Publicité

Manière de voir: manz papié zet dal-pouri

16 juin 2023, 17:33

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Manière de voir: manz papié zet dal-pouri

Mettons fin tout de suite à une croyance soutenue sur le net et les télévisions satellitaires. Tous ces régimes préconisés pour perdre dix kilos ou plus sont un fiasco, voire une arnaque. Aucune méthode ne peut vous permettre de retrouver en quelques semaines votre ligne de jeune fille. Du marketing, du lavage de cerveau pour gagner du fric, mais ça n’a rien d’illégal.

Quelques chiffres en constante hausse à Maurice concernant le surpoids et l’obésité. 19 % de la population est obèse et 26 % en surpoids. Les causes sont connues et archi-rabâchées. Personne n’a encore pu convaincre le Mauricien en général de changer ses habitudes alimentaires. «Kozé mwa mo pé dévor enn per dal-pouri so so!» Nous mangeons mal et non sainement.

Causes et conséquences

Nous mangeons trop de dal-pouri, farata, briyani, pain blanc (il faut populariser le pain brun) et junk food, tout en avalant des boissons gazeuses sucrées. Un excès de calories et une carence en vitamine D que le soleil nous procure gratuitement. Pas étonnant qu’un tel régime inamovible nous vaille des records de diabétiques et de malades d’hypertension artérielle.

Ce surpoids, on le constate de plus en plus chez les jeunes, voire les enfants. Seuls 50 % des jeunes pratiquent un sport, de plus en plus d’enfants de moins de 15 ans subissent une opération pour diminuer la charge pondérale, et 25 % de la population souffrent de surpoids ou d’obésité. C’est-à-dire ils accumulent une masse excessive de graisse dans leur corps. On compte dans le monde deux milliards de personnes en surpoids et 650 millions d’obèses. Auparavant, ces fléaux se situaient surtout dans les pays développés, mais maintenant tous les pays, même sous-développés, en pâtissent.

Ajoutez à cela le regard des autres et leurs quolibets. Les gros font l’objet de préjugés, même les écoliers. Il nous faut planifier d’avance ce que l’on va manger, et ne pas se jeter sur les fast foods et la malbouffe sur les trottoirs. Nous grignotons à toute heure tout ce qu’il ne faut pas. Ces fritures et gâteaux sucrés entassent des calories non dépensées par la suite, d’où la graisse non brûlée. Prévoyez des coupe-faim sans huile, une diminution du sel et du sucre (adieu gato moutay sukulan).

Faites un peu d’exercice, de sport, de marche, pour les plus âgés. Prenez les escaliers au lieu d’attendre l’ascenseur. L’obésité gagne du terrain chez nous. Elle mène directement aux complications cardiovasculaires. À la place de cette malbouffe, faites le plein de crudités, de légumes et de légumineuses pleines de protéines, comme les haricots, les lentilles, les pois, tout en diminuant la quantité de viande rouge. Voilà qui pourrait, dans l’idéal, faire baisser le diabète, l’hypertension, les arrêts cardiaques, l’amputation, le nombre de patients sous dialyse, et les cancers. Beau programme, mais il y a un hic. C’est très joli de recommander des légumes, mais à quel prix et surtout quel est le pourcentage de pesticides qu’ils contiennent ? Ce que l’on doit strictement contrôler selon les normes internationales.

À midi en semaine, tout le monde ne peut pas se payer de grands restaurants, voire les fast foods, avalés surtout par les jeunes. Le petit peuple se rabat dans la journée sur les habituels marchands des rues ou les petits couloirs faisant office de restaurants, grâce à des vitrines étalant des beignets ou gato bien huileux, des rotis bien garnis, que l’on déguste sur le trottoir dans du papier servant d’assiette. Vous en avez un résumé grandeur nature au fond du rez-de-chaussée du marché central à Port-Louis, côté fruits et légumes, dans un cagibi toujours bien rempli et garni. C’est là que le peuple déjeune. N’oubliez pas la sécurité alimentaire, la propreté qui fera l’objet de nouvelles régulations et de fortes amendes.

Les régimes tapageurs, ça ne marche pas. Quant aux légumes, il faudrait qu’ils soient bio, mais on ne les trouve pas partout et ils coûtent plus chers que ceux du marché. C’est au ministère de l’Agriculture de pousser les petits et grands planteurs à cultiver bio, au détriment des pesticides. Un changement radical est nécessaire dans la culture même des légumes avant d’en vanter leurs qualités nutritives, comme pour les légumineuses.

