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Sébastien Poupard, «Deputy starter» au Singapour Turf Club: «Revenir à Maurice ? Non ! Pas maintenant !»

5 juillet 2023, 14:03

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Sébastien Poupard, «Deputy starter» au Singapour Turf Club: «Revenir à Maurice ? Non ! Pas maintenant !»

Son visage vous dit probablement quelque chose. Le panama vissé sur la tête le jour des courses, au temps du Mauritius Turf Club (MTC), Sébastien Poupard a fait le saut au Singapour Turf Club, en juillet pour y être le «Deputy starter». En vacances dans son île natale, il nous parle, entre autres, de son expérience inouïe à Singapour et de la fermeture, d’ici octobre 2024, du club.

Un petit rappel des faits s’impose, Sébastien Poupard. Quand avez-vous quitté l’île pour prendre de l’emploi à Singapour ? Et en quoi consiste exactement votre travail là-bas ?
J’ai quitté Maurice fin juin 2022. J’ai commencé à travailler au Singapour Turf Club le 1er juillet 2022. Je suis Deputy starter. Je fais aussi partie de l’équipe des stipendiary stewards. Et pour finir, je suis responsable de l’entraînement trois fois la semaine. J’étais starter et maréchal-ferrant au MTC auparavant. À noter que starter est un full-time job là-bas. Cela, vu qu’on a des trials trois fois la semaine. Il y a 12 courses à chaque rendez-vous hippique. On commence à midi pour finir à 18 heures. Il faut, avant cela, préparer la journée de courses et être là à 8 h 30. Donc, pas trop le temps pour continuer avec le métier de maréchal-ferrant.

Pouvez-vous nous décrire avec détails votre emploi du temps pendant la semaine à Singapour ?
Je pars de chez moi à 4 heures pour être sur mon lieu de travail là-bas à 4 h 30. On a sept pistes d’entraînement. Je suis dans une tour haute où j’ai un visuel sur six pistes. On a deux piscines et un hôpital de chevaux à gérer. Tout cela, pour 700 chevaux ! À 5 heures, chaque matin de training, on effectue la tournée des pistes avec le Track Manager. On vérifie que tout va bien. On retourne à l’hôpital pour vérifier si le Duty vet est présent. Les paramédicaux arrivent vers 5 h 45. Trois ambulances y seront stationnées. L’entraînement, c’est de six à dix heures. Les chevaux sont tatoués. Il n’y a pas de tapis de selle comme ici. On nous donne le nombre de chevaux sur chaque piste toutes les demi-heures. C’est un constant monitoring ! Chaque incident est inscrit dans un log book. Puis, on a des official trials. Des trials en condition de course. C’est le mardi et le jeudi. De 9 h 30 à 11 h 30. Le mercredi, le club met en place des pre official race trials. Ce sont des nouveaux qui viennent chercher leur barrier certificate.

Sébastien Poupard en compagnie du jockey Manuel Nunes.

Et s’il fallait décrire en quelques mots cette expérience en terre étrangère…
(Grand sourire). Les infrastructures sont de classe mondiale. Ça change totalement des courses mauriciennes. Rien que les jours de courses, la pression est difficile. On a des champs de 12 chevaux. Des fois 14 ! Les groupes 1 et 2, c’est 16 chevaux. Effectivement les stakes money entrent en jeu. Des courses de 1 million de dollars sont monnaie courante. La responsabilité est conséquente ! Puis, ma famille s’épanouit bien. Mon épouse (NdlR, Stéphanie Bax-Poupard) a pris la gérance du Bukit Timah Saddle Club, le plus gros centre d’équitation du pays.

La fermeture du club a dû être un choc pour vous qui avez tout abandonné à Maurice pour vivre le point culminant de votre carrière. Une aventure qui n’aura finalement duré que deux années…
L’annonce de la fermeture du Singapour Turf Club, en 2024, a eu l’effet d’une bombe. Personne n’y était préparé. Il n’y a pas eu de consultation. L’incompréhension totale ! Puis, ça a tourné un peu à la colère. Il ne reste que 16 mois de courses. On est abasourdi. Ils ont eu une année 2022-2023 extraordinaire. Avec des millions de profits. Les stakeholders ne comprennent pas pourquoi le gouvernement singapourien a décidé de reprendre le champ de courses. 125 hectares vont être consacrés à des projets de logement.

Pouvez-vous comprendre que l’État singapourien, étant un petit pays, a besoin de place pour sa politique de logement ?
Je peux comprendre. Mais ça me choque qu’il n’y ait pas eu de négociations. Aucun moratoire ! 40 chevaux viennent d’être achetés. Que va-t-on en faire ? La communication a été absente.

Singapour est connu pour avoir une politique très sévère contre la maltraitance animale. Que va-t-on faire de ces 700 chevaux ?
Il va falloir trouver de la place pour caser 700 chevaux. Il n’y a pas d’euthanasie ou de retraite. Il n’y a pas de place. Les chevaux qui partent à la retraite doivent déjà aller aux Philippines, en Thaïlande ou en Malaisie. Je ne sais pas s’ils ont mesuré l’implication d’une telle décision. Par contre, je sais que 200 chevaux sont suffisamment bons pour courir en Australie ou en Nouvelle-Zélande. La Malaisie devrait prendre 300 chevaux. Peut-être Macao pourrait prendre les 200 chevaux restants.

Quelle est la suite pour vous ? Songez-vous à revenir à Maurice après l’expiration de votre contrat, ainsi que la fermeture du club en 2024 ?
Mon contrat arrive à échéance en juin 2024. J’aurais sûrement une extension jusqu’à octobre quand ce sera la fin des activités du club. Le Singapour Turf Club prévoit de donner à ses employés de nouveaux skills. Histoire de se recycler ailleurs. Les 350 employés du club, dont moi, sont concernés. Je vais voir ce qu’ils vont me proposer. Au cas contraire, je vais continuer mon chemin. Peut-être postuler à Hong Kong, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Revenir à Maurice ? Non ! Pas maintenant. Si je n’ai pas le choix, faudra bien. Mais… après Singapour, ce sera difficile de revenir.

Le MTC était toujours vivant lorsque vous avez quitté l’île. Le club n’est certes pas mort, mais ça doit faire mal de voir cet état de choses ?
Je suis triste. J’ai bossé ici pendant 29 ans. Ce n’est plus comme avant…