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L’express 60 ans│Judex Lefou: «Courir dans d’autres pays impliquait moins d’émotions que de courir chez soi»
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L’express 60 ans│Judex Lefou: «Courir dans d’autres pays impliquait moins d’émotions que de courir chez soi»
Les 8ᵉˢ Championnats d’Afrique d’athlétisme ont eu lieu du 25 au 28 juin 1992 au Stade Anjalay Coopen à Belle Vue Maurel, Maurice. La compétition réunit 336 athlètes issus de 24 pays et coïncide avec le retour de l’Afrique du Sud sur la scène internationale. Elle offre l’occasion à Judex Lefou de briller pour la première devant son public sur une scène africaine montée dans son pays.
L’Afrique du Sud était exclue du Comité international olympique (CIO) depuis 1970 en raison de son régime d’apartheid, condamné de manière unanime sur la scène internationale. Le 27 mars 1991, une délégation du CIO emmenée par Kéba Mbaye, vice-président de l’organisation, achève cinq jours de visite en Afrique du Sud. le Sénégalais, membre de la commission «apartheid et olympisme» créée en 1988 par le CIO, se montre enthousiaste lors de son retour à Lausanne (Suisse). Il s’apprête, avec les autres membres de la délégation, à mettre fin à 32 ans de disette olympique pour l’Afrique du Sud qui est réintégrée au sein du comité olympique le 9 juillet 1991.
L’Afrique du Sud était donc une pointure de taille lors des championnats d’Afrique de 1992, et Judex Lefou se devait de se méfier d’adversaires qui pouvaient le priver de la plus haute marche du podium. «Je me suis beaucoup préparé en amont des Championnats d’Afrique de 1992. Je m’entraînais aux États-Unis, en France et à Maurice. C’était une exposition avec les plus grands, dans des infrastructures qui permettaient aux athlètes de donner le meilleur d’eux-mêmes.»
Celui qui avait donné à l’athlétisme mauricien sa première médaille d’or sur la scène africaine aux Jeux d’Afrique de 1987, à Nairobi, se voyait offrir pour la première fois l’opportunité de briller à nouveau sur la scène africaine mais cette fois devant son public. L’enjeu était de taille. «C’était très important pour moi et j’étais pleinement conscient de l’ampleur de l’enjeu de 1992 : ma première course sur le plan africain, devant le public mauricien, à domicile. J’avais tout à prouver. Et j’ambitionnais déjà d’être le meilleur Africain de la spécialité.»
Et d’ajouter : «C’est donc avec un mélange d’intensité et de stress que j’appréhendais cette course. Et pour rajouter une dose d’adrénaline, l’Afrique du Sud alignait deux de ses athlètes pour la première fois à un championnat d’Afrique.»
Mais Judex Lefou avait déjà la stature des grands, et malgré le poids du stress et des émotions, il savait qu’il avait rendez-vous à nouveau avec l’Histoire. «Avant la course, pendant l’échauffement, j’étais calme. Mais tout au fond de moi, il y avait ce stress de vouloir bien faire, je ne voulais pas décevoir le public mauricien. Courir dans d’autres pays impliquait moins d’émotions que de courir chez soi. Je connaissais tous mes adversaires mais moins les deux Sud-Africains. Cela dit, j’étais confiant d’être prêt physiquement et mentalement.»
Le scénario de cette finale sera rempli de suspense. «Il y a eu un premier faux départ. Mais je restais concentré. J’étais tellement impressionné par le calme olympien qui régnait dans les gradins. Puis deuxième départ. Le public retenait son souffle… Et au coup de pistolet, il y a eu juste un ‘Allez Judex!’ mélangé à du ‘Allez Maurice !’ qui brisa ce silence.»
C’était suffisant pour le placer sur orbite. «Ce fut un boost-up d’adrénaline. J’étais parti comme une flèche. Je sentais la présence des Sud-Africains vers la neuvième et la dixième haie. Surtout Shoeman, qui était arrivé au même niveau que moi. Et c’est la photo finish qui nous départagerait.»
L’attente des résultats parut longue même si elle ne dura que quelques secondes. «Après quelques secondes de patience, la nouvelle est tombée : Maurice en or. C’était une explosion de joie dans les gradins et un énorme soupir de soulagement pour moi. Le sentiment du devoir accompli. J’étais aux anges, fier de moi et surtout pour mon public.»
Cinq ans après Nairobi, un an après Le Caire, Judex Lefou avait été exact au rendez-vous, roi de sa spécialité. «Pour remonter à 1987 à Nairobi, cela restera gravé dans les annales que Maurice remportait une médaille d’or sur le plan africain pour la toute première fois. J’étais très jeune et je ne réalisais pas encore l’importance de cette réalisation. Quatre ans après, en 1991, je réitérais l’exploit en Égypte, dont on parle moins d’ailleurs.»
Après ces deux Jeux africains, Judex Lefou estimait qu’il devait «absolument décrocher l’or aux Championnats d’Afrique de 92 sur le sol mauricien». «Je pense que 92 a été le plus marquant - à l’exception des JIOI de 85 - pour les Mauriciens car jusqu’à présent beaucoup de ceux que je rencontre me parlent de cette fameuse course de 92.»
Aujourd’hui, il reste les souvenirs et l’amour du sport. «Et si je peux profiter de cette plateforme qui m’est offerte pour passer un message aux jeunes d’aujourd’hui : pratiquez du sport ! Entre amis, en famille, en compétition ou juste pour garder la forme. Cette génération a beaucoup à donner au sport mauricien.»
Résultat enregistré au 110 m haies :
<p>LJudex Lefou MRU 13’’91<br />
Kobus Shoeman AdS 13’’92<br />
Winpie Nel Ads 13’’98</p>
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