Des chercheurs à l’étranger ont étudié le phénomène de surpoids et d’obésité, et laissent entendre qu’il ne faudrait pas seulement incriminer l’alimentation, le carburant de notre corps. Entre autres, ils ont trouvé des facteurs ethniques. Le petit ventre que nous affichons sur un corps autrement maigre est typique de ceux originaires d’Asie. Autre cause connue cette fois, la sédentarité, soit l’absence d’exercice ou tout simplement de mobilité. «Nek asizé divan télévizion ek krié san bouzé pandan match football.» Nous ne sommes pas de grands sportifs, sauf dans notre salon.

Comment convaincre ceux qui travaillent assis au bureau toute la journée de bouger tous les quarts d’heure, comme cela se fait au Japon ? Se dégourdir les jambes et faire circuler le sang. On pourrait se contenter à midi pour déjeuner d’une bonne salade, mais on entendra les cris d’affamés que nous sommes. Et le soir venu, nous assurerons le bruitage dans la maison à faire fuir un voleur grâce à nos ronflements et séances d’apnée du sommeil auxquelles nous n’accordons pas d’importance. Grosse erreur.

Autres solutions

D’autres chercheurs ont trouvé des raisons inattendues à cette boulimie de bouffe. Ils mettent en cause le mal du siècle dans le monde du travail : le stress qui débalancerait les activités hormonales dans notre corps. Ils vont plus loin en remettant en cause l’humeur, le manque de confiance en soi, le manque de contrôle de soi, les intestins jouant alors un rôle de deuxième cerveau. Cette réflexion relève du domaine du psy. Plus question ici d’une histoire de poids, bien que perdre 15 kilos ferait baisser le diabète de 95 %. Cette science s’appelle le comportementalisme. Tout cela relève de la grande recherche, dépassant largement le bourrage de crâne des médias pour vous faire perdre des kilos.

Il existe aussi des solutions fort coûteuses comme la liposuccion, qui prélève l’excès de graisse sous la peau par aspiration, notamment au niveau des hanches ou sous la peau du ventre aux multiples replis. C’est avoir recours à la chirurgie esthétique, bien éloignée de notre consommation de dal-pouri et consorts. Mais aussi, les tarifs sont plus qu’élevés. Finalement, ce qui compte, c’est aussi le mental. Qu’estce qui nous pousse à trop manger ? Mille calories de fritures ne seront jamais aussi bénéfiques que 1 000 calories de légumes et de légumineuses. Le mental compte, tout comme la prise de certains médicaments, tels que les antidépresseurs. Consultez votre médecin à ce sujet.

Chronobiologie

Cette méthode consiste à manger en respectant l’horloge interne de notre corps, en n’oubliant pas qu’une digestion complète entre chaque repas dure quatre heures. Le matin, au petit-déjeuner, on peut manger certaines graisses, sources d’énergie pour la journée. C’est contre-indiqué le soir car les lipides et autres sucres seront stockés dans le corps au repos pendant la nuit. Petit-déjeuner copieux donc, avec fromage, lait, beurre, amandes et sucres lents.

Variez votre menu pour le déjeuner avec de la viande ou du poisson pour les protéines, des légumineuses comme les lentilles, des pâtes ou du riz, mais en petite quantité. Là aussi, adieu aux montagnes de riz dans l’assiette. Pour le goûter ou la collation à 16 heures, un carré de chocolat noir contenant au moins 70 % de cacao. Toute autre sorte de chocolat est à bannir. Un fruit cru, des amandes, des noix, des pistaches. Dîner léger donc, avec du poisson maigre, des légumes, pas de sucres. On peut donc modérément manger un peu de tout, mais à des horaires précis si on veut limiter les problèmes de diabète, de cholestérol et d’hypertension.

Un tel régime dit Chrono + suivi à la lettre se révèle amincissant. Attention au lait ou au yaourt dont la digestion est difficile. Consommez l’œuf de préférence le matin au petit-déjeuner. À 10 heures ou 16 heures, la pomme peu calorique est recommandée d’autant qu’elle contient de la pectine. À la lecture d’un tel menu, on se rend rapidement compte que nos habitudes, notamment pour le dîner, vont exactement à l’encontre de ce qui est préconisé. Sommes-nous des incorrigibles ?

Nous avons du mal à choisir le bon coupe-faim vers 16 heures. La chronobiologie recommande la pomme, l’eau (hé oui, l’eau naturelle que nous ne buvons pas assez), de l’ananas, un yaourt grec qui ne fait pas grossir, un carré de chocolat noir comme déjà indiqué, des amandes qui combattent le mauvais cholestérol, l’agar-agar à base d’algues (un coupe-faim efficace), les lentilles au pouvoir rassasiant. La chronobiologie n’est hélas pas à la portée de tout le monde, mais qui a dit, non sans raison mais avec beaucoup de bon sens, que nous creusons notre tombe avec notre... fourchette ?

Alor manz papié zet dal-pouri !