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Bande sonore de Vimen Sabapati: une autre affaire où la police enquête sur elle-même

16 juin 2023, 12:00

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Bande sonore de Vimen Sabapati: une autre affaire où la police enquête sur elle-même

Le commissaire de police (CP) Anil Kumar Dip a ordonné une enquête à la suite de la diffusion sur une radio privée d’une bande sonore dans laquelle des policiers feraient état de pratiques douteuses d’autres policiers. Des enregistrements dont Vimen Sabapati, en détention policière, dit être l’auteur. Dans son communiqué, le CP affirme que la police mènera une enquête approfondie en toute impartialité pour faire la lumière sur ces allégations. «Le commissaire de police rassure le public que la police mènera une enquête approfondie sur toute allégation d’abus d’autorité ou d’actes illégaux de la part de l’un de ses agents», peut-on lire dans la correspondance.

Ce n’est pas la première fois que la police est appelée à enquêter sur ses agents. Le patron des Casernes centrales avait ouvert une enquête policière après avoir pris connaissance qu’une clé USB, contenant des vidéos d’actes de torture perpétrés par des officiers de la Central Investigation Division (CID) de Terre-Rouge était déjà en possession de la police. L’ASP Kokil, qui était affecté au Central Criminal Investigation Department (CCID), aurait réceptionné cette clé. Convoqué le 20 juin 2022 pour des explications, l’ASP Kokil n’avait donné aucun «statement». Il avait expliqué à ses collègues que la police ne peut enquêter sur la police.

Selon l’article 10 (c) de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) Act, «Where any person makes a complaint in writing to a police officer against any act, conduct or omission of another police officer in the discharge of his functions, the police officer shall forwith forward the complaint to the Commissioner of Police who shall, (i) within 2 days from the receipt of the complaint, forward to the Secretary of the Commission a copy of the complaint, and (ii) shall not investigate further into the complaint.»

Dans cette affaire de tortures perpétrées par des officiers de la CID de Terre-Rouge et de l’ex-Anti Robbery Squad, le commissaire de police avait ordonné une enquête confiée au CCID qui avait abouti à l’arrestation de sept policiers. Le dossier a ensuite été transmis à l’Independent Police Complaints Commission. Nous apprenons que l’enquête dans ces cas est déjà bouclée et que le dossier a été soumis au bureau du Directeur des poursuites publiques.

Pourquoi dans le cas «Vimen Leaks» l’affaire n’a-t-il pas été référée à l’IPCC directement ? Sollicité, le président de l’instance, Phalraj Servansingh, explique que pour l’instant il n’y a que des allégations. La police doit faire une enquête préliminaire. «Nous sommes pour l’instant à un stade d’allégations. Une fois que la police arrivera à établir les faits, l’IPCC prendra le relais pour faire une enquête approfondie et soumettre nos recommandations», souligne Phalraj Servansingh.

Y a-t-il moyen pour le CCID de couvrir les protagonistes cités dans la bande sonore ? Pour Ranjit Jokhoo, ex-enquêteur à la retraite, il trouve cela difficile. «Tou letan li ti koumsa kan ena polisié impliké dan enn ka sé CCID ki fer lanket. Aster CCID kan li pou examinn sa band sonor la li pa pou kapav al kont sé ki ena ladan. Aster pa fini band sonor sé enn zafer en plis dan sa dimounn la so affidavit. Li pou bizin vinn expliké pou bizin verifié par lopéter téléfonik et sa bann relevé-la CCID pa pou kapav efas sa bann nimero kinn telefoné la. Ena bann zafer evidans pou fini koné si li pe dir vrai ou pa vré», confie Ranjit Jokhoo.

De son côté, Mᵉ Yuvir Bandhu ne voit pas comment l’IPCC peut enquêter dans l’affaire Vimen Leaks. «L’IPCC n’est pas mandatée pour enquêter. Il faut d’abord que l’instance soit en présence d’une plainte. Là, nous avons devant nous une enquête initiée suite à une bande sonore. La police peut enquêter dans l’affaire du moment qu’elle agit en toute ‘fairness’. Il n’y a pas de problème que le CCID enquête. Mais la question qui se pose : est-ce que cette affaire ira au fond d’un tiroir ou verrons-nous des résultats ? Si nous allons plus loin, ce sera à la police même d’authentifier la bande sonore», explique Mᵉ Bandhu, qui ajoute qu’il y a plusieurs avenues à explorer afin de dissiper tout doute dans le public. «On aurait pu mettre sur pied une commission d’enquête.»