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Pravind Jugnauth lors de la PNQ: «Il existe des flics pourris partout dans le monde»
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Pravind Jugnauth lors de la PNQ: «Il existe des flics pourris partout dans le monde»
Face à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition hier, le lundi 12 juin à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, fidèle à lui-même, a sorti des réponses toutes faites. Et encore une fois, le PM a parlé de «mere allegations». Il a balayé toute demande d’aide de l’étranger pour enquêter sur les allégations contenues dans les audios enregistrés sur la clé USB remise par Vimen Sabapati et a annoncé une enquête sur la SST et l’ADSU par la police elle-même. Analyse...
Il fallait s’y attendre de la part de Pravind Jugnauth, concernant ses réponses. Par contre, pour un sujet aussi sérieux et grave que celui de la PNQ, on n’a pas eu droit hier à la pugnacité et au sens de répartie habituels du leader de l’opposition. Pourtant, nombreuses ont été les occasions pour Xavier-Luc Duval de rebondir sur les réponses de Pravind Jugnauth. Le leader des Bleus n’est même pas intervenu lorsque le PM a pris plus de 20 minutes pour lire sa réponse plutôt «hors sujet». Le speaker non plus n’a pas eu à intervenir.
Le palmarès de la SST
Le PM est revenu longuement sur l’arrestation de Vimen Sabapati et sur tout ce qui s’est passé après, y compris la diffusion de l’audio. Ce que l’on savait déjà. Sauf que ce serait l’épouse de Vimen Sabapati qui est soupçonnée d’avoir apporté un téléphone portable à Alcatraz. C’est en tout cas ce que le PM a voulu faire croire. Avant de dire tout le bien qu’il pense de la Special StrikingTeam (SST) en déclarant notamment que depuis sa création le 3 août 2022, cette unité a arrêté 58 personnes concernant 81 affaires et saisi de la drogue pour Rs 355 millions. Pravind Jugnauth n’a pas jugé bon de préciser pourquoi il n’y a que 58 arrestations pour 81 affaires – qui pourraient s’expliquer par les saisies dans les terrains vagues ? – ni combien de condamnations il y a eu. Xavier Duval relèvera ce point timidement. Le PM ajoutera qu’entre janvier 2015 et mai 2023, plus de 25 345 affaires de drogue ont été «détectées» et 22 000 personnes arrêtées. Encore une fois, il omet de dire combien de ces personnes ont été condamnées. Il affirme aussi que Rs 15 milliards de drogue ont été saisies durant cette même période !
Pravind Jugnauth a annoncé qu’une enquête préliminaire a été ouverte par la Major Crime Investigation Team (MCIT) à la suite de la diffusion des bandes-son de Sabapati et que dépendant des résultats de cette enquête, «the Police may refer the matter to the Independent Police Complaints Commission (IPCC) for any action deemed necessary». Doublement conditionnel donc. Alors que l’on sait que c’est l’IPCC qui mène toute enquête concernant la police.
Le PM a tenu à souligner également qu’en vertu de l’article 71 de la Constitution, le commissaire de police (CP) n’est pas «subject to the direction or control of any person or authority». Voulait-il dire que le commissaire ne prend aucune directive de lui ou voulait-il prévenir de l’issue de la demande de Vimen Sabapati à la cour pour que cette dernière ordonne au CP de dessaisir la SST de son cas ? Cependant, il ajoute tout de suite après, «hence the Commissioner of Police has deemed it fit not to dismantle the ADSU, as this would have created an institutional vacuum». Tout en ajoutant que l’ADSU a été réorganisée et bénéficie désormais du soutien de cette même SST qui est le sujet de la PNQ.
Leaving no stone unturned…
Le Premier ministre a alors répété son «unflinching commitment and that of my Government, to relentlessly fight and win the war against drug barons», la tolérance zéro face au traffic de drogue, et que ce même gouvernement «is leaving no stone unturned to track down drug peddlers and those associated with the drug mafia». Il a rappelé que c’est sous sir Anerood Jugnauth que la commission d’enquête sur la drogue a été mise sur pied. En précisant que 80 % des recommandations «have been addressed».
Le PM a parlé des deux comités mis sur pied pour étudier le rapport Lam Shang Leen, le premier présidé par lui-même et le second par le secrétaire du cabinet. Tiens ! On croyait que c’était le directeur de l’ICAC qui présidait ce comité appelé Task Force à l’époque ! On apprend autre chose : ce dernier comité a été pris en charge par le National Drug Secretariat du PMO. Il termine sa réponse à la question principale en n’oubliant pas de critiquer certains dans la presse et dans l’opposition (pas tous donc) qui discréditent la police et veulent saper le moral des policiers.
La tranche des questions supplémentaires a, certes, apporté des informations mais on peut dire que c’était indépendamment de la volonté du PM et de Xavier Duval. Ce dernier a fait une drôle de demande : que le PM dépose l’article de l’express où Sam Lauthan a fait l’éloge de la SST et que Pravind Jugnauth a exhaustivement récité.
Pravind Jugnauth, qui venait de reprocher au leader de l’opposition d’avoir invité un ambassadeur d’un pays étranger dans le débat, ne s’est pas embarrassé pour énumérer des cas tirés d’articles de presse de policiers impliqués dans le trafic de drogue et autres corruptions en France, en Angleterre et ailleurs. Cela pour contrer la demande de Xavier Duval qui demandait que l’on recherche l’aide des pays amis comme ces deux pays européens cités dans la première version de sa PNQ. Ce qui est troublant dans ces propos du PM plutôt critiques envers ces pays «amis», c’est qu’il tente de relativiser le problème de la prolifération de drogue dans le monde et surtout celui de policiers ripoux. Cependant, le PM a prudemment évité de souligner que ces flics pourris en France, en Angleterre et aux États- Unis y sont bien poursuivis et sanctionnés.
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