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Il a dit «nou pa konpran anglé» à Lesjongard: «Dewraz Hurryman en cellule pour avoir refusé de se soumettre à un alcootest… chez lui»
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Il a dit «nou pa konpran anglé» à Lesjongard: «Dewraz Hurryman en cellule pour avoir refusé de se soumettre à un alcootest… chez lui»
Le député du Parti travailliste, Ehsan Juman, a posé une question au Premier ministre, Pravind Jugnauth, concernant l’incident survenu à la Résidence Muguet, à Montagne-Longue, le 27 mai. Le chef du gouvernement a confirmé que vers 14 h 15, alors qu’une représentante des Nations unies pour le programme de développement prenait la parole, Dewraz Hurryman s’est approché du podium pour proférer des propos orduriers à l’encontre du ministre des Services publics Joe Lesjongard. Selon le Premier ministre, un policier présent sur les lieux a signalé que Dewraz Hurryman sentait fortement l’alcool, et la police lui a donc fait quitter l’événement. Il s’est ensuite précipité pour partir à bord d’une voiture.
Vers 17 h 13, toujours selon la réponse de Pravind Jugnauth, la police a arrêté Dewraz Hurryman chez lui pour «rogue and vagabond». Au poste de Montagne-Longue, les policiers lui ont demandé de se soumettre à un alcootest, mais le suspect a refusé. Par conséquent, il a été verbalisé pour avoir refusé de souffler dans l’éthylomètre, de fournir un échantillon de sang et d’avoir conduit un véhicule sous l’influence de l’alcool. Le Premier ministre a également expliqué pourquoi Dewraz Hurryman avait passé la nuit en cellule. «Étant donné qu’il était sous l’influence de l’alcool, il a passé la nuit en cellule au poste de police de Piton», a-t-il déclaré.
Le député a été surpris par cette réponse et a tenté de comprendre en posant une question supplémentaire. «Pourquoi l’alcootest a-t-il été effectué chez lui plusieurs heures plus tard ?» Le Premier ministre a confirmé qu’il avait été arrêté près de chez lui quelques heures plus tard, rappelant que le suspect avait pris une voiture et qu’il sentait l’alcool.
Plus tard à l’express, Ehsan Juman affirme que Dewraz Hurryman a passé injustement la nuit en cellule. «L’incident présumé s’est produit vers 14 heures. On l’accuse d’avoir pris sa voiture pour rentrer chez lui, et c’est pour cette raison que la police a voulu effectuer un alcotest à 17 heures, soit trois heures plus tard. Cela ne tient pas la route. Entre le moment où il a quitté la cérémonie et 17 heures, il aurait pu consommer une boisson alcoolisée chez lui. C’est son droit. Lorsque la police dit qu’il sentait l’alcool, ce n’est qu’un constat. Il n’y a aucune preuve scientifique ou juridique prouvant qu’il était sous l’influence de l’alcool. Il a donc passé la nuit injustement en prison», constate Ehsan Juman.
De plus, le député rouge affirme qu’il a mené son enquête et maintient que Dewraz Hurryman n’a pas proféré de propos injurieux. «Le monsieur était à cette cérémonie. Il a dit à Joe Lesjongard : ‘Isi sé enn sité. Nou pa konpran anglé. Pa koz anglé.’ C’est tout.» D’ailleurs, il affirme que c’est le garde du corps de Joe Lesjongard qui a porté plainte à la police.
Ehsan Juman a tenté de savoir auprès du Premier ministre si le ministre des Services publics avait porté plainte. Pravind Jugnauth a déclaré qu’il n’était pas approprié de révéler qui avait été interrogé par la police.
Le député a ensuite tenté de poser une autre question concernant un incident similaire impliquant Steven Obeegadoo et Kenny Dhunoo à Résidence Malherbes. «Êtes-vous au courant que le gouvernement est impopulaire ?», a-t-il demandé. Cependant, il a été interrompu par le président Sooroojdev Phokeer.
Le député du Parti travailliste a déclaré à l’express que le gouvernement est devenu impopulaire. «Il y aura d’autres actes d’intimidation car les élus n’arrivent plus à sortir en public. Ils vont faire peur à tous ceux qui les interpellent.»
