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Parlement: nouveau «ring de boxe» pour règlements de comptes
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Parlement: nouveau «ring de boxe» pour règlements de comptes
La réponse de Pravind Jugnauth, au Parlement mardi, sur les «pilules» de Navin Ramgoolam suscite toujours des commentaires. Sous le couvert de l’immunité parlementaire, le PM aurait-il franchi une «ligne rouge» et ouvert une «boîte de Pandore», qui pourrait bien lui éclater en plein visage?
À une question du député MSM Kavi Doolub, le Premier ministre a, certes, répndu que la police avait saisi des liasses de billets chez le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, en 2015, mais il a surtout pris un malin plaisir à énumérer les noms des pilules retrouvées au domicile de ce dernier, tout en précisant qu’elles sont utilisées comme stimulant sexuel et relaxant. Pour couronner le tout, il a conclu : «Comme si, après une hyperactivité sexuelle rendue possible par des produits dopants, la bête a besoin d’un profond sommeil pour récupérer. Même un Casanova ne pourrait imaginer un tel cocktail.»
Les observateurs politiques affirment que ce qui se passe au Parlement est du «jamais-vu». L’Assemblée nationale semble devenir un ring de boxe pour régler ses comptes avec des adversaires politiques. L’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low parle plutôt de polarisation entre deux personnes. «Il y a eu des débats très houleux et des expulsions manu militari autrefois. Le débat le plus houleux était celui du Dr Edgar Millien contre l’institution britannique. Autrefois, c’étaient des accrochages entre des partis de différents camps sur des idées ou certains points. Cela n’a jamais été personnel, avec l’intrusion dans la vie privée, comme nous l’avons vu mardi. Les députés gardaient leur dignité autrefois, mais ce n’est plus le cas. Quand les parlementaires laissent partir leur dignité, le Parlement le perd aussi. Finalement, la démocratie est menacée car la population perd confiance dans le Parlement», dit-il.
Ce n’est pas la première fois qu’une réponse de Pravind Jugnauth fait polémique. Durant la séance du mardi 22 juillet 2022, le Premier ministre avait déclaré que l’épouse de Navin Ramgoolam l’avait appelé au téléphone alors que l’ancien Premier ministre était souffrant. «It is, in fact, his wife who phoned me, seeking Government assistance, as the Labour Party members had so far failed…» avait-il déclaré. Plusieurs membres du Parti travailliste avaient protesté énergiquement auprès du speaker, Soorojdev Phokeer. Shakeel Mohamed avait même soulevé un point de droit rappelant que les règlements interdisent de mentionner une personne absente du Parlement, mais c’était peine perdue. Pravind Jugnauth avait répété cette phrase à trois reprises avec la bénédiction de Sooroojdev Phokeer qui avait suspendu plusieurs élus du PTr ce jour-là.
Quelques mois plus tard, soit le 15 novembre 2002, le Premier ministre devait, cette fois-ci, brandir des photos de Bruneau Laurette avec la députée Stéphanie Anquetil et des clichés de Navin Ramgoolam et de membres du PTr avec l’activiste, qui venait d’être arrêté dans une affaire de drogue. Le chef du gouvernement l’avait fait sans l’intervention de Sooroojdev Phokeer. Cependant, en mars dernier, des membres du PTr en ont fait de même. Ehsan Juman avait brandi deux photos de Pravind Jugnauth. Dans l’une, il était aux côtés de Shakeel Baulum; et dans l’autre, il était avec Ritesh Sembhoo. Les deux sont accusés dans des affaires de drogue. Patrick Assirvaden avait, lui, montré la photo du chef du gouvernement en compagnie de Geanchand Dewdanee, arrêté aussi dans une affaire de drogue. Pour répondre à l’opposition, Alan Ganoo avait alors glissé à Pravind Jugnauth une photo de Yasmine Toulouse, candidate malheureuse du Mouvement militant mauricien et chanteuse, en compagnie de Jean Hubert Celerine. «Si je savais, j’aurais apporté d’autres photos de votre leader (NdlR : Navin Ramgoolam)», avait déclaré le Premier ministre. Son geste avait fait des vagues car tout de suite après, la chanteuse avait perdu au moins deux contrats.
D’ailleurs, dans un entretien accordé à la page Weekly, dans l’express de jeudi, Armoogum Parsuramen, un des fondateurs du MSM, affirme que ce parti a dévié de ses objectifs et que les institutions fonctionnent d’une façon choquante sous ce gouvernement. «Le pire, c’est le Parlement. La façon dont le speaker traite les élus est disgracieuse.» D’ailleurs, le whip de l’opposition a été expulsé mardi pour avoir justement demandé au speaker de ne pas hurler. Arvin Boolell, également présent mardi, lui avait aussi demandé de baisser le ton. «No need to shout!», avait-il déclaré.
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