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Océane Nawoor: «Moi, je suis née pour briller, donc je brille...»
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Océane Nawoor: «Moi, je suis née pour briller, donc je brille...»
Une figure emblématique de la mouvance LGBTQIA+ à Maurice revient sans détour sur son parcours, mais donne aussi des conseils à ceux qui se sentent «différents» –bien qu’elle n’aime pas le mot ‘différent’. L’importance est que chacun soit encadré et soutenu par ses proches, sa famille, ses amis...
La «Pride Month» est terminée. Quel est votre constat des activités pendant ce mois ?
Cette année, c’est vrai qu’il y a eu un petit retard et qu’il n’y a pas eu de marche, pas encore du moins... Mais, il y a une soirée boîte de nuit et je travaille sur une autre soirée qui sera exceptionnelle, le 5 août prochain (voir encadré).
Vous êtes l’une des pionnières de la mouvance LGBTQIA+ à Maurice. Racontez-nous votre parcours.
Cela n’a pas été facile. Je ne vais pas dire aussi que cela a été difficile. Mais au final, je me suis retrouvée, moi. C’est cela le plus important. Vous dites vous-même pionnière, c’est principalement grâce au soutien sans faille de mes parents, mes sœurs mais aussi ma grand-mère. Vous vous imaginez 30 ans avant, les gens ne savaient pas trop ce que c’était d’être gay ou lesbienne ou autre. Mais, ils m’ont comprise, m’ont acceptée et m’ont épaulée dans ce cheminement. Ce qui m’a marquée, par exemple, c’est qu’à l’école primaire, j’avais horreur d’aller dans les vestiaires de garçons ; donc, tous les jours, j’attendais que la récréation se termine pour aller aux toilettes des filles. Tous les jours. La maîtresse d’école a fini par se dire qu’il y avait un problème et a appelé mes parents. Et c’est là que pour la première fois, j’ai vu que ma maman allait me soutenir, peu importe la voie que j’allais choisir.
Nous ne sommes pas différents. Ne dites pas différents. Nous sommes peut-être un garçon dans le corps d’une fille ou vice versa. Nous n’avons jamais choisi d’être comme ça. Ce sont les hormones (riress). Sé pa enn maladi mantal ou enn andicap sa ! Puis arrivé au secondaire, je ne pouvais pas accepter d’aller dans une école de garçons. J’ai rapidement arrêté l’école et j’ai suivi des cours privés.
Et à l’adolescence ?
J’ai obtenu mon premier travail à 17 ans aux casinos Pallagames comme serveuse. Je dois dire que je n’ai jamais été mal vue pour mon homosexualité. J’ai décidé de me montrer telle que je suis lors d’une soirée en tant que chanteuse. Une soirée nommée «soirée bizarre». Avec ma jolie robe, mes chaussures et bien sûr l’accord de mes parents. Cela a été magique. Comme une fille qui va à son premier bal. C’est ce que j’ai ressenti.
Du moment où vous êtes devenue un personnage public à aujourd’hui, quel est votre constat de la situation ?
Les critiques, je les aurai jusqu’à la fin de mes jours. Mais je dois dire que sans cela, je n’avancerai pas. C’est dans la nature de l’être humain. Je pardonne et je continue mon chemin. Je l’ai dit et je le dirai toujours, il ne faut pas ignorer les gens parce qu’ils sont «différents» des autres. Nou pa koné ki kapav ena devan ek si dimé sé enn zot pros, lerla ?
Les critiques, je les aurai jusqu’à la fin de mes jours. Mais je dois dire que sans cela, je n’avancerai pas. C’est dans la nature de l’être humain. Je pardonne et je continue mon chemin.
Est-ce qu’il y a une évolution des mentalités ?
Oui, il y a de l’acceptation dans les yeux de nombreux Mauriciens. Ils comprennent que nous sommes aussi des humains avec des sentiments comme tous. Vous savez, je suis généreuse de nature. Je refilerai toujours un coup de main aux personnes qui en ont besoin. Je donne des conseils à mes proches, à mes amis. En quoi suis-je différente des autres ?
N’empêche, même aujourd’hui, on voit pas mal de menaces et moqueries envers la communauté LGBT. Pouvons-nous imaginer une île Maurice sans cela ?
Les menaces et les moqueries existent partout dans le monde. Sur la Toile, sur les réseaux sociaux. Je ne pense pas que cela s’arrêtera un jour. C’est la vie... De plus, ma maman m’a toujours enseigné le respect et le sens de l’humour. Je suis, moi, préparée aux moqueries.
On parle souvent de discrimination au sein même de la communauté. Avez-vous vécu cela ? Comment cela se traduit-il ?
Moi non, mais d’autres peut-être. Moi, je dis qu’il faut faire passer un message. Celui de croire en nous quoi qu’il arrive. Prenons l’exemple de la pandémie de Covid-19. Eski li finn get dimounn pou kontaminé ? Non. Nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu et je suis croyante.
Que pensez-vous de l’engagement de la jeune génération de la communauté ?
Nous sommes à mi-chemin. La nouvelle génération est moins dans le jugement. Ils essaient de briser les tabous. Ils comprennent que la sexualité de tout un chacun diffère et que c’est ainsi partout dans le monde. Et c’est bien.
Vous avez justement un message pour les jeunes qui veulent faire leur «coming out» ?
Oui. Sans l’appui des parents, c’est impossible de se libérer. Il faut accepter que nous soyons «différents» et chercher l’encadrement nécessaire pour son parcours. Puis, si vous ne pouvez pas compter sur les proches, il y a toujours la communauté qui pourrait vous épauler, vous conseiller, vous guider. Les médias ont aussi un rôle important, notamment de comprendre les jeunes et leur «souffrance». Soyez à l’écoute. Mais moi je dis qu’il faut s’exprimer aux parents. Ils sont ceux qui ne nous blesseront jamais. Moi, j’ai toujours été guidée par les miens. Même aujourd’hui, les dimanches, c’est journée famille. Je passe la journée avec eux et cela me fait beaucoup de bien. Je veux leur dire ceci : Tu es né pour briller. La lumière de Dieu brillera sur ta vie et tous le verront. Alors arrête de stresser. Moi, je suis née pour briller, alors je brille...
Vous avez votre boulot, votre famille et votre vie privée alors ?
Je suis esthéticienne, nail artist et conseillère en cosmétique. Je suis également dans l’évènementiel où j’organise plusieurs soirées à thème dans l’année et je suis danseuse également dans des mariages. Je vais à la gym et je passe du temps avec mes sœurs et mes parents. Je vais le dire, je crois en l’amour, l’amour c’est magique. Je l’ai connu mais aujourd’hui, je suis plus centrée sur moi. Je m’aime moi en premier lieu.
Il existe aujourd’hui plusieurs ONG (CAEC, YQA, Visa G, OUT…). Que pensez-vous de leur travail ?
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Par exemple, il n’y a toujours pas assez de personnes qui veulent s’investir, s’impliquer...
Le thème cowboy pour le 5 août...
<p>Océane Nawoor privilégie la famille pour la soirée qu’elle concocte à Shotz, Flic-en-Flac, le 5 août, sur le thème <em>«cowboy night show».</em> Pour l’évènement, 250 personnes sont attendues. <em>«Nous travaillons déjà sur les chorégraphies avec les autres danseuses. Ce sera quelque chose de très joli vraiment. Ma motivation pour ces soirées est que le public oublie leur stress, leurs problèmes...» </em>Les billets, rappelle la pétillante danseuse, sont en vente à Rs 600.</p>
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