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Quand les flics sont mêlés à des affaires de drogue

17 juin 2023, 21:57

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Quand les flics sont mêlés à des affaires de drogue

Quand les policiers franchissent la ligne qui les sépare des truands, ce n’est pas beau à voir. Voici quelques exemples de flics qui se sont retrouvés impliqués dans un trafic de drogue.

  • 2011 : l’ex policier Jean-Paul François condamné à 30 ans de prison

Le couperet est tombé, le vendredi 16 septembre 2011, en Cour d’assises, pour trois suspects accusés de trafic de drogue. A savoir, un ancien membre de la force policière, Jean-Paul François, et ses deux complices, Gino Gustave et Nevil Rome. Ils ont été condamnés à 30 ans de servitude pénale. Il leur a été reproché d’être impliqués dans un trafic d’héroïne d’une valeur de près de Rs 6 millions. La première saisie de drogue a eu lieu dans un hôtel de Trou-aux-Biches. Une équipe de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), menée par l’inspecteur Dussoye, a procédé à l’arrestation d’un Sud-Africain, Stephan John Wasson. Cet ingénieur mécanique de 40 ans avait en sa possession 390 g d’héroïne, drogue répartie en 34 boulettes d’une valeur marchande de Rs 3,9 millions. Lors d’un exercice de controlled delivery, les condamnés ont été cueillies à leur arrivée à l’hôtel.

  •  2012 : mort du «Roi du Sud»

Le sergent Anil Gooransing figure sur une des listes de trafiquants, dressée par Ally Lazer, militant antidrogue et ce, dès 1989. L’ancien sergent de la brigade antidrogue, connu comme le Roi du Sud pour ses activités annexes dans le trafic de stupéfiants, a été terrassé par un infarctus dans la soirée du vendredi 6 janvier 2012. Impliqué dans plusieurs trafics de drogue, il est mort alors qu’il purgeait une peine de prison. Anil Gooransing avait déjà été condamné pour trafic de gandia et avait été incarcéré en février 2011 pour une affaire d’importation de Rs 6 millions d’héroïne. Rusé, il a pu négocier avec le ministère public en se faisant condamner pour complicité et non pour trafic de drogue, ce qui l’a exonéré de toute saisie de ses biens.

C’est en août 2009 qu’Anil Gooransing s’est retrouvé à nouveau sous les feux des projecteurs, le passeur sud-africain Johannes Jacobus Petrus Viljoen ayant perdu connaissance à l’aéroport, une capsule de drogue s’étant rompue dans son estomac. Aussitôt remis sur pied, le Sud-africain a donné des indications à la brigade antidrogue et celles-ci ont mené les policiers directement au Roi du Sud.

Dans le sillage de cette affaire, deux policiers, ainsi que l’avocat Alvin Juwaheer, ont été arrêtés. Ils ont été accusés d’avoir tenté de faire le passeur sud-africain changer sa version afin qu’il n’implique pas Anil Gooransing. Gooransing a été accusé d’avoir commandé de l’héroïne d’une valeur de Rs 6 millions que lui avait remise un Sud-Africain en août 2009. Mais une fois en prison, il a été surpris avec 87 comprimés de Valium, ce qui lui a valu quatre ans additionnels de prison.

Déjà inquiété par ses anciens collègues pour une saisie de Rs 200 000 de gandia dans les Gorges de la Rivière-Noire en 2001, il était de nouveau tombé dans leurs filets en 2007. Cette fois, il était accusé d’avoir mis en place un mécanisme pour importer de la drogue de Madagascar avec un transit aux Seychelles. Il avait recruté deux Seychellois, Jack Christopher d’Unienville et Jacques Joseph Elvis Julius pour prendre possession de Rs 13 millions d’héroïne à Madagascar. Les deux hommes devaient transiter par Plaisance avant de se rendre à Mahé et puis revenir à Maurice. Les choses ont mal tourné à Plaisance et les deux hommes l’ont identifié alors qu’il était sur le même vol qu’eux.

Petrus Viljoen, le passeur sud-africain, aurait reçu des menaces de mort d’un inconnu sur un téléphone portable que lui a remis un policier dans sa cellule au poste de l’Escalier. L’ex-sergent Gooransing sur qui pesaient des soupçons de complicité, a exigé une parade d’identification. Le jour de l’exercice, le passeur sud-africain n’a pas identifié Anil Gooransing mais le policier Chandradev Bhawani comme celui qui lui a remis le cellulaire. Ce dernier a alors impliqué son collègue Goparlen Mudalli. Il était reproché à ce dernier d’avoir comploté avec son collègue Bhawani et le policier Mevin Achadoo afin de pervertir le cours de la justice.

