Publicité
Décès d’une aide-soignante: la famille veut obtenir réparation
Par
Partager cet article
Décès d’une aide-soignante: la famille veut obtenir réparation
Les visages sont toujours marqués une semaine après le décès de l’une des leurs. Aide-ssoignants et infirmiers se sont réunis en l’espace de quelques minutes devant le Subramania Bharati Eye Hospital de Moka pour rendre hommage à cette jeune femme partie trop tôt. Trop de pressions, trop de travail, des problèmes de santé, personne ne saura exactement ce qui a eu raison de cette quadragénaire. Amarjeet Seetohul, président du Ministry of Health Employees Union (MHEU), espère que cette fois, sa voix sera entendue…
Il relate les faits survenus quelques semaines plus tôt. «Elle se sentait fatiguée… » Il soutient que la charge de travail a augmenté au fil des jours. «Il aurait fallu organiser une réunion afin de nous demander si nous avions suffisamment de personnel et d’équipements pour soutenir ce rythme de travail. Mais rien n’a été fait.» Amarjeet Seetohul avance que l’aide-soignante lui a parlé et lui a fait comprendre qu’elle n’arrivait plus à suivre le rythme de travail. «Je suis allé voir le management pour lui demander de renforcer l’effectif. Mais le responsable m’a fait comprendre que le personnel doit travailler de 9 à 16 heures, qu’importe le nombre de patients qui débarquent au quotidien. Pour lui, on dirait qu’il n’y a pas de problème…»
Aujourd’hui, le président de la MHEU demande qu’une enquête soit ouverte afin de faire la lumière sur le décès de leur collègue. «Où se trouve la loi dans le pays, surtout en ce qui concerne l’Occupation Health and Safety Act ? On a informé le Premier ministre, lui demandant de revoir cette loi, surtout pour le secteur public. Nous n’avons eu aucun retour… » Le burn-out, la violence au travail, des mesures correctives pour ces problèmes n’existent pas dans cette loi. Amarjeet Seetohul a même abordé le sujet du harcèlement. «On a l’impression que l’on ne prend pas ce sujet en considération au sein du ministère.»
Il est revenu sur les demandes faites pour des cours à l’intention des aides-soignants afin qu’ils puissent aider les infirmiers dans leur travail au quotidien. Mais cette requête a également été mise aux oubliettes. On se souvient qu’en avril dernier, lors d’une conférence de presse, la MHEU avait demandé que le «staff room» du personnel soit réaménagé car des pigeons y séjournent, les tables et chaises sont cassées. Et il n’y a aucune place pour se reposer. À ce jour, sa demande est restée lettre morte. Sans oublier le manque de personnel, qui se fait ressentir…
Du côté de la famille de la victime, on dit être au courant des pressions au travail subies par la jeune femme. «Depuis l’épisode du Covid-19, elle ressentait déjà le surplus de travail. Et elle en a parlé. Mais personne ne l’a écoutée. Elle a même demandé son transfert et il n’y a eu aucune réponse... Elle voulait être mutée à Quartier Militaire car elle devait s’occuper de sa grand-mère, qui est âgée et alitée. On l’a menacée, en lui disant qu’elle serait transférée à l’hôpital Dr. A. G Jeetoo quand elle a voulu élever la voix.» Elle s’est plainte du nombre élevé de patients fréquentant l’hôpital de Moka. «Nous avons perdu le pilier de notre famille.» En tout cas, des actions légales seront prochainement prises par la famille afin d’obtenir réparation pour l’injustice commise à l’égard de leur proche.
Mais qu’est-ce qui se passe réellement dans les coulisses de cet hôpital? Anya* fait de son mieux pour expliquer la situation. «On demande aux aides-soignants de remplir les mêmes fonctions que les infirmiers et de faire le même travail. Cependant, nous ne possédons pas les qualifications nécessaires pour cela. Si nous refusons, nous sommes persécutés», déclare-t-elle. Elle affirme avoir adressé des courriers à sa hiérarchie pour faire part de cette situation qui prévaut dans les différentes unités mais n’avoir jamais reçu de réponse. «Nous ignorons si la direction a pris nos requêtes en considération.» Elle ne rechigne pas à aider mais souhaite que cette assistance ne devienne pas permanente.
Le manque de personnel est le problème le plus persistant, insiste-t-elle. «Certains de nos collègues ont été transférés vers des dispensaires, qui tombent de la responsabilité de l’hôpital de Flacq. Il est bon que chaque région dispose d’une clinique médicale mais a-t-on pensé au personnel qui doit y travailler ?» Elle souligne que plusieurs de ses collègues sont au bout du rouleau
Publicité
Les plus récents