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Démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil : «Un coup de tête»

9 juin 2023, 09:00

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Démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil : «Un coup de tête»

La «Private Notice Question» (PNQ) d’hier a porté sur le projet de démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil, annoncé dans le Budget vendredi dernier. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a voulu, entre autres, s’informer sur les options concernant ce bâtiment...

Le ministre des Infrastructures nationales a informé la Chambre que le bâtiment, construit en 1979, abrite 1 130 fonctionnaires. Bobby Hurreeram a affirmé que son ministère se base sur un rapport commandité en 2014, et soumis en 2016, qui a conclu que les éléments structurels paraissent en bonne condition, avec cependant, le constat de certaines fissures et déformations structurelles. Et que les consultants ont recommandé des «destructive and non-destructive structural tests» et qu’ils proposé trois options, à savoir un «basic refurbishment» (une rénovation légère, NdlR), une rénovation complète ou la démolition du bâtiment.

Xavier-Luc Duval a surtout voulu savoir si les occupants seront relogés dans un nouveau bâtiment du gouvernement ou alors dans des espaces en location. À cette partie-clé de la PNQ, Bobby Hurreeram a déclaré que c’est un comité interministériel, présidé par le Premier ministre, qui en décidera. Le ministre a aussi évoqué le besoin de décongestionner Port-Louis. Quant à la troisième partie de la PNQ, sur le coût de la démolition, le ministre a dit ne pas pouvoir donner le coût de l’éventuelle démolition et que, pour celui d’un nouveau bâtiment, il était trop tôt pour le faire. Il a ajouté que c’est le comité interministériel qui décidera où sera construit le nouveau bâtiment.

Dans la tranche des questions supplémentaires, Xavier-Luc Duval s’est étonné que personne n’ait dit que le bâtiment est dangereux, alors que, pourtant, on annonce sa démolition. Bobby Hurreeram a précisé que les consultants de 2014 n’avaient fait qu’une étude visuelle et avaient suggéré des études plus approfondies. Xavier-Luc Duval a alors déclaré : «L’annonce de la démolition aurait été faite sur un coup de tête alors qu’il n’existait aucune recommandation pour une démolition. Le ministre Padayachy n’avait pas parlé de démolition au conditionnel, mais a employé les mots ‘we will’.» Et a Bobby Hurreeram de répondre que le Budget n’est qu’une annonce d’intentions et le reflet de la vision de son gouvernement. Tout en précisant que le ministre des Finances lui a même alloué une somme pour des études plus poussées.

Régénérer Port-Louis

Cette réponse a encore plus surpris Xavier-Luc Duval qui a alors demandé : «Si j’ai bien compris, vous avez décidé de démolir le bâtiment sans connaître le coût de la démolition, sans prendre en compte son effet sur l’environnement immédiat, ni où seront relogés les fonctionnaires ni le coût du nouveau bâtiment ?» Le ministre y a répondu indirectement en parlant des 1 130 fonctionnaires qui souffrent dans ce bâtiment construit depuis 30 ans, des fuites lors de grosses pluies, de l’absence de fire certificate, d’infestation de pigeons, et surtout de la présence d’amiante dans le bâtiment. Lançant une pique au leader de l’opposition, le ministre a rappelé qu’il y a «certains» qui sont allés se réfugier au Newton Tower. Duval lui a rappelé qu’il faudrait alors blâmer le speaker pour cela. (NdlR, c’est le speaker qui avait transféré le bureau du leader de l’opposition au Newton Tower).

Xavier-Luc Duval a affirmé que l’amiante ne se trouve pas dans les murs mais dans les partitions du bâtiment, et presque tout a déjà été enlevé. Et de demander ce qui sera fait s’il restait de l’amiante et si le bâtiment sera démoli ? Hurreeram a alors affirmé qu’il y a encore de l’amiante dans le bâtiment, que la mini forêt servira à la régénération de Port-Louis et que ce n’est pas un coup de tête mais un «wellplanned action» d’un gouvernement visionnaire. Xavier-Luc Duval a alors souligné que la compagnie Rey Lenferna a actuellement un contrat de Rs 100 millions pour des travaux d’électricité. «Est-ce une vision électrique ?» Répondant à côté, Hurreeram a tenté d’expliquer que les fonctionnaires ne partiront pas de sitôt, mais dans deux ou trois ans. Ce à quoi Xavier-Luc Duval a répliqué : «Je suis sûr qu’entretemps vous trouverez un espace à louer de vos petits copains au lieu de dépenser Rs 100 M en attendant la démolition.» Tout en rappelant que le Budget n’a rien prévu pour couvrir les frais des consultants et autre démolition. Bobby Hurreeram, après de vaines recherches, n’a pu convaincre le leader de l’opposition que ces provisions avaient été faites.

Face à la presse : Le rapport de 2014 parlait de quatre options, pas trois

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, Reza Uteem et Osman Mahomed étaient en conférence de presse après la PNQ. Le leader de l’opposition a souligné que la mini-forêt sur 60 perches ne tient pas la route car il y a, à quelques minutes seulement, celui de la cathédrale, le jardin de la Compagnie et le Champ-de-Mars. Pour lui, cette annonce budgétaire vient «potentiellement détruire la crédibilité du Budget» et met en avant un «manque de sérieux», comme un joke ou un poisson d’avril. Il a souligné que le rapport de 2014 parlait de quatre options et non de trois, comme l’a rapporté Hurreeram au Parlement, notamment, d’une rénovation basique à Rs 380 millions, d’une rénovation high-class à Rs 980 millions, de la démolition, et de la reconstruction au coût de Rs 1,5 milliards avec, comme option privilégiée, la rénovation. Pour lui c’est de l’amateurisme à son comble en prenant en compte la dépense actuelle de Rs 100 M pour les travaux électriques.

Reza Uteem a, lui, souligné que les réponses de Bobby Hurreeram étaient confuses et n’ont pas apporté d’éclaircissements. Il a aussi parlé d’une «annonce de mesures sans exercice de réflexion». D’ajouter que si le ministre des Infrastructures publiques avait à cœur la santé des fonctionnaires, pourquoi n’a-t-il pas «agi depuis 2014» ? Et de demander si le gouvernement n’a pas un hidden agenda, quand on sait que «les bâtiments des petits copains/copines sont vides». Osman Mahomed a parlé de l’incohérence du projet et du coup de tête, notamment avec les Rs 20 M dépensées en 2023 pour rénovation alors que l’on décide de sa démolition. Il a aussi pointé du doigt l’espace vert au bâtiment d’Emmanuel Anquetil qui est à l’abandon.