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Retour sur les lieux du crime: cinq ans de prison pour le meurtre de son frère
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Retour sur les lieux du crime: cinq ans de prison pour le meurtre de son frère
Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes qui ont été perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, voire des années... Des drames qui ont marqué les esprits et bouleversé des vies à jamais...
La vie n’a pas été tendre envers Françoise Desveaux. Elle avait quatre enfants, trois fils et une fille, mais aujourd’hui, les circonstances de la vie l’ont laissée seule, désemparée, livrée à elle-même. Sa fille est à l’étranger, un fils est décédé dans un accident de moto il y a 14 ans, et un autre a été tué en février 2018 par son benjamin Gabriel, qui se retrouve en prison. Malade, la mère meurtrie a bien voulu raconter son quotidien...
Revenons d’abord sur le drame qui s’est abattu le 24 février 2018, sur cette petite famille de Cap-Malheureux. Ce samedi-là, Gabriel Desveaux agresse mortellement son frère aîné, Didier, 39 ans. La victime est retrouvée, dans un premier temps, gisant dans une mare de sang sur la route à Cap-Malheureux. Vers 22 h 40, elle est transportée à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, avec plusieurs blessures au dos. Moins d’une heure après, le médecin de service constate son décès.
Soupçonnant un fratricide, les limiers de la Field Intelligence Office du Nord et de la Criminal Investigation Division (CID) de Grand-Baie interrogent Gabriel qui finit par confesser son acte. Aux policiers, le petit frère raconte qu’une dispute aurait éclaté entre son frère et lui. Il lui aurait reproché de frapper leur mère et dans un accès de colère, il se serait emparé d’un morceau de métal pour le rouer de coups. Accusé de meurtre, il est traduit en cour et la sentence tombe fin mai. Il est condamné à cinq ans de prison.
Françoise l’a toujours clamé et elle le redit : son fils Didier avait un penchant pour la bouteille et à chaque fois qu’il était sous l’influence de l’alcool, elle était son souffre-douleur. Son père Georgy, le mari de Françoise, faisait également les frais de ses accès de colère. Les insultes aussi étaient récurrentes contre ses parents. «Il voulait que sa mère déserte le toit familial», avait expliqué Georgy à l’express.
Aujourd’hui, Françoise n’est plus que l’ombre d’elle-même. «Tous les enfants me laissent, mais Gabriel n’était pas du tout mauvais, il a toujours été un enfant exemplaire et ne m’a jamais manqué de respect.» Tout le contraire de ce qu’elle vivait aux côtés de Didier, divorcé à l’époque. «Didier m’a bien frappée, ainsi que son père. Nous étions frappés à l’aide de bois et de fers. Il travaillait mais ne donnait jamais un sou à la maison. Il ne coopérait jamais pour les dépenses.» En revanche, Gabriel remettait une bonne partie de son salaire à sa mère «pour faire rouler la cuisine». Françoise se rappelle même que souvent Didier dormait avec un couteau sous son oreiller. «Qu’avait-il l’intention de faire ? Me tuer ou tuer Gabriel ?»
L’habitante de Cap-Malheureux explique qu’après cette tragédie, elle est tombée malade. «On m’a découvert une tumeur et pendant tout ce temps, Gabriel s’est occupé de moi. Il a veillé sur moi comme si j’étais un bébé.» Aujourd’hui, elle est animée par une profonde tristesse. Car il n’y a personne qui lui demande, par exemple, ce qu’elle voudrait manger, qui cuisine pour elle. «Je me demande ce qu’il mange et boit en prison aujourd’hui. Nous mangions toujours ensemble...»
Son seul souhait aujourd’hui est que son fils Gabriel sorte de prison pour qu’il puisse à nouveau s’occuper d’elle. «J’ai plusieurs rendez-vous à l’hôpital. C’est lui qui m’emmenait toujours. Il connaît les couloirs de l’hôpital par cœur à cause de moi. Aujourd’hui, je dois faire appel à un taxi et le prix est exorbitant. Comment ferais-je avec ma pension, je ne sais pas. Ou koné mo pensé tousala mo ploré o milieux de la nuit.»
Elle explique que Gabriel en avait assez de voir souffrir ses parents. «Il nous voyait dans une souffrance absolue. Moi qui pleurais souvent à cause de Didier. Il ne pouvait pas le supporter. Souvent, il allait pleurer à ses amis de la situation à la maison. J’aurais été soulagée si Gabriel pouvait retrouver la liberté...»
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