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Manière de voir: de quoi se faire du sang de punaise?

23 juin 2023, 08:50

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Manière de voir: de quoi se faire du sang de punaise?

Spectacle surréaliste. En 2023, des punaises envahissent des collèges. Les collégiens désertent les classes pour manifester contre ces parasites à l’odeur fétide. Assoiffée de sang, la punaise suce le sang de l’être humain pour survivre. On la trouve généralement dans le lit. Dotée d’un bec, sa piqûre n’est ressentie que cinq minutes après. Des boursouflures apparaissent et les collégiens se mettent alors à se gratter, ce qui n’est pas conseillé à cause des démangeaisons. Elle pique les parties du corps non couvertes, comme le bras, le cou, la poitrine, les jambes, les mains... Ce sont de véritables petites morsures non mortelles, mais qui peuvent provoquer des réactions chez ceux souffrant d’allergie.

Les punaises prélèvent le sang tels des vampires. Si les écoles primaires sont épargnées, de nombreux collèges paniquent face à cette invasion. Cette épidémie frappe plusieurs collèges. Cette situation ne relève pas seulement des autorités actuelles, car elle existait déjà sous les précédents gouvernements. Pourquoi n’avoir pas désinfecté à l’avance ces collèges datant de plusieurs décennies avant d’y admettre des collégiens ?

Causes et solutions

Elles ne transmettent pas de maladie dangereuse, mais provoquent des démangeaisons, pouvant entraîner des infections. Il faut alors avoir recours à une solution antiseptique ou de la glace sur la zone piquée. Comment sont-elles parvenues dans ces collèges alors qu’on les détecte surtout autour des matelas ? Elles ne volent pourtant pas. Elles infestent des chambres aux murs mitoyens. Elles fuient la lumière et piquent la nuit venue.

Elles sont arrivées – transportées par les vêtements, les sacs, les pains et autres – par les collégiens eux-mêmes. Elles se répandent par le moyen de transport, l’autobus, qui est désinfecté tous les 45 jours. Dans la maison, elles se réfugient dans les cloisons, les plinthes, le bois en train de pourrir, et contaminent classe après classe, même le vieux plancher en bois. Elles recherchent la chaleur et les odeurs d’un individu, un abri au chaud, comme le tapis ou même le tableau. La désinsectisation existe, on la préconise, mais après, car on a mis la charrue avant les bœufs. Quand le directeur fait face à cette situation, c’est alors qu’il informe les ministères concernés et c’est par la suite que l’on va procéder à la mesure préventive qui intervient après l’invasion.

Il faut alors suivre tout un processus. Les collèges doivent être fermés avant toute fumigation. Il faut laisser agir pendant 48 heures avant que les élèves ne puissent rentrer. Il serait temps que ces collèges procèdent à un changement de mobilier en bois (bancs, pupitres, cloisons en bois...) si l’on ne veut pas retrouver le même problème. Les autorités devraient profiter des périodes de vacances pour procéder à une désinsectisation. Elles ont fait savoir que 70 écoles seront entièrement rénovées prochainement.

Tout commence donc depuis la maison. On peut retracer leur itinéraire : chambre, maison, moyen de transport en commun, et terminus dans la classe, car la punaise ne peut pas se déplacer par elle-même. Il suffit parfois d’un seul collégien transportant des punaises pour provoquer cette invasion. D’où la nécessité de mesures préventives à la maison, surtout dans les chambres, fissures, plinthes, fenêtres, meubles en bois. Il s’agit d’une hygiène de vie. Le poison ne suffit pas pour les éliminer. Il faut employer des solutions plus coûteuses. Certains comptent sur l’efficacité de quelques remèdes populaires, comme l’huile de citronnelle, le jus de citron et son odeur, le vinaigre... L’ail ne marche que contre les vrais vampires, suceurs également de sang humain.

Au second degré

Ce mot «punaise» va nous emmener loin. Il s’applique, par exemple, aux personnes méchantes et détestables. Ne dites pas que vous n’en connaissez pas autour de vous, des suceurs de sang. Comparables aux tiques qui, pour services rendus, tirent le maximum de profit de leurs maîtres et seigneurs. Comme les punaises, ils s’incrustent dans tous les coins, du ministère au palais, occupant le terrain, et leurs morsures sanguinaires opérant de nuit comme de jour. On peut souvent rencontrer ces punaises à taille humaine, dont le seul objectif est de vous saigner à blanc avant de disparaître, ni vu ni connu. L’exemple le plus répandu est celui du «casseur» (usurier) qui vous prête de l’argent à des taux élevés à rembourser dans des délais impossibles. C’est là que la punaise se fait vampire.