En 2017, le policier Chandradev Bhawani et le passeur sud-africain ont tous deux été appelés à la barre au cours du procès. Le Sud-africain a identifié le policier Chandradev Bhawani comme celui qui lui avait remis le portable. Il a dit qu’il avait reçu des menaces téléphoniques afin qu’il n’identifie pas le sergent Gooransing, sous peine de se faire tuer à son retour en cellule. Chandradev Bhawani a bénéficié de l’immunité dans cette affaire. Ce dernier dit avoir suivi les instructions de Goparlen Mudalli. Il a ajouté que son collègue Mevin Achadoo lui a remis le téléphone mais qu’il n’a pas écouté la conversation du Sud-africain. Vijay Appadoo, magistrat qui présidait cette audience en cour intermédiaire, a conclu que les témoignages étaient remplis d’incohérences et a blanchi Goparlen Mudalli huit ans après.

  • 2016 : mort en cellule du constable Arvind Hurreechurn

Les constables Arvind Hurreechurn, Wenstley Jasmin, Mohammad Jamil Motaled et Edgar Henry Joly se sont fait prendre la main dans le sac après qu’Ashish Dayal a organisé, en octobre 2016, l’importation d’environ deux kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 35 millions, drogue qui a été retrouvée sur le défunt constable Arvind Hurreechurn à sa descente d’avion en provenance de Madagascar. Une accusation formelle de trafic d’héroïne a été retenue contre eux.

Le policier Mohammad Jamil Motaled aurait agi de concert avec Ashish Dayal et le dénommé Kamlesh Radha pour mettre au point cette importation d’héroïne en transférant des fonds en Ouganda. Dans la nuit du samedi 29 octobre 2016, le constable Hurreechurn a été retrouvé mort dans sa cellule après s’être pendu à l’aide d’une serviette attachée au lavabo. Sa mort a été causée par asphyxie. C’est ce qu’a révélé l’autopsie pratiquée le lendemain par le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Aucune trace de lutte n’a été décelée sur son corps. Sa famille a demandé au CCID une enquête sur sa mort qu’elle estime suspecte.  

  • 2017 : le constable Joly recouvre la liberté

Henry Edgard Joly, 27 ans, un policier de l’ADSU a dû fournir une caution de Rs 150 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 300 000 pour recouvrer la liberté. Il était impliqué dans l’affaire Hurreechurn et a comparu à la Bail and Remand Court, le lundi 27 février et a été libéré. Toutefois, cette libération s’est assortie de conditions. Henry Edgard Joly devait se rendre au poste de police le plus proche entre 17 heures et 22 heures tous les jours et donner une adresse fixe. Un couvre-feu lui a aussi été imposé. Tout comme il devait être à la disposition de la police à tout moment.

Le policier Gary Gopaul libéré sous caution dans la même affaire

Le policier Gary Gopaul, 25 ans, avait été arrêté lors d’un exercice de controlled delivery effectué par les limiers de la brigade anti-drogue, le 26 octobre 2016. Il a dû s’acquitter d’une caution de Rs 5 000 devant la Bail and Remand Court, le jeudi 29 décembre de la même année. Lors des débats sur sa motion de remise en liberté, la police n’a émis aucune objection. Il a été libéré après avoir passé plus de 65 jours en détention. Répondant d’une accusation d’«aiding and abetting the author of a crime» dans le cadre d’une saisie de drogue de deux kilos et de 88 g d’héroïne d’une valeur de Rs 30 millions. C’est grâce aux témoignages du policier Hurreechurn que l’ADSU a procédé à cette arrestation. Outre Gary Gopaul, Shashikant Jayepall, alias Black, 29 ans, a aussi été arrêté. Selon les renseignements dont disposaient les enquêteurs, c’est le constable Hurreechurn qui aurait présenté Shashikant Jayepall à Gary Gopaul. D’ailleurs, il aurait identifié ses «amis d’enfance» comme étant les deux autres protagonistes dans cette affaire.

Shashikant Jayepall avait été approché pour une mission en Ouganda, le 19 septembre. Par l’entremise d’Arvind Hurreechurn, il a été contacté par le policier Gary Gopaul à cet effet. Une somme de Rs 200 000 lui avait été remise pour son billet d’avion et ses frais d’hébergement. C’est accompagné de sa copine, une policière, que Shashikant Jayepall allait effectuer ce voyage. Tous deux s’étaient présentés à l’aéroport. La policière avait déjà embarqué alors que son copain a été retenu par les policiers du service de l’immigration, une objection to departure ayant été déposée contre lui dans le sillage d’une affaire de possession d’arme.

Govindasamy Basana-Reddi plaide coupable

L’ancien policier Moonsamy Govidassamy Basana-Reddi, arrêté le 12 juin 2017, a plaidé coupable le 15 juin dernier. Il était accusé d’avoir réceptionné 1 138.7 grammes d’héroïne dans le but de les revendre sur le marché local. Le procès s’est déroulé devant le juge Luchmyparsad Aujayeb. Après avoir entendu certains témoins et les plaidoiries des avocats, le juge a réservé son jugement. L’accusé a retenu les services de Me Avinash Dabycharun. L’accusation était représentée par Me Rajeenee Segobin-Kalachand, State Counsel. Après son arrestation, Moonsamy Govindasamy Basana-Reddi a raconté que deux colis d’héroïne provenant de Madagascar, devaient arriver à l’aéroport de Plaisance le 11 juin 2017 et comme il travaillait à l’Arrival Immigration Counter, il les avait récupérés des toilettes situées près du Passport and Immigration Counter et les avait discrètement placés dans le Staff mess room. Un Malgache a été arrêté dans cette affaire et la drogue avait été estimée à Rs 18,9 millions.

