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L’express 60 ans│1997: Révocation de Bérenger, quand la cassure devient inévitable
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L’express 60 ans│1997: Révocation de Bérenger, quand la cassure devient inévitable
Le mariage PTr-MMM, pourtant largement plébiscité aux législatives de 1995 par un cinglant 60-0, le deuxième de l’histoire du pays, n’a pas fait long feu. Après presque 18 mois au pouvoir, le MMM entérine la cassure de l’alliance après la révocation de son leader historique, Paul Bérenger, en juin, lui qui occupait les fonctions de vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
Le feu couvait sous la cendre depuis le début de l’année mais c’est en mars que les nuages ont commencé à graviter autour de l’alliance gouvernementale, avec notamment Paul Bérenger manifestant publiquement son insatisfaction sur les déclarations du Premier ministre, Navin Ramgoolam, au sujet du problème de Law and Order. Dès lors, l’inimitié entre les députés travaillistes et ceux du parti mauve ne fera que s’accroître. Entre les «insultes et provocations» multiples que relève le MMM dans l’express du 16 avril et le fait que les deux partenaires du gouvernement organisent chacun de leur côté le meeting du 1er-Mai, il y avait clairement de l’eau dans le gaz.
L’inévitable se produisit dans la soirée du 20 juin, quand Bérenger est démis de ses fonctions par le président Cassam Uteem. Selon un communiqué du bureau du Premier ministre pour expliquer la révocation de Bérenger, le leader mauve n’aurait pas «respecté la notion de responsabilité et de solidarité gouverne- mentale». À ce titre, il faut dire que le MMM n’a pas ménagé son partenaire durant leur courte alliance, avec notamment la guerre des mots entre Bérenger et James Burty David, ministre de l’Éducation d’alors, sur l’affaire Ramesh Ramdoyal, directeur du Mauritius Institute of Education.
Dans une interview accordée à l’express au lendemain de la cassure, Navin Ramgoolam parle d’un «allié trop ambitieux» et incapable de fonctionner en équipe. «La personnalité et l’ambition d’un seul homme, celles de M. Paul Bérenger, ont empoisonné les relations au sein du gouvernement», estime le Premier ministre. Bérenger dénonçait, lui, le manque de leadership au sommet de l’État et regrettait l’incapacité du gouvernement à relever les défis modernes, dont ceux de l’éducation et de la formation. Après 548 jours passés au pouvoir, le MMM rejoint l’opposition.
Ramgoolam et la «macarena party»
Parmi les autres hauts faits de 1997, comment occulter la fameuse «private party» tenue dans un campement dans la soirée du 29 mars, à la veille de la fête de Pâques, en présence du Premier ministre, Navin Ramgoolam ? Pour le chef du gouvernement, «pa finn ariv nanyé… Tout n’est que spéculations à ce jour. Pé tann tou kalité zistwar». Selon le témoignage de quatre jeunes filles qui étaient présentes à ladite fête, le Premier ministre n’y serait resté qu’environ une heure. Il était arrivé tardivement, sans son épouse, et en compagnie de hautes personnalités du pays «pour ne pas faire perdre la face à ses amis».
Les jeunes filles, dont les noms ont été dévoilés par l’express, ont soutenu, tout comme Navin Ramgoolam, qu’il n’y avait eu aucun incident à déplorer à cette fête privée, contrairement aux rumeurs qui ont circulé. Cette soirée, qui a alimenté bien des conversations dans le pays et qui a vu les habitants d’Albion être submergés de coups de téléphone pour tenter d’en savoir plus, restera dans les annales comme la «Macarena Party». Ahmad Jeewah, qui présidait le MMM en l’absence de Bérenger à l’époque, réclame «une déclaration sans équivoque du Premier ministre pour tirer cette affaire au clair», chose que fera Navin Ramgoolam. Mais Jeewah trouvera que les propos du principal concerné étaient «loin d’être convaincants», ce qui n’a pas manqué de provoquer un véritable tollé chez les travaillistes et plomber encore plus l’ambiance au sein de l’alliance gouvernementale.
Le CP Dayal en eaux troubles
Comment ne pas revenir également sur l’affaire de fraude alléguée impliquant Sewparsad Ramrachheya, homme d’affaires et directeur de Kala Niketan Ltd et de National Business Agency Ltd, ainsi que le commissaire de police (CP), Raj Dayal, avec pour toile de fond l’approvisionnement de la force policière ? Cette affaire fera grand bruit et mènera à la suspension du chef de la police en novembre.
