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L’express 60 ans│ 2012: l’année du virage politique

12 juin 2023, 22:00

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L’express 60 ans│ 2012: l’année du virage politique

Démission, divorce et revers électoral. Ce sont les événements qui ont marqué l’année 2012. Le Mouvement socialiste militant, le Parti travailliste, le Mouvement militant mauricien et sir Anerood Jugnauth auront dominé l’actualité… Genèse d’une année hautement politique.

Préambule

L’affaire MedPoint qui éclate un an plus tôt, soit en 2011, fait voler en éclats le gouvernement de Navin Ramgoolam. Les députés du Mouvement socialiste militant (MSM) quittent leur poste ministériel pour siéger comme backbencher. La raison : le mandat d’arrêt émis contre la ministre de la Santé, Maya Hanoomanjee, pour le décaissement des fonds de l’achat de la clinique MedPoint appartenant au beau-frère de Pravind Jugnauth, lui-même ministre des Finances. Paul Bérenger, leader de l’opposition, lèvera le voile sur cette affaire.

Janvier

- Le message du Nouvel An du président de la République, sir Anerood Jugnauth (SAJ), aurait été saboté, selon le MSM.
 - Le Premier ministre Navin Ramgoolam exprime ses réserves sur les recommandations du rapport du constitutionnaliste Guy Carcassonne, qui propose d’abolir le Best Loser System. 
- SAJ est admis en clinique pour une intervention chirurgicale. Monique Ohsan-Bellepeau fait l’intérim à la présidence. Ce qui agace le gouvernement. 
- Le leader mauve, Paul Bérenger, rencontre Navin Ramgoolam au sujet du rapport Carcassonne. 
- Rama Sithanen publie un projet de réforme électorale, dont une formule pour les candidats qui ne souhaite pas divulguer leur appartenance ethnique.

Février

Ce mois sera le plus important du calendrier politique. Depuis l’échec d’un accord électoral entre le PTr et le MMM après la publication des rapports Carcassonne et Sithanen, les deux hommes sont à l’opposé l’un de l’autre. Toutefois, l’idée d’un rapprochement du MMM avec le MSM va germer. Cela dit, le «scandale du siècle», l’affaire MedPoint, revient sur le tapis, car Paul Bérenger porte plainte au CCID, quelques mois après avoir révélé l’affaire. Ce mois est aussi une échéance pour le MMM, dont le comité central devra voter en faveur du remake de 2000, une alliance MSM/MMM en mars. La réforme des administrations régionales, portée par le ministre Hervé Aimée, veut redécouper les arrondissements des villes et villages. SAJ aurait signifié qu’il a aussi son mot à dire là-dessus.

Mars

Le MMM vote en faveur d’une alliance avec le MSM avec SAJ à sa tête et veut le rallier dans le remake de 2000. D’ailleurs, la guerre ouverte sur les plateformes diverses entre SAJ et Navin Ramgoolam ne passe pas inaperçue. Au lendemain du vote du MMM en faveur d’une alliance avec le MSM, le PM affirme que si SAJ cautionne cette alliance, il devra démissionner de son poste. Le 12 mars, le Président et le Premier ministre s’affrontent par discours interposés. 

Entre-temps, le dossier de la réforme des administrations régionales avance. Mais contre toute attente, le ministre Aimée refuse une convocation du président de la République. La raison : ce dernier souhaite évoquer un document envoyé par le leader du MSM trois mois après avoir assent à la Local Government Act de 2011. 

Une trêve le temps des célébrations de la fête nationale, où James Michel, président des Seychelles, sera l’invité d’honneur, alors que le duel à distance continue entre SAJ et Navin Ramgoolam, qui sont pourtant côte à côte au Champ-de-Mars pour la cérémonie officielle. Contre toute attente, le PM proroge le Parlement au lendemain du 12 mars. Il veut offrir une nouvelle impulsion et une nouvelle direction au gouvernement avec un nouveau discours-programme à mi-mandat. La rentrée parlementaire est annoncée pour le 16 avril, le temps de peaufiner le nouveau programme. 

Pendant ce temps, Sir Anerood Jugnauth, invité à la Hindu House pour prononcer un discours, s’aventure sur le terrain politique en s’attaquant au chef du gouvernement, Navin Ramgoolam. «Ou bizin respekte bann institisyon. Ou bizin konn gard ou parol. Lerla ki ou vinn enn nasyon respektab. Lexanp vinn depi lao.» Ce à quoi, le Navin Ramgoolam insinue que SAJ se ferait vieux. Navin Ramgoolam, malgré sa guéguerre, a les yeux rivés sur le vote de confiance sur le discours-programme. Le 21 mars, lors d’une conférence internationale sur les médias, SAJ critique ouvertement le rôle de la MBC. Cet échange acrimonieux titré sur lexpress.mu, témoigne du conflit entre la présidence et le gouvernement. 

Une semaine plus tard, le 30 mars, Sir Anerood Jugnauth annonce une conférence de presse cruciale. Il annonce sa démission pour le lendemain. Dans cette dernière confrontation, le président démissionnaire critique la gestion des affaires du Premier ministre. Navin Ramgoolam se réjouit que SAJ soit parti du Réduit. Monique Ohsan-Bellepeau assure l’intérim. 

Quelques mois plus tard, en juillet, Kailash Purryag, speaker d’alors, est désigné président de la République alors que Razack Peeroo, ancien député et ministre, le remplacera jusqu’en 2014.

MedPoint: Pravind Jugnauth nouveau suspect

Alors que SAJ a scellé l’alliance MSM/MMM, Pravind Jugnauth est inquiété quelques semaines plus tard par la commission anticorruption dans l’affaire MedPoint. Il est soupçonné d’être bénéficiaire du rachat de MedPoint par l’État en tant qu’actionnaire de la clinique. Alors qu’il était ministre des Finances, Pravind Jugnauth a autorisé le décaissement des fonds pour le ministère de la Santé. Il devient donc le principal suspect poursuivi par l’ICAC. Convoqué en avril, Pravind Jugnauth décline l’invitation de l’ICAC et saisit la Cour suprême. Il réclame l’accès aux cabinet papers, dont un memo pour prouver qu’il n’a pas participé aux délibérations sur le rachat de la clinique MedPoint. Mais en vain, car ces documents sont confidentiels.

Municipales: Déconvenue pour Ramgoolam

La réforme des administrations régionales adoptées, Navin Ramgoolam appelle les Mauriciens des villes et des villages aux urnes en décembre 2012. Dans les villes, le parti au pouvoir mord la poussière, bien que Navin Ramgoolam, au soir de la défaite, affirme ne pas avoir perdu les municipales. Les mairies de Port-Louis, Beau-Bassin/Rose-Hill et Quatre-Bornes élisent à une écrasante majorité le MSM/MMM. L’alliance PTR/PMSD rafle la mairie deVacoas- Phoenix alors qu’à Curepipe, le match entre les deux blocs est départagé par un candidat du MMSD d’Eric Guimbeau. Mario Bienvenu devient alors maire avec un accord et le soutien du parti au pouvoir. 

Cette année aura amorcé un virage sur l’échiquier politique, qui se traduira deux ans plus tard par les rebondissements qu’on connaît.