des retraités pour un package de Rs 50 000. Ce qui fait sourciller ceux qui ne peuvent y aspirer. «En Computer studies, il y a un manque accru d’enseignants. Pourtant, on peut pallier cette pénurie. On a institué des règlements qui paralysent tout un secteur – l’éducation», déclare Munsoo Kurrimbaccus, secrétaire de l’Union of Private Secondary Education Employees. Le problème vient de la non-reconnaissance de certains diplômes. Pourtant, renchérit-il, ils ont été utilisés pendant des décennies et ces enseignants ont fait leurs preuves. «C’est une situation extrême aujourd’hui, nécessitant le recours aux éducateurs retraités pour colmater la pénurie. Dans quel pays a-t-on vu cela ? Alors que des chômeurs diplômés sont en quête de travail, on va employer des retraités ? Cela pénalise ces futures recrues face à ceux qui touchent déjà leur pension.» Ce recours aux éducateurs-pensionnaires coûterait bien plus que de recruter des jeunes sur le marché.

Munsoo Kurrimbaccus suggère de ne pas se focaliser sur l’intitulé des diplômes, mais plutôt sur leur contenu car cette limitation entrave le recrutement. Outre l’informatique, le Travel & Tourism, les mathématiques, l’anglais, le français et d’autres matières peinent à trouver preneur. Plusieurs collèges d’État sont confrontés au problème. «J’ai discuté avec une responsable qui a confirmé cette pénurie de profs et son impuissance face à cette situation.» Pour Clive Anseline, chargé de communication du Service diocésain de l’éducation catholique, le manque d’enseignants se stabilise au niveau des collèges confessionnels. «Les responsables d’établissement n’ont plus trop de mal à trouver des candidats pour des postes vacants. Les choses s’arrangent graduellement.»

Un fait concédé par Macfouz Joomun, recteur de l’Islamic Cultural College. Pour résoudre le problème, il faut des arrangements internes, en redistribuant les plages-horaires des classes pour ne pas pénaliser les élèves. Réagissant au recrutement d’enseignants retraités, il explique que ce serait temporaire. «Il me semble que le manque d’enseignants dure depuis longtemps. Le problème est récurrent dans les collèges d’État», avance-t-il.

La solution ? L’État doit recruter… mais pas forcément des retraités. «Il y a tant de diplômés. Le souci est cette exigence du PGCE», explique-t-il. Même ceux qui ne sont plus en service ne possèdent pas tous cette qualification, ce qui nous ramène à la case départ. D’ailleurs, ce recours prendra du temps alors que les élèves attendent l’arrivée d’éducateurs pour assurer les cours et leur préparation aux examens.