Publicité

Affaire pot-de-vin contre terrain de chasse: clap de fin ?

15 mai 2023, 17:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Affaire pot-de-vin contre terrain de chasse: clap de fin ?

Le Principal Inspector au Registry of Associations a retrouvé la liberté mercredi et en même temps sa santé d’avant son arrestation. Il n’est pas retourné à l’hôpital Jeetoo. Certes, il a payé Rs 100 000 comme caution, mais il n’aura pas à attendre, en cellule policière ou à l’hôpital, les débats, renvois et toutes ces procédures qui prennent du temps. 

Aucune crainte donc n’a été exprimée par la commission anticorruption que Ramnarain ne s’enfuie, n’influence des témoins ou ne manipule les preuves, alors même qu’il demeure pour le moment Principal Inspector of Associations. Ramnarain n’a pas eu besoin non plus d’immunité qu’on lui a refusée et il sera probablement laissé en paix pendant un moment, même s’il sera convoqué de temps à autre par l’ICAC «pour compléter l’enquête». 

Enterrement de l’affaire ? 

Pour plusieurs personnes que nous avons interrogées, cette affaire de pot-de-vin a déjà été enterrée, notamment concernant les autres protagonistes impliqués. D’ailleurs, Pravind Jugnauth a, jeudi dernier, pour la deuxième fois face aux journalistes, donné une indication claire de ce qui constitue pour lui l’enquête en cours de l’ICAC dans cette affaire : personne n’a accusé son ministre de la Justice Maneesh Gobin ou son PPS Rajanah Dhaliah d’avoir reçu un pot-de-vin. On se souvient d’ailleurs du communiqué du ministère de l’Agro-industrie du 6 mars qui mettait en garde d’avance contre toute conclusion hâtive dans l’affaire du bail accordé pour le terrain de chasse près du lac sacré. 

Le communiqué insistait un peu trop, disent certains, sur le respect du secret de l’enquête de l’ICAC, contrairement aux autres affaires. «Il serait judicieux de laisser l’enquête suivre son cours, selon les dispositions de la loi, sans ingérence médiatique ou politique pouvant porter préjudice à l’enquête ou à un éventuel procès en justice», disait le communiqué. 

La commission anticorruption, elle, n’a pas émis un seul communiqué pour cette affaire pourtant importante. Et maintenant, on soupçonne l’avocat d’Etwaroo d’avoir éventé les allégations de ce dernier ? Comme par hasard, une vieille affaire a été ressortie par la police contre son avocat, Mᵉ Yash Bhadain… 

Précédent douloureux 

Pour un homme de loi que nous avons contacté, «Rajesh Ramnarain ne parlera pas car il est satisfait que l’ICAC n’ait pas objecté à sa remise en liberté». Notre interlocuteur est d’avis que c’est l’ICAC qui a dû céder pour calmer Ramnarain. «En tout cas, ce sera un précédent dont la commission anticorruption prendra du temps avant de se dépêtrer. Désormais, on posera des questions si elle objecte pour d’autres accusés. Surtout pour des cas moins graves.» 

Justement, est-ce parce que l’ICAC a jugé que l’affaire n’est pas si grave qu’elle a choisi de ne pas objecter à la remise en liberté provisoire de Ramnarain ? Ou juge-t-elle que les preuves contre ce dernier ne sont pas assez probantes ? Difficile de croire que l’on ait pu arriver déjà à une telle conclusion à ce stade très préliminaire de l’enquête. 

L’ICAC a annoncé également qu’elle allait effectuer des fouilles et saisir les outils informatiques chez Ramnarain après la libération de ce dernier. Ce qui a fait rire un homme de loi. «C’est maintenant qu’elle fait cela ? Que trouvera-t-elle de compromettant ? La première chose que fait l’ICAC normalement est de saisir tous les supports informatiques et documents. Là, elle le fait non seulement tardivement mais après la libération de Ramnarain.» Peut-être cette «saisie» a-t-elle été effectuée pour la forme ? Ou pour sécuriser les infos de regards curieux ?

Une autre absence d’objection 

La tentative d’importation de 150 kg de zamal de La Réunion a été déjouée le 13 avril, rappelons-le, grâce aux policiers réunionnais. Comme pour l’affaire Franklin, il semble qu’à Maurice, on se fie aux enquêteurs réunionnais pour nous livrer le nom des complices et commanditaire mauriciens. En attendant, nos gabelous enquêtent sur le bateau utilisé et sur un possible délit de complot. Complot pour importer de la drogue ? Non, celui d’avoir fait usage de faux pour l’enregistrement du bateau qui allait être utilisé pour transporter la drogue vers Maurice. 

Ce n’est pas tout. Le présumé cerveau dans l’affaire, Samuel Legentil, a pu retrouver la liberté provisoire le 5 mai. Comment ? La faute à une défaillance informatique, un «bug» quoi, qui a fait que l’enquêteur dans ce dossier n’était pas présent en cour ce jour-là pour objecter à la demande de libération de Samuel Legentil. L’avocate de ce dernier, Mᵉ Tisha Shamloll, n’a pas hésité et a profité de cette absence pour faire libérer son client. Pour rappel, Mᵉ Tisha Shamloll travaille au cabinet de Mᵉ Rishi Hurdoyal, celuilà même qui fait l’objet de dénonciations de la part de l’avocat de l’ICAC, Mᵉ Lovendra Nulliah. Une enquête est en cours, apprend-on, pour savoir… qui est à l’origine de la fuite de cette information à la presse. 

Concernant le bug informatique qui a permis la libération prématurée de Samuel Legentil, on nous informe que «les Casernes centrales prennent cette affaire très au sérieux et une enquête policière est en cours pour situer les responsabilités»...