Par ailleurs, Subhasnee Luchmun Roy, députée du gouvernement de la région de Montagne-Longue, a voulu savoir si l’avocat de Dewraz Hurryman est un membre du Parti travailliste. Il s’agit de Neelkanth Dulloo. Cette question a été le point de départ de vifs échanges entre les deux parlementaires. «Arrêtez de parler sans avocat», s’est indigné le député du Parti travailliste. Subhasnee Luchmun Roy lui a répliqué : «Tu envoies des gens pour semer le désordre là-bas. » Le président de l’Assemblée a tenté de calmer les deux députés, mais en vain. «Toi-même, tu ne peux plus descendre sur le terrain. Va demander à Obeegadoo et Dhunoo ce qui leur est arrivé», a répondu Ehsan Juman.
L’habitant de Montagne-Longue, lui, se dit choqué des propos du PM au Parlement.
L’habitant de Montagne-Longue : «Monsieur le PM, vous êtes mal conseillé»
Dewraz Hurryman se dit choqué par la réponse du Premier ministre au Parlement sur l’incident le concernant. «Il a clairement été mal conseillé. Comment est-il possible que je sois arrêté pour conduite en état d’ivresse, fuite et refus de me soumettre à un alcootest ? Tout cela est complètement faux. Je demande au Premier ministre de vérifier les images de la caméra qui se trouve au poste de police de Montagne-Longue pour confirmer ce que je dis. Il y a également des images provenant des caméras Safe City qui pourraient prouver mon innocence.»
Il ajoute qu’à 54 ans, il habite dans la cité de Montagne-Longue où rien n’a changé depuis un bon moment. «Je ne me rappelle pas avoir vu les députés venir dans notre quartier. Ils devraient nous considérer autrement que comme de simples électeurs.» Sur le choix de son homme de loi, il réplique ceci : «Maintenant, on critique même mon choix d’avocat. Permettez-moi de vous dire la vérité. Au départ, Me Joy Beeharry devait me représenter. Mais il m’a envoyé un de ses associés, Yadav Damree. C’est seulement après que j’ai décidé de faire appel à Me Neelkanth Dulloo, étant donné la tournure que prend cette affaire.»
Contacté par téléphone, Me Neelkanth Dulloo déclare que la députée de la circonscription no 4, Port-Louis Nord/Montagne-Longue, Subhasnee Luchmun Roy, «est extrêmement contente que je comparaisse dans cette affaire».
«Rogue and vagabond» : Un délit colonial disproportionné menant aux abus
Le délit de rogue and vagabond, hérité de la Vagrancy Act, une loi coloniale de 1824 sur le vagabondage, demeure inscrit sous l’article 28 du Code pénal, même 55 ans après l’Indépendance. Il était initialement utilisé pour punir les oisifs et les indisciplinés.
Bien que les forces de l’ordre justifient aujourd’hui son utilité dans la prévention du crime, il est indéniable que ce délit, par sa nature vague, disproportionnée et arbitraire, engendre des arrestations illégales et abusives.
En vertu de cette infraction, toute personne reconnue coupable risque jusqu’à Rs 50 000 d’amende et une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans. Instaurée autrefois par les colons britanniques, cette disposition légale continue de rendre la vie difficile à ceux qui souhaitent remettre en question le système en place.
Dans les méandres de l’histoire, les infractions de rogue and vagabond visaient principalement à maintenir le contrôle sur les travailleurs qui s’échappaient de leur lieu de travail et étaient ensuite envoyés au Vagrant Depot à Grande-Rivière-Nord-Ouest. De nos jours, cette infraction fournit un outil à la police pour arrêter les personnes qu’elle considère comme étant impliquées dans des activités criminelles. Souvent, celles-là ne nécessitent pas de comportement ou d’intention spécifique, permettant ainsi des arrestations basées sur de simples soupçons, sans mandat. Selon la loi, n’importe qui, même un civil non policier, peut arrêter une personne soupçonnée de rogue and vagabond et la remettre à la police.
À savoir qu’en 2017, la Haute Cour du Malawi a jugé cette infraction anticonstitutionnelle, estimant qu’elle porte atteinte à la dignité, à la sécurité et à la liberté de mouvement des individus.
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