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Décès de son mari et de son fils: Mehjabeen, petite dame au grand courage
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Décès de son mari et de son fils: Mehjabeen, petite dame au grand courage
- Elle livre à pied, à moto, en voiture…
Elle a de frêles épaules. Mais qu’est-ce qu’elles sont solides… Après le décès de son époux et de son fils – alors âgé de 12 ans – elle a sombré dans la dépression. Mais elle a dû se remettre en selle, pour son autre enfant. Ce qui suit, c’est l’histoire de la vie de Mehjabeen, qui essaie de se faire une place au soleil malgré le mauvais temps qui s’est abattu sur elle.
Elle est toute menue. La tête enveloppée dans son hidjab, son regard se voile de tristesse. Contradiction. Ses yeux reflètent en même temps une farouche détermination. De la résilience. Il en a fallu une bonne dose à Mehjabeen Roze pour surmonter les obstacles – des dos d’âne qui avaient des allures d’Everest – que la vie a placés sur sa route sinueuse.
Timide, pudique, elle ne souhaite pas montrer son beau visage. «Mette photo kot mo ena masque-là», nous dira la Portlousienne de 35 ans, à qui on donnerait sans problème 18. «Wi mo koné, mo paret koumma zanfan !» Derrière le rire effacé, discret, au détour d’une plaisanterie atténuée, se cache la tristesse d’un cœur meurtri. L’année dernière, elle a perdu son époux, qui est mort d’un arrêt cardiaque alors qu’il était en pleine forme. Il y a quelques années, elle perdait son fils de 12 ans, décédé subitement alors qu’il jouait au foot. «Li ti pou gagne 16 ans la…»
Malgré les affres d’un destin tragique, la détresse morale après la perte d’êtres si chers, Mehjabeen n’avait pas le choix. «Monn bizin fer face akoz mo lot garson 10 an…» La petite maman courage, veuve, décide de se battre, coûte que coûte. «Nou tonbé 7 fwa, 8 fwa nou rélévé proverb-la dir.» Jadis, Mehjabeen voulait être enseignante, elle a suivi des cours au Mauritius Institute of Education. Elle détient un diplôme en «early childhood education», a commencé à travailler dans une école pré-primaire. Elle est promue directrice de l’établissement après quelque temps. Mais quand elle accouche de son deuxième bébé, elle veut consacrer plus de temps à ses enfants, change d’orientation, se lance dans le business en ligne*. «Monn kré Roze Handbags collection. Monn livré sacs entier Maurice.»
Survient alors ce satané Covid ; les affaires prennent un sale coup. Les sacs peinent à remplir la bourse. Nouveau choc : l’année dernière, son mari meurt subitement. Après le décès de son fils aîné, c’est le coup de grâce. Elle est dévastée. «Lavi dir sans mo misié ek mo baba…» Avec son autre enfant, elle part vivre chez sa maman, veuve elle aussi… Les finances, l’avenir, le futur, la travaillent… «Monn ress pensé meme ki mo kapav fer…» Des offres d’emploi, Mehjabeen en a eu plusieurs. Mais elle préfère travailler à son propre compte, que son quotidien soit dicté selon ses règles. «Enn bo zour, enn kamarad call mwa dir mwa rann li enn servis, al asté enn répa pou so tifi ek kit sa lékol pou li akoz li travay, li pa pé gagne sorti…» L’idée lui vient tout de suite, comme une évidence. L’illumination. Elle lance Roze Delivery And Multi Services.
Solidarité féminine
Facebook et la solidarité féminine aidant, les affaires décollent plus vite qu’une fusée de Cap Canaveral. Mehjabeen propose la livraison des repas chauds où que vous soyez, d’emmener des personnes âgées à l’hôpital, d’aller acheter vos médicaments en pharmacie, tout ce que vous voulez. Elle circule à pied, à moto, en voiture… «Mo oussi fer bann ti kours pou bann Madam sirtou.» Elle souhaite d’ailleurs obtenir son permis de taxi et lance un appel aux autorités, «si kapav aidé s’il vous plaît». Les frais ? Les tarifs ? Cela dépend du service et cela varie de Rs 50 à monter.
Ce travail, la petite dame le fait seule, comme une grande. Les commandes affluent. Elle ne pensait pas que le business allait connaître un tel succès. Malgré la douleur qui serre son cœur, Mehjabeen a retrouvé un pâle sourire. Sa force, elle la puise de l’amour de son fils, de sa maman, de ses clients qui lui font confiance, du challenge qui l’attend.
Ne dit-on pas qu’après la pluie – voire les inondations – vient toujours le beau temps ? Mehjabeen entrevoit, en tout cas, les rayons d’un nouveau soleil.
*Merci de consulter ses pages Facebook : Roze Mehjabeen et Roze Delivery And Multi services.
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