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Manière de voir l Au menu: viande de chien, de chat et d’insectes

2 juin 2023, 15:05

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Manière de voir l Au menu: viande de chien, de chat et d’insectes

L’opinion publique a été interloquée d’apprendre récemment que des compatriotes avaient mangé de la viande de chien. Des chiens, apparemment de race, capturés, dépecés, avant d’être cuisinés. Les peaux avaient été jetées dans un champ de canne. Cette surprise est pour le moins… surprenante quand on sait que la viande de chien ou de chat est fort appréciée dans divers pays. Nous les passerons brièvement en revue mais, nous aussi, nous ne donnons pas notre langue… au chat ! 

Nous sommes parfois écoeurés quand on parle des Français qui mangent des escargots d’élevage (rien à voir avec nos kourpa), des cuisses de grenouille (celles de Madagascar sont délicieuses) ou des huîtres qu’on avale… crues, et auxquelles nous nous sommes habitués. Quant au foie gras, ne faisons pas semblant de ne pas savoir qu’il s’agit de canard ou d’oie, qui a été plus qu’abondamment gavé. Cette chronique n’inclut pas les animaux dans la mer.

Nos spécialités 

Il ne faut pas seulement voir la poussière dans l’oeil de l’étranger. Ce dernier est étonné à son tour de nous voir manger du tang (hérisson), des larves de guêpes (quelle bonne friture !), des oiseaux, comme des pigeons, des chauve-souris roussettes, élevées aux Seychelles, du laffe (poisson-pierre) qu’il faut savoir nettoyer, du bambara (concombre de mer) qu’on fait sécher… Bien que ce soit interdit, jusqu’à tout récemment dans de petits bars/ restaurants, le grog de rhum était accompagné de gajaks ti-dimounn ou numéro deux (viande de singe). Certains savent même accommoder des chenilles. Une de nos spécialités locales reste le cochon marron (sanglier) que l’on déguste surtout du côté de Chamarel. En France, il figure dans des menus gastronomiques. 

Dans l’histoire de l’humanité, l’homo sapiens est arrivé tardivement à la consommation de viande d’animal. Son régime était végétarien. Tout a commencé quand il a mis au point le procédé de la cuisson et s’est mis à domestiquer les animaux. Pour les nutritionnistes, l’homme consomme trop de viande rouge et c’est mauvais pour la santé. Dans le monde, certains animaux sont mangés vivants, à commencer par les huîtres. En Asie du Sud-Est, on mange parfois des homards vivants, des salades de fourmis, de petites pieuvres en Corée, des crevettes dites dansantes avec du saké (alcool local) au Japon. Mais nous n’en sommes qu’à l’apéritif et aux entrées.

Des millions de chats et de chiens consommés 

30 millions. C’est en effet le chiffre officiel de chiens consommés en Asie par an. Rien qu’en Corée du Sud, il existe 17 000 fermes canines. C’est naturellement pour des raisons démographiques qu’en Chine, on en consomme le plus. D’autres pays d’Asie la suivent, comme la Thaïlande, les Philippines, la Corée du Sud, le Laos, le Vietnam et le Cambodge. Figure également sur cette liste… l’Allemagne ! Attention, il ne s’agit pas de chiens errants dans les rues, mais de chiens élevés pour la bonne bouche. En Chine toujours, des millions de chats sont abattus chaque année et finissent dépecés sur les étals des marchés publics. Il y a même une île à Bornéo (Malaisie), Kuching, dédiée aux chats. Ces derniers jouissent d’une totale liberté dans le monde. 10 millions en France, 13 millions au Brésil, ils se baladent en toute liberté à… Venise ; au Japon, ils sont des rois, et à Lisbonne (Portugal), on trouve même des taxis pour chat. En Russie, a été instaurée la Journée nationale du chat. Mais on les mange à toutes les sauces en Ukraine, en Suisse, en France, où sa consommation n’est pas interdite, en Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo…). C’est en Italie qu’ils sont le plus apprécié. Le nec plus ultra. Le pays en compte des millions. On en mange aussi aux États-Unis, pays du hot… dog. Ne vous fiez pas aux dessins animés. 

Quant au singe, notre proche cousin, sa consommation est interdite, mais on en mange dans certains pays centrafricains. Même loi d’interdiction pour le gorille, mais on en mange dans certaines régions du Cameroun. Quant à l’animal le plus consommé au monde, c’est le cochon qui remporte la palme. En Australie, les aborigènes mangent principalement la viande des varans, des sortes d’iguanes, des émeus, de la famille des autruches, ou encore des granas, de gros lézards assez longs. Sans oublier les opossums. Les Australiens, eux, s’abstiennent de consommer la viande de ces animaux.

Les insectes, l’aliment de demain 

Étant porteurs de parasites, et donc mauvais pour l’homme pour des raisons de santé, l’Union européenne, par exemple, interdit de manger des insectes, malgré leurs vertus alimentaires. C’est sans compter sur l’élevage en grandes quantités d’insectes dans le monde entier, d’où leur consommation : 30 % de scarabées, 18 % de chenilles, 14 % d’abeilles/ guêpes/fourmis, 14 % de sauterelles/criquets… La Terre en dénombre deux milliards et demi, dont 2 000 espèces. On les trouve surtout sur trois continents – Asie, Amérique latine et Afrique – , mais ils se développent en Europe. 

Les insectes sont très riches en protéines (72 %), ce qui est énorme en quantité nutritionnelle. Ils contiennent aussi des minéraux, des fibres, différents types de vitamine B. Ils produisent 100 % moins de gaz à effet de serre, contrairement à l’élevage bovin ou ovin, d’où la disparition programmée du boeuf, du mouton, en raison du méthane de leurs pets. Ces derniers font littéralement des trous dans la couche d’ozone, dans l’atmosphère qui nous protège des rayons du soleil. 

Les insectes sont peu coûteux, n’ont pas besoin de beaucoup d’eau et occupent peu d’espace. C’est la grande spécialité de la Thaïlande. Ils sont peu appréciés sous nos latitudes. Les plus goûteux en Asie sont le grillon, le ver de farine, le scarabée, la chenille, la sauterelle, le croquet, la cigale, et même le scorpion. Il ne s’agit pas d’insectes à l’état sauvage, infestés de bactéries et de pesticides. Ceuxlà sont dangereux pour la santé. Sur les marchés, ils sont présentés en «box d’apéritifs grillés». Sont particulièrement appréciés, les sauterelles et les criquets grillés. Attendez la conclusion avant de faire la fine bouche. 

Pour des raisons environnementales citées plus haut, ces insectes représentent, pour les chercheurs, l’alimentation de demain en raison de leurs qualités nutritives exceptionnelles. Vu l’urgence, l’humanité devra y avoir recours dès demain. En outre, ces insectes renferment un véritable trésor pharmaceutique. Certains prétendent même qu’ils peuvent détoxifier le corps humain en 24 heures. Alors, on rigole moins pour les générations à venir ? 

Nou pou kouma lisien dan lamizik !