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Post-budget: les oubliés
Plusieurs secteurs ont été «oubliés» lors de la présentation du Budget 2023/2024. On parle des chauffeurs de taxi, des plaisanciers ou encore des commerçants. Leurs représentants sont consternés d’avoir été délaissés par les autorités alors que leurs pairs peinent encore à retrouver leurs marques après la pandémie de Covid-19.
Taxis. Raffick Bahadoor: «le gouvernement essaie de détruire notre travail»
Si lors de la présentation du Budget 2022-2023 le ministre des Finances avait fait mention des chauffeurs de taxi, cette fois, les mesures concernant ce secteur ont été inexistantes. Au grand dam des différents responsables syndicaux. Pour Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietor’s Union (TPU), les chauffeurs de taxi n’ont pas été représentés correctement lors de la consultation pré-budgétaire. Il s’explique.«Cela fait deux ans depuis que nous n’avons pas été invités aux consultations pré-budgétaires. Je m’interroge sur le pourquoi et le comment de cette décision. Et je ne trouve toujours pas de réponse. L’année dernière, on m’a donné rendez-vous pour y assister et après quelques jours, on m’a rappelé pour confirmer ma participation. Par la suite, silence radio…»
Il ne comprend pas pourquoi ce sont les représentants des associations qui sont invités au lieu de ceux du syndicat. «Je suis désolé pour les chauffeurs de taxi, aussi pour le comportement des hommes politiques, pour le fonctionnement des institutions et aussi pour l’avenir de notre pays. On fait tout pour détruire les syndicats à Maurice.Et ce n’est pas un sentiment que j’ai, c’est ce qui se passe…» Raffick Bahadoor n’envisage même pas de faire entendre sa voix auprès du ministre des Finances par le biais d’une lettre. «S’il n’a pas même voulu entendre nos revendications alors il ne prendra même pas le temps de nous lire…»
Selon Raffick Bahadoor, le «mal a été fait». Les grands perdants sont les chauffeurs de taxi. «Ils ont perdu tous leurs ‘assets’. Je leur demande de réfléchir à ce que les hommes politiques peuvent faire une fois au pouvoir.» En tout cas, il maintient que le gouvernement essaie de détruire «le travail» des chauffeurs de taxi. Et il est attristé de voir que même le ministre du Transport ne semble pas s’inquiéter du sort des taximen. «Après, quand on s’exprime, on nous qualifie d’antipatriotes.» Même cette baisse de l’essence est un show, soutient le président de la TPU. Il précise qu’au courant de l’année dernière, à quatre reprises, le prix a été revu à la hausse.
Plaisanciers. Prem Beerbaul : «nous savons ce qu’il nous reste à faire…»
Présents depuis plus de 30 ans au service des touristes et des Mauriciens, les plaisanciers se sentent comme des rejetés de la société alors qu’ils contribuent largement à l’économie mauricienne et renflouent les caisses de l’État. Prem Beerbaul, le président de l’association des plaisanciers de Maurice, ajoute que plus de Rs 100 000 sont investies annuellement par chaque plaisancier. «Et nous sommes quelque 1 300 plaisanciers à opérer. Il faut compter entre Rs 20 000 et Rs 25 000 pour le permis et entre Rs 40 000 et Rs 50 000 pour l’assurance. Et cela sans parler des frais de maintenance. Combien de millions entrent dans les caisses de l’État ?»
Prem Beerbaul soutient qu’aucune facilité ne leur est accordée et ce n’est pas faute d’en demander depuis des années. Leur requête concerne aussi les clients qui requièrent à leurs services. «Nous avons demandé que sur les points d’embarcation, on puisse installer un ‘waiting space’. Le client peut même avoir des toilettes à proximité. Nous avons demandé aussi des lieux où on peut réparer nos bateaux. Nous n’avons pas le droit de les mettre sur la terre ferme au risque d’avoir une amende avec la Beach Authority.» Il ajoute que pour les réparations, tous les plaisanciers doivent se rendre à Port-Louis où ils paient le prix fort pour le remorquage et le temps que le bateau reste à quai.
Prem Beerbaul a aussi quémandé un endroit où les bateaux peuvent être entreposés lors du passage des cyclones. Pour éviter ainsi qu’ils ne soient endommagés ou coulés. «Récemment, nous avons deux bateaux qui ont été la proie des flammes à Trou-d’Eau-Douce. Nous avons demandé plus de sécurité sur ces lieux. On nous a dit qu’il y a des caméras mais quand on exige, surtout lors des vols, de visionner les images, on nous dit que ces caméras ne marchent pas…» Les plaisanciers sont des ‘outsiders’ dans le secteur touristique, martèle leur président. «Depuis ces quatre dernières années, nous sommes des oubliés. C’est chagrinant, mais nous savons maintenant ce qu’il nous reste à faire…»
Commerce. Raj Appadu: «des loyers à des prix exorbitants…»
Malgré l’envoi d’une centaine de lettres destinées aux ministres du Logement et des Finances, le secteur du commerce reste toujours sur sa faim. C’est ce que confie Raj Appadu, président du Front commun des commerçants de Maurice. «Le ministre Obeegadoo ne répond à aucune de nos sollicitations, surtout quand elles concernent les frais de location des emplacements commerciaux.» Il confie que plusieurs commerçants payent des loyers à hauteur de Rs 100 000 par mois. «Certains ont déjà mis la clé sous le paillasson, et cela à travers toute l’île.» Autre demande formulée, celle qui concerne une réduction des frais d’électricité. «Pour les petits commerces, ces frais sont comme un rouleau compresseur qui leur passe dessus.»
Pour le président du Front commun des commerçants de Maurice, ce Budget n’a proposé rien de nouveau pour son secteur. «Et dire que le ministre des Finances a demandé que l’on écrive un memorandum à son attention. Mais cela n’a rien donné.» En tout cas, il maintient que depuis 2015 à ce jour, ce gouvernement n’a pas cessé de s’enrichir. «Je parle avec preuve à l’appui car tous les documents du gouvernement étaient imprimés à l’imprimerie du gouvernement, et j’y ai travaillé…» Mais cela n’empêche pas que le prix des produits prenne l’ascenseur et que le peuple continue à souffrir. «Nous verrons à la veille des élections ce qui va se produire…»
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