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Après dix saisies inter-île: nos territoires marins étaient-ils mieux protégés avant 2015 ou après?
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Après dix saisies inter-île: nos territoires marins étaient-ils mieux protégés avant 2015 ou après?
Le mardi 16 mai, au Parlement, le Premier ministre a répondu à une question du député du gouvernement Vikash Nuckcheddy. Il a parlé du nombre de saisies inter-îles qu’il y a eu de 2004 à 2014 et de 2015 à 2023. Pravind Jugnauth a expliqué que, de 2004 à 2015, il n’y a eu aucune saisie, malgré le fait que c’était une période noire où il y avait beaucoup de trafic de drogue. De 2015 à 2023, avec son gouvernement ayant pour but de combattre la drogue sans relâche, il y a eu dix saisies entre Maurice et La Réunion. Qui a été le plus efficace ? Nous nous sommes entretenus avec trois intervenants.
Dev Jokhoo, ancien Deputy Commissioner of Police et patron du National Security Services, nous explique qu’au deuxième mandat du Dr Navin Ramgoolam, un Coastal Surveillance System avait été mis sur pied à la NCG Tower, aux Salines. Comme les équipements étaient nouveaux, il assurait une bonne couverture au niveau de nos eaux territoriales à 75 milles nautiques. «Il couvrait l’île entière ou enn lakok pistas ti pé paret lor sa radar-la. En 1987, on avait fait un survey pour identifier une database des ‘passes’ avec la SMF afin de mettre sur pied les National Coast Guard Posts pour couvrir nos eaux. C’était un all-round defense de l’île.»
À l’époque, Maurice avait un seul port of entry au port et à l’aéroport. «Selon la Coast Guard Act 1988, tous types de bateaux qui voulaient faire leur entrée dans l’île devaient passer par le port, que ce soit un yatch, un pleasure craft, un bateau de pêche, un bateau de croisière ou un bateau de marchandises, et devaient s’enregistrer sur le port et entamer les formalités pour l’Immigration. Constater que cette quantité de hors-bords quitte l’île par Rivière-Noire, Grand-Baie, Baie-du-Cap, c’est que le Coast Guard ne fonctionne pas d’après la loi implémentée.»
Il trouve choquant qu’équipées d’un Dornier, d’un radar, d’un hélicoptère, d’un bateau où un hélicoptère peut atterrir les forces policières n’exploitent pas suffisamment ces ressources pour combattre le trafic de drogue. «Il faut utiliser nos ressources à bon escient pour combattre ce fléau.»
«Les années ne veulent rien dire»
Les réflexions de Dev Jokhoo vont au-delà des intérêts politiques. «Le nombre de saisies entre Maurice et La Réunion peut être au nombre de dix, qui est égal à efficacité pour certains. Je l’interprète autrement ; la quantité ne veut pas dire efficacité. Avant 2015, s’il n’y a pas eu de saisies, cela veut dire que le système mis en place était efficace et que le combat contre la drogue apportait ses résultats, car je travaillais main dans la main avec les anciens chefs de l’ADSU.»
Autre interlocuteur : Sam Lautan, qui était l’un des assesseurs de la Commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen et dont le rapport a été rendu public en juillet 2018. Saréflexion va au-delà de la politique car c’est le côté humain de ce combat contre la drogue qui l’intéresse.
«Les années ne veulent rien dire ; les allées et venues entre les îles ont existé depuis les années 1982 avec le cannabis. Au fil de temps, 150 types de cannabis ont surgi sur le marché. Il y a eu l’opium et, en 1983, l’arrivée du Brown Sugar. Le trafic a toujours été fait à travers port et aéroport. J’avais brandi un rapport du bureau des Nations unies contre la drogue et le crime pour montrer le parcours de la drogue jusqu’à nos eaux. Elle parcourt le nord et l’est de l’Afrique. Les bateaux qui font ce parcours sont des dhows, des bateaux de pêche en bois, qui ne sont pas repérables car ils ont leurs moyens de communication sur la mer où il faut jeter le colis pour être repéré.» Il se souvient du cas de Sténio Hervel et de Sabitree Sabapathee. «Ceux qui ont quitté le pays pour échapper à la justice. Il y a des mouvements depuis longtemps.»
Quant à Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice, il explique que, depuis 40 ans, ayant exercé comme travailleur social sur le terrain, il a vu l’évolution de la drogue qui a fait des traversées en mer et dans les airs. «J’ai beaucoup vu. Sézi mem, rantré mem, ek li vandé 24/7. Je peux vous dire que sur ce marché de la drogue, il n’y a jamais eu de pénurie. Pourquoi le zamal a-t-il pris un essor ? C’est par rapport à l’offre et à la demande. Zamal gagn plis nisa ek consantrasion THC konparé ek kanabis lokal.» Pourquoi n’y a-t-il pas eu de pénurie ? C’est dû au nombre de jeunes qui tombent dans la drogue, qui augmente de jour en jour. «Sézi pa aret baron ladrog.»
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