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Permis à 17 ans: une idée qui peut faire son chemin jusqu’à nous ?
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Permis à 17 ans: une idée qui peut faire son chemin jusqu’à nous ?
À partir de janvier 2024, les Français de 17 ans pourront obtenir leur permis de conduire. Un changement qui va faire des heureux, certes, mais qui apporte aussi des interrogations. Nous avons sollicité nos experts locaux de la route sur le sujet. La question divise…
Cela fait déjà une semaine qu’Élisabeth Borne, Première ministre de la France, l’a annoncé. Les jeunes pourront passer leur permis de conduire, et cela dès leur 17e anniversaire. Une mesure qui fait sourire les adolescents, heureux de pouvoir être considérés comme des personnes responsables et qui pourront surtout se déplacer sans l’aide des adultes. À Maurice, cette idée n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais, comme les autorités locales aiment bien suivre le rythme des mesures étrangères, l’on doit s’y préparer.
Nous avons posé la question à Asraf Sohawon, président de la Driving Instructors Association. D’emblée, ce dernier parle de maturité. «Il y a certains jeunes qui ont déjà acquis une certaine maturité dès leurs 15 ans. Maintenant, leur donner un permis à 17 ans, c’est une grande responsabilité. Est-ce que ces jeunes pourront l’assumer ? C’est la question que l’on se pose.»
Pour Asraf Sohawon, cette possibilité peut certainement être envisageable. Mais il faudrait que ces jeunes puissent, dès 16 ans, avoir un contact avec les véhicules. «Ils devront avoir la conduite accompagnée comme cela existe en France. À Maurice, beaucoup de jeunes commencent leurs leçons en compagnie de leurs parents. Il faudra apporter une mesure obligatoire pour que ces jeunes puissent apprendre le code de la route, pour assurer leur sécurité, et ce, dès 16 ans.» Toutefois, la loi devrait alors être revue. «Il faudra avoir un permis à points assez sévère pour ces jeunes, d’autant plus que nous savons que plusieurs aiment la vitesse. Ils ont l’âge de s’amuser, de sortir en discothèque. Certains font même l’usage de drogue et d’alcool au volant.»
Autre question qui revient sur le tapis : l’utilisation des téléphones. Ces jeunes pourront-ils se passer de leur portable quand ils seront au volant ? «Nous voyons comment ils ne peuvent pas s’en passer tous les jours. Donc, la loi devra prendre tout cela en compte.» Il suggère même que ce permis obtenu à 17 ans soit une licence probatoire. «Si pendant un an, voire deux ans, ils ne font aucune erreur, alors ils obtiendront leur permis à vie.» En tout cas, Asraf Sohawon cautionnera cette mesure si elle entre en vigueur à Maurice, mais les lois devront suivre. «D’autant plus que les statistiques mondiales montrent que les jeunes de 18 à 25 ans sont ceux qui sont le plus souvent impliqués dans les accidents…»
Toutefois, pour son homologue Iqbal Aubdool, chargé de communication de la Defensive Driving School Association, cette décision devra être mûrement réfléchie avant d’être mise en pratique. Il va même plus loin en disant que ce n’est pas une bonne décision. «Dans les pays où les jeunes de 16 à 19 ans sont au volant, l’on découvre qu’ils sont les auteurs de plusieurs accidents fatals. Du coup, cela donne à réfléchir…» Pour lui, à cet âge, l’adolescent ressent moins la responsabilité qu’un jeune qui a atteint ses 18 ans. «Celui qui a 18 ans sait qu’il est majeur. Il se sent du coup plus responsable car il a sa carte d’identité. Par contre, celui de 17 ans est encore dans sa folie de la jeunesse. Et s’il embarque des amis dans sa voiture, certains l’encourageront à aller plus vite, pour montrer qu’il peut doubler les voitures sur les routes. Et du coup, les accidents se produiront plus vite.»
Autre point évoqué, le manque de condition physique. En effet, ayant la facilité de se déplacer en voiture, le jeune va de moins en moins marcher. «Le risque d’obésité risque d’augmenter. En allant prendre le bus, le jeune fait au moins un peu de mouvement. Mais ceci sera réduit avec l’utilisation de la voiture.» Iqbal Aubdool soutient qu’il faut aussi que les jeunes fassent au moins deux heures de théorie avant de s’engager sur les routes. Chose qui se voit de moins en moins ces jours-ci. «Il faudrait avoir un carnet d’apprentissage. Ainsi, les moniteurs feront les leçons aux jeunes. Aujourd’hui, à deux, voire trois semaines de l’examen sur route, les jeunes viennent solliciter l’aide d’une auto-école.» Une grande majorité fait son apprentissage auprès de la famille.
«Si le jeune obtient son permis à 17 ans, il ne faudra pas trouver étrange qu’à 18 ans, il soit au volant de camion ou de bus !»
Même l’ASP Ashok Mattar, responsable de la Trafic Branch de la police, voit mal les jeunes conduire dès 17 ans. «Je vous parle en mon nom personnel. Combien de temps un jeune de cet âge a-t-il eu pour parfaire son apprentissage sur les routes ? À 17 ans, beaucoup sont encore au collège.» Étant le plus souvent sur les routes, il est à même de juger le comportement des automobilistes. «Si le jeune obtient son permis à 17 ans, il ne faudra pas trouver étrange qu’à 18 ans, il soit au volant de camion ou de bus !» En effet, cette mesure suscite beaucoup de réactions. Et attendons quand il faudra rédiger le cadre légal…
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