Selon le constable Basana Reddi, ce serait Shahebzada Azaree, connu comme Dad, qui lui aurait dicté le modus operandi. «Il m’avait dit que je devais tout simplement livrer cette drogue à ceux de son réseau», a dit le policier aux enquêteurs. Pour cette tâche, il allait percevoir une somme d’argent alléchante. «Li ti dir mwa : ‘Reddi, bizin bien seryé ek pa koz ek personn kan fini fer sa travay-là», a raconté Basana-Reddi. Selon ses dires, le suspect avait même communiqué son numéro de téléphone à une autre personne. Ce qui avait mené à l’arrestation d’Azaree, qui est désormais en liberté conditionnelle.

  • Hashish à Pointe-auxPiments en 2019, revoilà Gary Gopaul

L’ex-policier Gary Gopaul est actuellement en détention à la suite de son arrestation en 2019. Les enquêteurs de l’ADSU ne l’avaient pas interrogé après qu’il soit venu récupérer 2 kg de haschich à Pointe-aux-Piments. Leeroy Harold et son épouse Marie Nicole Pascale Cangy, également arrêtés dans le sillage de cette affaire, ont incriminé l’ex-policier Gopaul lors de leur interrogatoire. Ils avaient expliqué qu’ils étaient venus en éclaireurs sur le lieu de la livraison. «Monn vini avec mo fam pou al pran hashish avec Gary Gopaul», avait déclaré Leeroy Harold, alors que son épouse avait soutenu :«Gary Gopaul finn vinn get mwa ek Leeroy lakaz pou ki nou donn li sékirité ki nou pou vinn rod parsel hashishla.» Gary Gopaul a d’abord été entendu par les hommes de l’ADSU sur la livraison des deux kilos de hashish. Les policiers se sont aussi mis à la recherche de Tian Telcide, un autre habitant de Cité Ste-Claire, qui avait pris la fuite.

  • 2021 : Arrestation du policier Kevin Joumont

Le constable Garry Kevin Joumont, 40 ans, dont le nom avait été cité devant la commission d’enquête Lam Shang Leen sur la drogue, a été arrêté en mai 2021. Cela dans le sillage de la saisie-record de 269 kilos de drogue, soit 243 kilos d’héroïne et 26 kilos d’hashish à Pointeaux-Canonniers. Le constable Joumont, qui habite Albion, a été appréhendé par des éléments de l’ADSU. Il a été arrêté sous une accusation provisoire d’«aiding and abetting» pour le transport de cette drogue.

  • 2022 : deux policiers impliqués dans la saisie de 58 kilos de cannabis

L’ex-policier Kenny Couronne a été arrêté le 11 novembre 2022 suite aux allégations du constable Jonathan Rabot. Il est le premier suspect à avoir recouvré la liberté conditionnelle dans la saisie de 58 kg de gandia d’une valeur marchande d’environ Rs 90 millions, à Rivière-Noire, le 3 octobre 2022. Kenny Couronne a dû fournir deux cautions de Rs 100 000 et signer une reconnaissance de dette d’un million de roupies en cour de district de Rivière-Noire, le 23 décembre. De plus, il lui a été stipulé qu’il devrait être accessible à la police à n’importe quel moment et venir apposer sa signature tous les jours au poste de police de sa localité et respecter un couvre-feu. Le suspect était défendu par Me Rouben Mooroongapillay. Dans son ruling, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth s’est appuyée sur le jugement de Maloupe et a dit que «where the evidence of an accomplice is fraught with difficulties in as much as it appears to be unreliable or spiteful or that the accomplice has an interest of his own to serve, a magistrate considering bail may be justified in treating the prosecution’s case against an applicant as being weak».

Rappelons que dans le cadre de cette saisie, trois véhicules avaient été interceptés par des éléments de la Special Striking Team, le 3 octobre 2022. Cette opération d’envergure avait conduit à l’arrestation de sept individus : Enzo Louis, Gérald Carman, Bryan Ricco, Jean Meunier, Arman Allas, James l’Eveillé et le constable Jonathan Rabot, affecté au poste de police de Terre-Rouge. Ils sont des habitants du Nord, âgés entre 22 et 36 ans, et certains sont des skippers. Un trafic sur l’axe Maurice-Réunion est fortement soupçonné. L’un des suspects est déjà en liberté conditionnelle dans un trafic de cannabis entre Maurice et l’île sœur.

Kenny Couronne est le copropriétaire de la fourgonnette, qui a été interceptée à Rivière-Noire. Lors de son audition, le policier Jonathan Rabot, sous le coup d’une accusation provisoire de trafic de drogue, a expliqué que Kenny Couronne lui avait demandé de faire des courses pour des touristes. Il pense qu’il a été piégé et que Kenny Couronne pourrait être impliqué et être au courant de la présence de la drogue. Ce qu’a réfuté catégoriquement Kenny Couronne.