Raj Dayal fit face à 15 chefs d’accusation retenus par la Disciplined Forces Service Commission. Parmi les reproches adressés au CP, la dissimulation des modalités de l’achat d’équipements et d’armes auprès des sociétés susmentionnées, ayant trait notamment à la commission de Ramrachheya, la mise en danger de la sécurité du territoire en donnant accès à ce dernier, un particulier, à la liste des armes requises par la police, mais aussi l’achat de missiles antichars qui sont restés inutilisés depuis leur acquisition en 1996, faute d’avoir formé le personnel mauricien à leur usage.
Outre l’affaire de l’achat des armes, Raj Dayal s’était aussi fait remarquer pour sa gestion du naufrage du Stargate, survenu le 31 octobre au large de Trou-aux Biches, et qui a vu périr une dizaine de personnes. Dans ce dossier précis, l’ancien CP est pointé du doigt pour avoir défié l’autorité du Premier ministre en sollicitant l’aide de pays voisins de son propre chef. Homme de caractère, Raj Rayal provoqua une véritable crise institutionnelle dans son bras de fer avec Navin Ramgoolam.
Chagos, TVA, Amcol et livre blanc sur l’éducation
La lutte pour la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos faisait déjà l’actualité à l’époque. Le président Cassam Uteem s’est d’ailleurs attiré pas mal de critiques pour sa prise de position sur le sujet lors de la 43e conférence de l’Association des parlementaires du Commonwealth. Si le chef de l’État affirmait n’avoir fait que réitérer la «demande légitime» du gouvernement mauricien, d’autres, à l’instar de Paul Bérenger, ont estimé que la forme aurait dû être différente. «Il y a des nuances délicates et sensibles qu’il faut respecter», avait observé le leader de l’opposition et du MMM.
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a également fait débat en 1997, elle qui devait prendre le relais à la Sales Tax. Le Dr Vasant Bunwaree, ministre des Finances, estime, après avoir présenté son Budget 1997-1998, que l’entrée en vigueur de la TVA pourrait prendre plus que les six mois prévus par le gouvernement. Selon le Grand argentier, le taux de la TVA reste encore à définir pour ne pas trop pénaliser les consommateurs.
Le méga projet ville satellite-hippodrome du groupe Roland Maurel dans la région du Domaine Les Pailles ne verra pas le jour. En février, la société singapourienne Amcol Holdings Ltd, partenaire de ce projet, délègue trois administrateurs pour venir récupérer les Rs 792 millions transférées en 1996 à Guibies Holdings Ltd, filiale du groupe Roland Maurel. Une véritable bataille juridique s’ensuit, Amcol réclamant même à un certain moment l’incarcération de Roland Maurel pour ne pas avoir respecté l’engagement pris devant un juge d’honorer ses dettes.
L’autre sujet qui a causé bien des remous en 1997 demeure le livre blanc sur l’éducation du ministère de tutelle et de l’autorité catholique. La conversion des établissements scolaires, comme préconisé par le ministre Kadress Pillay, s’était heurtée à une levée de boucliers du Bureau de l’Éducation Catholique (BEC). Mais un consensus avait pu être dégagé, chaque collège catholique pouvant abriter des classes de Lower and Upper afin d’assurer la continuité dans l’accompagnement pédagogique des élèves et préserver la tradition d’excellence des collèges confessionnels selon le BEC.
À l’international
<p><strong>Adieu Mère Teresa et Lady Diana</strong></p>
<p>1997 s’est également révélée fatale à deux dames au grand cœur. Adulée aux quatre coins du monde, Diana Spencer, princesse de Galles, succombe à ses blessures après un accident de voiture sous le Pont de l’Alma à Paris. Dodi Al Fayed, son compagnon, et Henri Paul, son chauffeur, avaient, eux, été retrouvés morts à l’intérieur de l’épave.</p>
<p>Lady Di laisse derrière elle deux garçons, Harry et William, mais aussi tout un Royaume-Uni en détresse, comme en témoignent les six millions de Britanniques qui se sont rassemblés tout au long du cortège funèbre, du palais de Kensington jusqu’à l’abbaye, pour lui rendre un dernier hommage. «<em>Goodbye England’s rose… your candle’s burned out long before your legend ever will</em>», chantait Elton John dans sa chanson Candle In The Wind, devenue culte.</p>
<p>Cinq jours plus tard, Mère Teresa, la sainte de Calcutta, rendait son dernier soupir. Celle qui avait donné sa vie pour les plus démunis s’est éteinte à l’âge de 87 ans, d’une crise cardiaque. Symbole universel de bonté et prix Nobel de la Paix en 1979, Mère Teresa a œuvré sans relâche auprès des pauvres, des malades et des mourants. Née de parents albanais, elle était de tous les combats et imposait le respect, toutes religions confondues. The Pioneer, un journal de New Delhi, n’a pas hésité à la comparer au Mahatma Gandhi. <em>«L’un était Indien et a façonné le pays à son image, l’autre a fait que l’Inde appartienne au monde.»</em></p>
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