Un autre prototype est celui qui vous promet de vous faire obtenir les papiers nécessaires pour une émigration express garantie. Visa, passeport, carte d’identité, billets d’avion à prix cassés, propositions d’embauche dans le pays choisi, le tout moyennant une somme d’argent très conséquente. Ça monte s’il s’agit de toute une famille. La punaise vampire vous promet l’Eldorado dont vous rêviez, mais il faut d’abord passer à la caisse pour que le vendeur de rêves «arrose» ses contacts personnels, qui peuvent faire avancer votre dossier rapidement, comme une morsure (mort sûre ?). Nous connaissons la fin de l’aventure. Le parasite disparaît et vous réalisez, mais un peu tard, que vous vous retrouvez sur la paille, sans recours possible.

On peut s’étonner qu’en 2023, cette combine marche toujours. Arrêtez de vous faire mal, hélas ! Des citoyens naïfs. Vous lorgnez un petit terrain qui vous conviendrait pour bâtir une maison pour les vôtres, mais les temps sont durs. Les prix de vente s’envolent. Le rôdeur sait repérer ce genre de mouton à tondre et lui vend (du vent), peut-être même, le terrain choisi avec faux papiers de propriété et acte de vente. D’autres vous promettent que si vous leur confiez vos économies, vous n’aurez pas à le regretter. Les intérêts versés par les banques sont minimes. Dans le cas présent, par un jeu de manipulation et de complices financiers, ayant même parfois pignon sur rue, vos économies vont doubler en quelques mois. Les sommes promises vous appâtent. Tant pis. Il faut tenter sa chance. Qui ne tente rien n’a rien. Pendant quelques semaines, on entretient votre flamme, et puis, plus rien. Vous avez joué et vous avez tout perdu. Quelle naïveté !

Les partis politiques ont aussi dans leurs rangs des sangsues qui vivent aux dépens des leaders et autres meneurs. Comme pour les vaches, ils savent traire le lait au bon moment à leur profit, obtenir des faveurs, et si ça tourne mal, ils pourront toujours trouver refuge dans le parti adverse. N’oublions pas que la punaise a aussi d’autres fonctions, comme celle d’un petit clou à tête plate pour fixer des feuilles de papier. Vous ne voulez plus vous faire du sang de punaise, c’est-à-dire vous tourmenter, vous inquiéter, mais la punaise nous réserve encore des surprises, cette fois en anglais.

Des bogues

Pour traduire «bug» en français, cette dernière n’a pas trouvé mieux que «bogue», un mot rarement utilisé, et on entend plus souvent une voix vociférer «mon ordinateur a buggé». Ce qui veut dire qu’il y a un dysfonctionnement dans le logiciel de l’ordinateur et c’est la panne à cause d’une «punaise». C’est la preuve que l’on retrouve la punaise partout puisque nous sommes passés de harmful microorganism à une imperfection dans le programme de l’ordinateur.

Mais nous arrivons maintenant à la plus dangereuse signification de «to bug», un petit verbe en trois lettres qui se traduit par poser des tables d’écoute illégales téléphoniques. Des micros cachés rendus célèbres, notamment dans l’affaire Watergate. Elle éclate à Washington où le président américain d’alors doit démissionner pour avoir envoyé ses agents secrets poser des téléphones cachés au centre de décision du Parti démocrate, son adversaire, à des fins d’espionnage. Énorme scandale aux graves conséquences, tout cela à cause d’une simple punaise.

Ne soyons pas étonnés. De tout temps, cela a aussi existé à Maurice aux dépens des adversaires ou des leaders politiques. Les autorités démentiront ou alors décréteront qu’une telle pratique est indispensable pour préserver la sécurité du pays, qui doit donc passer par une... punaise. On ne nous dit pas tout.

Savez-vous comment on traduit en cas d’étonnement ou de déception la formule anglaise «Oh my God» ? Par le mot, ou plutôt l’interjection «Punaise !»

Donk zot roul partou…